Cyclisme : Trouver chaussure à son pied et chaussure réglée Partie 1/4 – Le choix des chaussures

Il est des problématiques récurrentes en cyclisme et celles concernant l’adaptation du matériel à la pratique en est une fondamentale.
L’un des points d’appui clé, quand vous pratiquez le cyclisme est l’interface entre le pied et la pédale et cette interface est souvent négligée ou reléguée au second plan.
À ce propos, je vais vous en apporter la preuve par des exemples trop de fois vus ou entendus en boutiques cyclistes.

Le choix de chaussures par exemple, uniquement guidé par le design de la chaussure, ou parce que tel coureur que l’on idolâtre en porte, ou par ce que plus machiavélique, notre revendeur préféré ne fait que cette marque, ou il ne lui reste que ce modèle de chaussure dans cette taille.

Autre élément encore, la chaussure n’est pas assez large alors votre revendeur vous convainc,  « prends une pointure au-dessus, comme ça tu te sentiras mieux » vous a-t-il dit… ERREUR FATALE.

Pour le choix des pédales, on est très souvent dans l’exacte même logique que le choix de chaussures, le coté marketing, design ou la volonté de ressembler à son idole. Mais sachez que pour un transfert de forces optimal et donc une baisse potentielle des douleurs sous l’avant pied, il faudra opter pour la pédale offrant la plus grande surface d’appui.

Enfin le réglage des cales, alors là vous avez de tout !

Ceux qui vont vous dire qu’ils mettent tout vers l’avant histoire de mouliner correctement, ceux qui au contraire vont tout basculer vers l’arrière, comme ça ils forceront plus avec les cuisses et auront plus de force sur les pédales.

Ceux qui effectuent leur réglage en fonction du premier métatarse et répliquent le réglage sur l’autre chaussure.

Enfin, celui que je préfère chez les vélocistes peu consciencieux, la cale réglée au milieu des marques sous la chaussure, on cale en simultané le bord de la cale des chaussures sur le comptoir d’accueil du magasin et on serre d’un coup les différentes vis… Exemple vu de mes propres yeux, un vrai régal.

Arrêtons véritablement ce massacre, il y a des choix à faire et vous verrez au cours des articles qui vont suivre, qu’il faut se renseigner un petit peu, pour ne pas être dans l’erreur car les conséquences sont nombreuses.

Repérons-nous dans l’espace

Afin de faciliter les explications et que tout le monde comprenne comment se règle une cale sous la chaussure, il est important de faire un petit focus sur la représentation en trois dimensions (3D) du corps humain d’un point de vue biomécanique.

Tout d’abord les plans anatomiques de référence, lorsque l’on veut caractériser le mouvement d’un objet en 3D. Pour ce faire pas de grands discours, il suffit de jeter un œil à l’image ci-contre (Photo 1).

Trois plans permettent de découper le corps en trois parties différentes, une droite et gauche (plan sagittal), une antérieure et postérieure (plan frontal), une supérieure et inférieure (plan transversal). Pour savoir dans quel plan nous nous situons dans notre analyse, il peut être intéressant de se référer aux axes permettant les mouvements dans chacun des plans (Photo 2). Je précise, le plan sagittal est traversé par un axe transversal, si on imagine un mouvement autour de cet axe nous pourrons par exemple réaliser une roulade. Le plan frontal est traversé par un axe antéro-postérieur, un mouvement de gymnastique associé serait une roue en imaginant l’axe passant par le nombril. Le dernier axe est le longitudinal qui passe par le plan transversal, dont une représentation serait la toupie.

Ok mais pour mon pied ça donne quoi ?

Maintenant que nous comprenons mieux la question de la représentation tridimensionnelle, voyons de plus près les réglages que nous pouvons réaliser.

Le premier, celui auquel tout le monde pense assez facilement, le réglage antéro postérieur, ou déplacement de la cale sous la chaussure d’avant en arrière.

On retrouve ensuite, le réglage selon l’axe longitudinal (vous vous rappelez ? la toupie), qui va permettre de faire tourner la cale sous la chaussure dans le sens des aiguilles d’une montre ou dans le sens anti-horaire.

Et enfin celui que l’on oublie assez souvent, le réglage selon l’axe transversal qui va permettre d’éloigner ou de rapprocher la cale de la manivelle.

Vous comprenez dès à présent que trois réglages fondamentaux sont à réaliser avant de penser à optimiser autre chose sur l’interface pied-chaussure ou chaussure pédale. Mais avant de partir sur ces réglages, il sera primordial de comprendre comment choisir sa chaussure.

Par ou je commence moi ?

