Quel est le rapport entre le VO2max et la VMA ?

C’est une question récurrente chez les coureurs de tous bords qui mérite quelques explications.
Cela permettra aux néophytes de comprendre les données proposées par les montres et de les mettre en perspective.

À partir d’un test de votre Vitesse Maximale Aérobie (VMA) ou simplement à partir de vos données d’entraînement, les montres référentes du marché de l’outdoor vous proposent de nombreuses données dont le fameux VO2max.

Pour rappel, il s’agit de la consommation maximale d’oxygène qui témoigne de l’aptitude de l’organisme à prélever l’oxygène dans l’air ambiant, à le distribuer au niveau cardio-vasculaire et à l’utiliser au niveau musculaire pour dégrader les substrats énergétiques et fournir l’énergie du mouvement.

Le VO2max témoigne donc de la puissance aérobie de l’athlète, en d’autres termes de la cylindrée de son moteur. Cet indice, dont la précision exacte ne peut être mesurée qu’en laboratoire, ou en nature mais toujours avec un analyseur d’échanges gazeux, est une valeur objective (le plus souvent) et comparative.

C’est l’un des paramètres fondamentaux de la performance aérobie avec le coût énergétique et l’indice d’endurance.

2 questions se posent alors :

  • Quel est l’intérêt de passer un test de VO2max si une relation établit un lien précis avec la VMA ?
  • Quel est le lien entre une consommation d’oxygène (en mL d’O2 par minute et par kg) et une vitesse (en km/h) ?

En effet, les montres utilisent souvent la relation statistique que l’on peut trouver dans la littérature : VO2max = 3.5 x VMA.

Bien entendu, il faut négliger ici les unités, ce qui mathématiquement est peu recevable, mais nous verrons par la suite comment se fait la conversion. Par exemple, une VMA de 15 km/h donnerait un VO2max de 52.5, et une VMA de 20 km/h un VO2max de 70.

Attention, il est inutile de vouloir estimer sa VMA à partir du VO2 max puisque la VMA peut s’établir assez facilement sur le terrain, idéalement à partir d’un test incrémental, et au pire à partir d’un ½ Cooper (=6 min) ou d’un test sur 5 min.

Cela étant, cette relation a évolué pour se rapprocher plus sûrement de VO2 max = 3.75 x VMA. Sur une récente étude avec 22 sujets, nous trouvons un rapport de 3.73 +/- 0.32, et sur une étude publiée récemment dans Sport Performance & Science reports* sur 15 sujets, un rapport de 3.66 +/- 0.34. Selon le ratio, on comprend aisément que l’estimation de V02 max peut changer significativement.

De plus, au-delà de la moyenne constatée, nous observons des variations interindividuelles très importantes. Dans l’étude citée, ce rapport varie de 3.03 à 4.46, ce qui est énorme. Pour une VMA de 20 km/h, le VO2max pourrait passer de 60.6 à 89.2 !!

Le rendement au cœur du jeu

Si on observe de telles variations, et cela répondra également à la 2ème question, c’est que la vitesse est le rapport entre une consommation d’oxygène et une économie de course (à une vitesse donnée, dans la filière aérobie exclusivement).

On peut résumer cela avec la formule suivante :

Vitesse = VO2 / Cr

Pour rappel, ce calcul n’est valable qu’en situation aérobie, idéalement à 60-70% d’intensité, et si possible en deçà des 80%, pour empêcher toute participation du métabolisme aérobie au calcul du coût énergétique (Cr = Cost of running).

À présent les choses sont plus claires. En examinant la formule, on comprend que plus le Cr est faible et plus la vitesse sera grande ; et à contrario, plus le Cr est grand, plus la vitesse sera réduite.

Ainsi, les coureurs les plus économes sont ceux qui iront le plus vite pour une même intensité d’effort. Et au vu des résultats précités, les différences peuvent être énormes.

Pour autant, nous n’avons toujours pas répondu à la deuxième question, c’est-à-dire le lien entre une consommation d’oxygène et une vitesse. Le VO2 se donne en mL d’O2 par minute et par kg, et le Cr en mL d’O2 par kg et par unité de distance (le mètre ou le kilomètre selon les études).

Quand on divise le VO2 par le Cr, il reste une distance par minute, ce qui correspond bien à une vitesse qu’il est aisé de convertir en km/h.

En conclusion de tout cela, il faut considérer les données extrapolées par votre montre avec beaucoup de recul, avec une valeur statistique mais non scientifique.

Et pour explorer votre métabolisme aérobie, rien ne remplace un test complet avec VO2max et économie de course.

Toutefois, la vitesse de terrain et vos performances réelles restent les meilleurs indicateurs possibles de votre capacité de performance.

À consulter en complément :

https://sportperfsci.com/calculating-level-and-uphill-energy-costs-of-running-seems-essential-to-assess-performance-capacities-of-trail-runners/

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