La technique, cet « anti-fatigue »

Article écrit par Cyril Schmit

Il est commun aujourd’hui d’attribuer le résultat d’une performance en endurance de type contre-la-montre (réalisée hors contexte de compétition) à 3 facteurs principaux dont l’un renvoie à l’économie de mouvement. Cette économie, c’est concrètement la quantité d’énergie dépensée par le sportif pour avancer à une certaine allure. Alors que c’est aujourd’hui la musculation qui est mise sur le devant de la scène pour améliorer cette composante de la performance grâce au renforcement de la raideur des fibres musculaires, le travail de coordination devient lui, indirectement, le parent pauvre d’un plan d’entraînement à la durée limitée. Cela étant, n’oublions pas que « sans maitrise, la puissance n’est rien ».

De préciser que soulever un sac posé au sol en ayant le dos courbé risque de générer des douleurs lombaires/intervertébrales, la chose paraît évidente. En sport, de même, il est naïf pour un initié d’espérer maîtriser la trajectoire d’un ballon en shootant dedans du bout du pied tout, de smasher un coup droit régulier en gardant le bras rigide, ou encore de grimper une voie en 7a en tirant seulement sur les bras. 

 

Dans chacun de ces cas, la technique employée conditionne la réussite sur la tâche car elle régule le développement de la fatigue et, par conséquent, possède le pouvoir de dégrader ou de préserver le niveau de performance. C’est pourquoi plus une épreuve dure, plus la technique compte.

C’est pourquoi on conseille généralement de se concentrer sur le geste lorsque la fatigue apparaît, un travail technique est à réaliser au moins 1x fois par semaine. 

 

Faire preuve d’une « bonne » technique (au sens culturel de l’activité) renvoie à un usage mécaniquement optimisé de l’organisation spatio-temporelle des degrés de liberté des segments de l’organisme. Dit plus simplement, la technique efficace est celle où la coordination de nos mouvements est si bien millimétrée dans le temps (référence au timing) et dans l’espace (référence à la position) qu’une impression de fluidité s’en dégage. « Il est facile ! », disent les spectateurs. Parmi toutes les possibilités de mouvements, le sportif tutoie alors celle qui lui garantit à la fois efficacité et durabilité dans la tâche (l’efficience se caractérisant ainsi dans l’amélioration du ratio Énergie utilisée / But à atteindre, autrement dit « l’efficacité à moindre coût »). 

 

Lorsque l’on parle d’expertise technique, il est d’usage de considérer un individu comme « expert » après la réalisation de 10 000 heures de pratiques (soit environ 10 ans de pratique à raison de 3h par jour). Il en est aussi ainsi dans le secteur professionnel, au sein duquel on sait par exemple que les fabricants de cigarillos (s’il est de bon ton de le mentionner ici) continuent de perfectionner leur geste et de gagner en vitesse de réalisation malgré 7 années d’expérience.

 

En running, la contrainte est bien différente (sur le plan énergétique, notamment) et pourtant la logique est proche. En effet, l’effort d’endurance requiert l’usage de la force des jambes et cependant, une idée reçue consiste encore à penser qu’il suffit de savoir marcher pour savoir courir ; et donc que si la fatigue apparaît, elle ne peut être imputable à la façon de se mouvoir – donc à la technique. Tout comme il suffit à notre grimpeur de pousser sur ses jambes pour économiser ses bras et au tennisman d’engager son épaule pour créer un moment de force en bout de raquette, le coureur, en changeant simplement l’inclinaison de son pied à l’amortissement de sa foulée, peut prendre conscience de l’intérêt de sa technique en course à pied. 

 

De façon analytique, on peut considérer la technique d’un coureur comme l’agencement de ses jambes dans le temps et l’espace. Prise de façon isolée, une jambe sera alors analysée dans sa biomécanique : on se rapproche ici des sujets relatifs à la pose (pronateur…) et l’attaque du pied (talon…), les angles jambe-cuisse et cuisse-tronc. En sus, prises l’une par rapport à l’autre, les jambes seront étudiées dans leur synchronisation pour alors traiter les problématiques de cadence et d’amplitude de foulée, ce qui renverra à d’autres aspects comme la souplesse ou la mobilité.

 

De façon malheureuse, il ne semble y avoir que 2 situations qui poussent un sportif à modifier son engagement pour la technique, chacune renvoyant à une chronologie spécifique. De façon aigüe / court-terme, le sportif évoluera vers une nouvelle motricité à la suite d’une douleur (ou d’une blessure, selon la gravité). À plus long-terme, c’est le fait de prendre conscience de son manque d’efficience via des indicateurs de fatigue (crampes, perte de vitesse) que le sportif déclenchera son intérêt pour le travail technique. Or, quelle que soit la condition, la prévention vaut toujours mieux que la guérison.

 

D’ailleurs, il suffit de quelques semaines seulement pour remarquer l’enjeu derrière le travail technique. Et en premier lieu l’enjeu de moindre effort. Ses soubassements sont énergétiques (moindre dépense), musculaires (meilleure « effet ressort »), articulaires (plus de mobilité, d’amplitude), moteur (meilleur contrôle du geste), etc. pourtant, tous alimentent la même chose : l’impression d’une plus grande facilité à l’effort.

 

Qui alors parmi les lecteurs s’astreint régulièrement à une (partie de) séance de gammes (foulée bondissante, fente, déroulé de jambe, jambes tendues…) ? Comme énoncé, il est intuitif de considérer que, si l’on sait marcher, on sait courir, et donc qu’on aura mieux fait de prioriser le travail aérobie à celui des gammes. Si cela est cohérent en plus d’être intuitif, il faut néanmoins rappeler qu’à mesure que l’objectif visé est long (semi, marathon) ou que l’ambition est haute, le travail technique prend une dimension supérieure et doit occuper une place (mineure mais réelle) dans la programmation.

 

Une raison simple à ce type de travail consiste à indiquer qu’une marge de progression importante attend ceux peu habitués à s’adonner à une tâche spécifique. Voyez ce qu’il en est dès que vous découvrez une tâche, comme jongler par exemple, même lorsque l’on sait déjà efficacement se servir de ses mains. Une raison plus scientifique considérerait que la synchronisation des unités motrices de nos muscles détermine la qualité de la contraction, donc la force produite ; un peu comme une troupe de musiciens orchestrant leur symphonie, l’union des fibres fait la force.

 

Les bases étant maintenant posées, il convient de passer au « comment » et pour cela, place aux articles du coach Jean-Claude Vollmer : 

2 réactions à cet article

  1. bonjour, ça donne envie de s’y mettre, mais comment gérer les 7 séances ? des cycles de 7 semaines avec une même séance durant toute une semaine ? des cycles de 7 séances avec 3, 4 séances différentes sur une semaine ? autre chose ?

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  2. Salut les gars, est-il possible de supprimer ce document de nos serveurs : https://www.lepape-info.com/wp-content/uploads/2015/07/7-KM-ESPELETTES-2015.pdf

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