Premièrement il va falloir mesurer les dimensions de votre pied car tout part de là. Combien de fois ai-je vu des cyclistes me dire qu’il avait des pieds de telle longueur, ou d’autres qui n’en savaient strictement rien. Je ne vous parle pas de la largeur de pieds que 99% des personnes rencontrées ne connaissaient pas. On est quand même déjà hyper mal parti pour choisir la bonne chaussure. Mesurer un pied, c’est s’assurer de trois valeurs fondamentales.

En effet, on ne mesure pas qu’un pied mais bien les deux car contrairement à l’homme de Vitruve cher à notre bon Léonard, nous ne sommes pas la symétrie parfaite et souvent nous pouvons avoir de grandes surprises quant à nos mensurations. La plus simple, est la longueur du pied, on va donc mesurer la distance en ligne droite la plus grande, entre l’arrière du calcanéum (talon) et l’orteil le plus long du pied (Photo 3). Chez certains ce sera le gros orteil chez d’autres l’index.

On s’assure donc de mesurer les deux pieds, ne l’oubliez pas… et ne rigolez pas. J’ai déjà vu des personnes, non atteintes de pathologies, avoir des différences de plus de 8 mm entre deux longueurs de pieds et la…. C’est la Me… catastrophe.

À partir de ce moment, on pourra trouver la bonne longueur de chaussure grâce aux abaques des marques faisant le lien entre longueur de pieds en cm et taille de chaussures…..

Euhhh ! En fait ce que je viens de vous dire n’est pas totalement vrai. Je vous donne un exemple très concret. Mes pieds mesurent respectivement 256 et 255 mm pour le droit et le gauche. Lorsque je me suis mis en tête d’acheter une paire de marque Japonaise très connue sur le marqué cycliste, je suis allez voir leur grille de tailles.

Pour un pied aux environs de 255 mm, il faut une pointure entre 40 et 40,5, résultat des course mes orteils touchent le bout de la chaussure pour le 40,5 la pointure me convenant fut du 41,5. Un conseil à emporter avec vous, essayer toujours une chaussure avant de l’acheter vous n’aurez de ce fait aucune surprise mais vous verrez ensuite que des erreurs de ce type concernant les chaussures et notamment les marquages arrivent aussi.

Deuxième point à vérifier, la largeur de vos pieds. Vous pouvez également être surpris car souvent nous avons un pied « fort », associé soit à une hauteur de voute plantaire plus haute ou une largeur plus importante.

Pour la hauteur de voute, nous allons prendre pour repère l’os naviculaire et regarder la différence de hauteur entre les deux pieds en « charge » (poids du corps sur la jambe) et en décharge (pied dans le vide). Je ne m’attarde pas, ce n’est pas l’objet de notre questionnement, il concernera le choix des semelles.

Revenons à la largeur de pied, avec la photo 4. Un outil comme celui présent dans cette représentation, va permettre de mesurer la largeur de notre pied. Bon je vous l’accorde, sur la photo, la personne a un peu trop écrasé le petit orteil mais le 5ème métatarse ne semble pas trop l’être.

On peut observer des différences de largeur entre les pieds, dans mon cas, le pied droit fait 110 mm de large, le gauche aux environs de 109 mm. Il n’y a jamais de très gros écart sur la largeur (mais ça arrive) car nous sommes tout de même bipèdes et de fait, quand nous sommes debout nous répartissons une masse à peu près égale sur nos deux jambes donc les pieds se déforment de la même façon.

Revenons à mes pieds, que l’un de mes médecins à un jour qualifié de « pieds de Hobbit », trouvant cela assez drôle, je partage. Soyons sérieux, comment vous aider maintenant à choisir votre chaussure ?

Vous avez trouvé la bonne longueur, parfait, il faut y associer la bonne largeur. Comme évoqué tout à l’heure, ne vous dites pas que vous allez prendre une taille au-dessus pour avoir davantage de confort… Feriez-vous l’inverse ? Avec un pied très fin vous ne prendriez pas une longueur de chaussure en dessous pour ressentir un meilleur maintien ? Rassurez-moi, s’il vous plait.

Par chance les marques commencent à proposer des modèles de chaussures en différentes largeurs, généralement une largeur dite standard et un modèle large (Wide en anglais), parfois on retrouve des modèles extra larges en plus. Mais ne vous faites pas piéger.

En regardant les mensurations de mes pieds et les propositions de la marque Japonaise évoquée pour un modèle route, il me fallait du 41,5 en largeur nommée « large » et je me sentais encore serré dedans. Fier de cette info, j’ai ensuite essayé le même niveau de finitions sur une chaussure de la marque mais pour le VTT. Ce fut parti pointure 41,5, modèle large, et là surprise… Les chaussures étaient plus larges que le modèle route.

