TDS 2019 : de nouveaux records…d’abandons

La semaine chamoniarde s’est achevée sur de nouveaux records de participation et sur la confirmation de Chamonix comme place forte du trail mondial.

Photo : Christophe Pallot / UTMB

Cette année, pas de nouvelle course (c’est rare), mais des modifications sur l’une des courses phares de la semaine. En effet, depuis la date de sa création en 2009 et la victoire de Patrick Bohard, la Trace des ducs de Savoie trouvait son originalité par son parcours, sa distance et son dénivelé. Plus longue que la CCC mais bien plus courte que l’UTMB, plus technique et plus accidentée que ses grandes sœurs, elle avait toute sa raison d’être depuis 10 ans.

 

 

Courses Mont Blanc OCC© CCC© TDS© UTMB©
Distance en km 56 101 145 171
Dénivelé en m+ 3500 6100 9100 10300
ratio deniv/dist en m+/km 62.5 60.4 62.8 60.2

Les 4 courses majeures à Chamonix

 

Mais voilà, on change parfois une équipe qui gagne. Avec la volonté de faire passer la course par Beaufort, le parcours a été allongé de 26 km et de pratiquement 1900m de dénivelé positif, ce qui représente pratiquement 5 heures de course pour la tête, et bien davantage pour les autres. Du coup, le départ a été avancé, mais de seulement 2 heures, en devenant tout de même le départ le plus tôt de la semaine. Or, partir à 4 heures du matin n’est jamais chose facile et nous avons évoqué cette problématique dans notre précédent article. La fatigue générée par une nuit très courte a une incidence évidente sur le déroulement de ce type d’épreuve.

Dans le tableau suivant, nous donnons quelques éléments de comparaison entre les TDS 2018 et 2019.

 

TDS 2018 TDS 2019
Distance 119 km 145 km
D+ 7260 m 9100 m
Temps limite 42 h
Temps du 1er H 13h24 18h03
Temps de la 1ère F 16h05 21h37
Nombre d’arrivants 1329 1091
Nombre d’abandons 470 694
Taux d’abandons 26.1 % 38.9 %

Comparaison TDS 2018 et 2019

 

2 abandons sur 5 !

 

La première donnée qui nous saute aux yeux est le pourcentage d’abandons qui explose en 2019. Pour un même nombre de partants, environ 1700, on note près de 220 abandons supplémentaires. Avec 38.9 % d’abandons sur cette édition, on frôle le taux de 2 abandons pour 5 partants. Bien entendu, les causes d’abandons sont toujours multiples : la météo, les barrières horaires, la blessure, le manque de préparation, les troubles gastriques (souvent le facteur numéro 1), une mauvaise gestion de course… mais le taux d’abandon dépasse rarement les 33%. 

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Le parcours de la TDS 2019. Les montagnes russes. Source utmb.fr

 

Jusqu’à cette édition, les abandons sur la TDS se concentraient entre Bourg Saint Maurice et le Cormet de Roselend. Pourquoi ? Parce qu’après le col du petit Saint-Bernard (km 30), les coureurs se lançaient dans une grande descente de 20 km où certains se laissaient un peu trop aller. Arrivés dans la vallée à Bourg Saint Maurice, ils trouvaient en début d’après-midi la chaleur et une terrible ascension passant par Fort la Platte, le passeur de Pralognan puis le Cormet de Roselend. Chaque année, ils étaient plusieurs centaines à lâcher l’affaire à ce moment de la course. Et cette année ? Tout d’abord, les conditions météo étaient bonnes : pas de chaleur et pas de pluie. Ensuite, l’allongement de l’épreuve aurait dû modifier le mode de gestion avec un départ encore plus prudent. Si on observe le tableau des abandons, on note près de 290 abandons entre Bourg Saint Maurice (km 50) et le Cormet de Roselend (km 67), c’est-à-dire moins que les années précédentes. La zone d’assistance suivante étant à Beaufort (km 91), ce sont 159 coureurs de plus qui vont s’arrêter là, à 54 km de l’arrivée. Ainsi, les abandons se sont légèrement déplacés et ils se répartissent dorénavant sur une plus grande distance, entre le km 50 et le km 90. C’est finalement logique car la fatigue commence à se faire sentir après le km 50, et tant que le km 100 n’est pas passé, l’arrivée paraît très loin. 

Pour autant, on ne peut pas attribuer les abandons qu’au profil particulier de cette nouvelle TDS car le taux d’arrêt est quasiment le même sur l’UTMB. Toutefois, cette nouvelle formule mériterait quelques corrections : allègement de quelques kilomètres de distance et de quelques centaines de mètres de dénivelé, départ donné la veille au soir comme pour l’UTMB… afin que cette magnifique épreuve retrouve toute son originalité et sa raison d’être au sein de la semaine chamoniarde. 

 

 

 

14 réactions à cet article

  1. Bonjour merci pour cette article, j’ai couru cette TDS 2019 en 35h30. C’était la première experience pour moi sur l’événement UTMB. J’explique le pourcentage important d’abandons par l’hétérogénéité du parcours. Les 50 premiers km sont très roulants alors que la section entre bourg st maurice et beaufort presente pas mal de sections hors sentier avec un tracé droit dans la pente ce qui peut destabiliser certains coureurs peu habitués à des terrains techniques. Cette course technique sur le format ultra 150km 10000m de D+ doit exister sur L’UTMB en limitant à 1000 coureurs en proposant un parcours homogene très technique entre le beaufortain, et les aiguilles rouges. Exemple : départ de bourg saint maurice, passage à Beaufort, les contamines, les aiguilles rouges, valorcines, Chamonix.
    Je pense que l’utmb a besoin d’une course humaine, sauvage et technique (exemple :l’échappée belle). Les barrières horaires doivent être revues à la hausse.
    Merci pour votre travail de journalisme.
    Pierre nicollet

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    • Bravo Pierre pour cette proposition d’une course qui permettent aux coureurs à la recherche d’un terrain plus sauvage de trouver leur compte dans ce bel événement qu’est l’UTMB.

