Cuisses qui durcissent pendant l’effort : que faire ?

Deux causes possibles

Un internaute prépare l'UTMB et s’inquiète d'avoir les cuisses qui durcissent rapidement lors de ses entraînements. Les conseils de notre médecin du sport, Yannick Guillodo.

La question : Je suis inscrit à l’UTMB 2012 après avoir fait la CCC 2010 dans de très difficiles conditions climatiques, je suis  finisher  d’autres trails  et je veux franchir le pas et faire et réussir l’UTMB. Depuis quelques mois déjà lors d’entrainements, j’ai les cuisses qui durcissent très vite même lorsque je sors de jours de récup.  Que faire pour faire disparaitre cette gêne qui me ralentit dans les bosses ? Muscler les cuisses ? Utilisées un Compex  pour me masser ?

La réponse de Yannick Guillodo, médecin du sport

Il est clair que votre problème peut être, intellectuellement parlant, vu  sous  deux angles :

  • Vous avez une insuffisance musculaire au niveau des cuisses qui s’expriment par ces myalgies d’efforts. En fait, ce sont les douleurs classiques que tous les sportifs ressentent lorsqu’ils demandent  « plus au muscle » que ce qu’il  peut fournir. Il s’agit  d’une inadaptation entre la demande physiologique et la possibilité musculaire c’est-à-dire, pour prendre un exemple,   entre «  l’arrivée d’essence et le moteur ». Ici, c’est le moteur qui n’est pas à la hauteur. Dans ce cas, il faut effectivement améliorer  « ce moteur » donc l’activité musculaire. Comme vous le dites, il faut alors privilégier la musculation (squat,  presse, compex, …), le travail spécifique à l’entraînement (les côtes, les  escaliers, …) et de la plyométrie.
  • Vous avez une  insuffisance physiologique c’est-à-dire qu’il n’y a pas assez « d’essence qui arrive au moteur » (le « moteur » principal au niveau de la course à pied étant bien évidemment les muscles des membres inférieurs). Dans ce cas, il ne faut pas faire de musculation ou tout travail qui pourrait développer votre masse musculaire.  Car ce « moteur » est déjà trop puissant par rapport à « l’arrivée d’essence ». Il faut donc privilégier le travail physiologique général (amélioration des capacités aérobies et anaérobies) et surtout adapter votre entraînement (bien se connaître et se situer entre le sous entraînement et le surentraînement).

Comment est-il possible de faire la part des choses entre ces deux hypothèses ?  La réponse est très délicate car, comme souvent, la vérité se situe entre les deux.

Malgré tout je vous conseille de faire un dosage biologique (une prise de sang)  pour s’orienter vers l’une ou l’autre de ces hypothèses :

  • Apprécier l’activité musculaire en dosant les CPK (Créatine PhosphoKinase) et l’Aldolase (prise de sang,  le lendemain d’une grosse activité entraînant des douleurs de cuisse). Si ces dosages sont anormaux,  c’est que vous « cassez » vraiment du muscle à l’effort ; « le moteur a un problème »…et il faut poursuivre les recherches.  Si ces dosages sont normaux, il faut apprécier l’état physiologique général  (voir ci-dessous).
  • Apprécier votre état général en recherchant une anémie, un manque de fer, … Tout ce qui ferait  que « la quantité  d’essence » est insuffisante ;  sans oublier un trouble circulatoire (ralentissement à « l’arrivée d’essence »).

Ceci est une réponse à une question posée à notre médecin du sport, Yannick Guillodo : vous aussi posez votre question à notre médecin

5 réactions à cet article

  1. Génial, tout est bien expliqué. Pour ma part c’est de l’anémie. Il m’arrive de faire l’impasse sur une alimentation équilibrée et boom.

    Répondre
  2. Merci pour ces infos. J’ai commencé le jogging il y a environ 3 mois, je pense avoir de bonnes chaussures de running, j’ai commencé très progressivement mais j’ai aussi les cuisses qui se raidissent dès que je commence à courir et pas seulement après l’effort. Je me masse les jambes, fais des étirements doux mais rien a faire, c’est vraiment handicapant et très douloureux, presque comme une déchirure musculaire qui ne guérirait jamais. J’ai une mauvaise circulation sanguine mais plus les jambes lourdes après le jogging depuis que je porte des manchons de compression. C’est vraiment décourageant et pourtant je suis très motivée à courir pour ma santé mais parfois, je suis obligée de m’arrêter après seulement environ 20 mètres tellement la couleur est vive. J’ai l’impression que j’ai besoin de beaucoup plus de temps que la moyenne des débutants pour que ma musculature s’habitue à cette activité physique…

    Répondre
    • Bonjour,
      La pratique de la course à pied est traumatisante pour tout le monde mais surtout pour les débutants. Certains spécialistes considèrent qu’il faut trois ans de pratique pour dépasser le statut de « débutant »…
      Et comme vous l’écrivez très bien, il est possible que vous avez besoin de temps pour vous adapter à la pratique de la course à pied.
      Voici quelques conseils pratiques et pragmatiques :
      – respectez la règles des trois R : activité physique régulière, raisonnable, raisonnée,
      – alternez marche et course sur des distances courtes et n’envisagez pas de faire plus de 20 à 30 minutes à chaque sortie,
      – soyez régulière, mieux vaut envisager de commencer par trois sorties de 20 minutes par semaine que faire une heure le week-end,
      – courir c’est naturel, mais bien courir s’apprend : essayez de vous inscrire à des séances régulière de marche nordique, cette activité est parfaitement adaptée aux débutants, permet d’éviter en grande partie les impacts au sol et les ondes de choc qui en résultent, fait très bien comprendre la bonne posture pour courir, etc.
      Si les douleurs que vous décrivez persistent après deux mois d’activités régulières, je vous conseille de consulter un médecin du sport.
      Après examen clinique de vos membres inférieurs (articulations, muscles, artères et veines), et s’il le pense nécessaire, il vous orientera peut-être vers des explorations vasculaires.
      Continuez surtout à garder la motivation pour bouger, marcher et courir. Après quelques mois difficiles, l’exercice physique va devenir un plaisir et vous pourrez augmenter régulièrement la durée de vos sorties.
      Cordialement
      Dr J.Pruvost

      Répondre
  3. Les explications du docteur m’ont été utiles.
    Moi aussi j’ai les cuisses qui durcissent à un effort prolongé. La prise de sang montre que le taux d’ardoise est normal, mais celui du Cpk est au dessus de la norme , autour de 200.
    Quel conseil puis je solliciter à part la musculation et le repos ?

    Répondre
  4. Il faut entendre taux d’aldolase et non ardoise (bug)

    Répondre

Réagissez