Qu’en conclure ? Encore une fois essayez les chaussures avant d’acheter et surtout ne croyez pas qu’une même marque dimensionne de la même façon tous ses modèles.

Vous seriez surpris des différences au sein d’une même gamme et vous verriez vite que ni votre vendeur, ni le commercial de la marque ne savent ça… c’est drôle quand même, mais ils vendent un produit qu’ils connaissent sur le bout des doigts et je suis certains qu’ils vous ont dit que c’était la chaussure avec laquelle ils roulaient en ce moment… 😝

Repassez le lendemain et demander à essayer la marque Italienne concurrente, je suis sûr que le raisonnement sera le même…. Je ne vais pas incriminer Shi…, mince j’ai presque dit le nom de la marque, car parmi les fabricants de chaussures, ils sont parmi les premiers à avoir tenu compte des questions de largeur de pieds.

D’autres marques ont misé là-dessus depuis longtemps (Photo 5).

Si vous souhaitez trouver une chaussure adaptée à votre pied, ce qui est quand même l’objectif de cet article allez vers des marques comme Lake ou Bont par exemple. Question design, je vous l’accorde, ce n’est peut-être pas ce qui se fait de mieux. Mais comment je fais-moi, pour mon 255 mm de longueur et 110 mm de largeur ?

J’ai tenté la commande en aveugle, afin de trouver un modèle adapté à ma morphologie, je sais, « faites ce que je dis et surtout pas ce que je fais ».

En vous référant au tableau de la photo 6 qu’auriez-vous choisi ?

J’ai un pied vraiment atypique mais mon choix s’est porté sur un modèle route la CX238 en taille 41 (255 mm de large + 5 mm conseillés) et un modèle large de 108 mm. On n’est pas à 110 mm je vous l’accorde mais bizarrement je n’ai plus aucun souci de fourmillement et d’endormissement des orteils….

Alors vous, comment savoir si la largeur de votre future chaussure est la bonne même sans aucun outil ?

Sortez la semelle qui se trouve à l’intérieur de la chaussure, posez-la au sol, posez votre pied dessus et regardez simplement si votre pied en déborde… CQFD. Bien sûr répétez l’opération pour l’autre pied.

Cette fois on a fait le tour de la question ?

En réalité pas tout à fait, il y a d’autres éléments à prendre en compte dans le choix d’une chaussure adaptée comme la forme de votre pied, la rigidité de la semelle, les points de serrage et j’en oublie le type de discipline que vous faites, le type de pratiquant(e) que vous êtes, votre poids…

Tous ces facteurs devraient être pris en compte dans le choix de vos chaussures et tout bon vendeur devrait vous le demander avant de vous conseiller.

Combien de fois ai-je eu entre les mains des cyclistes voulant à tout prix les Sidi dernière génération, ou la nouvelle Specialized édition limitée et je devais leur faire comprendre qu’elles n’étaient absolument pas adaptées à leur morphologie de pied risquant d’engendrer en plus de l’inconfort, une perte d’efficacité au pédalage et surtout une incapacité à régler les cales sous les chaussures.

Je termine par un dernier point, que j’ai hélas trop vu également, le réglage du serrage de la chaussure. La dessus soyez vigilant(e), je demande systématiquement aux personnes de me montrer la façon dont elles serrent spontanément leurs chaussures et dans bon nombre des cas les personnes serrent au maximum afin de bien sentir le pied maintenu fermement si ce n’est plus.

En réalité, petite astuce pour vous, à l’effort le pied du cycliste gonfle légèrement donc pour le serrage, faite un griffé des orteils dans la chaussure, cela va augmenter artificiellement la hauteur de l‘arche plantaire et ensuite seulement serrez la chaussure afin que vous sentiez la pression du serrage. Dès que vous la sentez, détendez le pied et ajustez de +/- un cran. Vous vous sentirez mieux vous verrez.

 

Dans le prochain article (Partie 2), nous aborderons la question du réglage des cales sous les chaussures et les moyens qui vous aideront à obtenir un meilleur confort au pédalage.

J’espère que cette première partie vous aura éveillée à cette question fondamentale du choix de chaussures et vous donnera envie de prolonger la lecture sur le réglage des cales. 

Alors restez connecté la suite de cet article va bientôt arriver.

Cyril GRANIER

Docteur en sciences du sport

Facebook : @CyrilGranierPerformance

Instagram : cyrilgranierperformance

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