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  2. J’ai fini la tds, la course est très bien ainsi, sa en fait une course et non une course bâtarde. La problème c’est qu’il faut que 2 fois 4 point pour la faire, 2 saintélyon et hop tu peux t’inscrire. Faudrait insérer une course à 5 points car la météo était parfaite, donc c pas normal un taux d’abandons avec un temps doux.

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  3. Si on est nature, donc écolo il faut alors se soucier de l’équivalent carbonne provoqué par cette manifestation. Donc il serait utile de sensibiliser les personnes en affichant cet équivalent carbonne dû aux déplacements des véhicules. … Merci

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    • Bonjour Luc Baptiste, le dernier numéro de trails endurance mag consacre un dossier à cette problématique.

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  4. Bonjour. Mon épouse a fait la tds cette année après la ccc l année dernière. Elle redoutait la partie bourg beaufort et l avait parcouru en randonnée en reconnaissance. Elle a bien ralentit dans la descente vers bourg pour s économiser se faisant doubler par plus de 100 coureurs qu’elle a rattrapé dans la montée du passeur. Elle finit en 31h40 cette belle course et l à trouvé beaucoup, beaucoup plus dure que la ccc

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  5. Bonjour,
    Pour info le temps limite en 2018 était de 36H30.
    J’étais sur la TDS cette année en 35H18 (1er trail XXL après 3 trails M) avec les points en 2 Eco-trail de Paris 80 km (1500 D+) et ce qui a fait très mal à beaucoup, ce sont les 1400 D- juste avant Beaufort qui ont explosés les cuisses de beaucoup.
    Le départ était forcément tranquille car à mon niveau, bouchon et impossible de courir à mon rythme jusqu’à la 1ère barrière horaire.
    C’est vrai que maintenant la TDS se rapproche beaucoup plus de l’UTMB que de la CCC et en 21019 il fallait 8 points en 2 courses pour CCC et TDS mais çà change pour 2020 avec 6 points pour CCC, 8 pour TDS et 10 pour UTMB en sachant qu’avec le nouveau barème ITRA, la difficulté d’une course à 4 points n’est plus la même: les 90 km du Mont-Blanc passent de 5 à 4 points et Eco-trail de Paris ou Sainté-Lyon passent de 4 à 3 points donc cela devrait augmenter le niveau d’expérience des participants.

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  6. Merci pour cette analyse, mais comparaison 2018 2019 biaisée par le fait qu’en 2018 ils ont dévié la course entre bourg st Maurice et Cormet de Roselend. Ils sont passés ainsi à 123 km mais 6700 d+. 13h30 au lieu de 14h30 pour le vainqueur. Bref une TDS allégée. Tu aurais du comparer les chiffres de 2019 avec ceux de 2016 ou 2017

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  7. Bonjour
    Finsiher de la TDS cette année après l’UTMB (2014) et la CCC (2012), je ne suis pas en phase avec votre analyse. La course était dure, certes, mais elle était déjà qualifiée de telle dans ses éditions précédentes.
    En outre, le départ à 4h du matin est mieux car quand on part le soir, on ne profite pas du paysage quand l’énergie est encore bien présente.
    Toutefois, je pense que le système de point n’est pas optimal car on voir trop de coureur trop juste pour s’engager sur les courses de l’UTMB.

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  8. merci pour votre commentaire et votre ressenti Greg. Oui la course était déjà dure, elle l’était encore plus cette année. Et c’est intéressant de voir que certains ont apprécié ce départ de bonne heure, avec un argument intéressant. Bien à vous ! Et bravo

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  9. Bonjour à tous,
    Ça y est ! Pris pour la TDS 2020. Une première question on analysant tout ça. Nous avons qu’un ravito avec le sac d’allègement. Et aucun ravito Dodo? Félicitation à tous.
    Merci.

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  10. Für mich war Nachtermüdung entscheidend. Bei dieser länge sollte TDS auch wie bei UTMB Nachtetappe in erste Laufhälfte und nicht in zweite sein.Dh Start am Nachmittag.

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  11. Traduction du commentaire en allemand de Nenad Lazic :
     » Pour moi le fatigue de la nuit a été déterminante . Sur une telle distance le TDS devrait procéder comme pour l’UTMB qui place l’étape de nuit dans la première moitié de la course et non pas dans la deuxième. Ce qui veut dire qu’il faut donner le départ l’après midi. »
    CDT

    JCV

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  12. J’ait fait la CCC en 2009, l’UTMB en 2011, je voulais clore la trilogie avec la TDS. J’ai vieilli de 10 ans, je m’attendais à aller moins vite, c’est confirmé.
    Je fais partie de ceux que l’organisation a laissé passer au col après l’accident. Statistique de fin de course : 436 participants, 212 arrivants, 224 abandons : étonnant de voir un tel pourcentage d’abandons parmi ces 436 coureurs qui étaient les premiers au 1er tiers de la course. Je pige pas. L’orage et l’arrêt ponctuel ont eu effet boeuf ???

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