Félix Bour : « C’est une concrétisation, ce chrono récompense 13 années de travail. »

Le 43e marathon de Valence (Espagne) remporté par l'Ethiopien Sisay Lemma en 2h01'48 et l'Éthiopienne Worknesh Degefa en 2h15'51 fut historique pour le marathon Français avec 9 athlètes (5 hommes et 4 femmes) qui ont réalisé les minima pour les Jeux olympiques de Paris.
Parmi eux, Félix Bour 16e au classement général et 3e Français en 2h06'46 qui a réalisé une fin de course époustouflante pour pulvériser son record de près de 4 minutes. Entretien.

Félix Bour 16e du marathon de Valence et 3e Français en 2h06'46.

Lepape-info : Félix, quel marathon et quelle incroyable fin de course

Félix Bour : Même moi j’ai du mal à comprendre comment j’ai pu finir aussi fort. L’année dernière j’avais fait mon premier marathon déjà à Valence, la préparation avait été compliquée avec pas mal de blessures, je n’étais pas dans les meilleures conditions pour être performant mais j’ai quand même voulu aller au bout de l’aventure et finir mon premier marathon pour découvrir ce que c’était. Cette année c’est le contraire, la préparation s’est très bien déroulée avec de très bonnes séances mais je me disais que les minima à 2h08’10 par rapport à mon record en 2h10’43 cela faisait un sacré bond en avant. Je ne voulais pas prendre trop de risques même si mes séances et le semi couru à Valence en octobre en 1h00’39 (4e performer Français de tous les temps) me laissaient présager un gros chrono. Je suis resté au calme (dans le groupe des 2h08′) jusqu’au 32e km et que les pacers se retirent.

Ensuite des gars se sont relayés et j’ai pointé le bout de mon nez au 34e. Au 35e km, l’Allemand Richard Ringer champion d’Europe 2022 a mis une grosse accélération en 2’50 au kilomètre, j’ai été le seul à décider d’y aller avec lui. Je sentais que j’avais de bonnes jambes, c’est un 5 km je me suis dit tu es un spécialiste du 5 000 m, il faut montrer tes qualités de vitesse et finalement j’ai couru la portion du 35e km au 40e km en 14’12 ! Je me suis concentré sur mes sensations en essayant de terminer le plus vite possible.

Félix Bour : « Je savais que j’avais les capacités de le faire avec les indicateurs à l’entraînement, le semi de Valence s’était très bien passé il n’y avait pas de raison que cela ne se fasse pas même si le marathon est une discipline très spéciale. »

Lepape-info : Sur la fin de course vous arrivez même à doubler Morhad Amdouni

F.B : Quand j’ai entamé mon long sprint final sur les derniers kilomètres, je rêvais de voir en point de mire l’un des 3 Français partis dans le groupe des 2h05-2h06. À 1 km de l’arrivée, j’aperçois au loin la silhouette de Morhad Amdouni et je me suis dit qu’il fallait que je le rattrape. Je vois que je me rapproche et j’arrive à sa hauteur à 500 m de la ligne, j’ai remis une accélération pour le passer et terminer dans les 3 premiers Français. C’était important en plus je ne me voyais pas partir dans le groupe des 2h05 d’autant que je suis un peu novice, je croyais que c’était trop risqué.

Lepape-info : Que retenez-vous de ce marathon de Valence ?

F.B : C’est une concrétisation, ce chrono récompense 13 années de travail. J’ai toujours pensé aux Jeux olympiques, c’est le rêve de ma carrière, c’était un rêve au début c’est devenu un objectif, j’ai toujours voulu y arriver pour toutes les personnes qui m’ont soutenu, accompagné depuis mes débuts. Je savais que j’avais les capacités de le faire avec les indicateurs à l’entraînement, le semi de Valence s’était très bien passé il n’y avait pas de raison que cela ne se fasse pas même si le marathon est une discipline très spéciale et que vous ne savez pas à quoi vous attendre à l’avance. Quand j’ai vu que les conditions étaient parfaites je me suis dit qu’il fallait y aller. La température idéale (8-10 °C), pas de vent, l’un des parcours les plus plats du monde, une ambiance de fou pendant 42 kilomètres, les pacers ont fait le travail à la perfection, tout était réuni.

Lepape-info : 3e Français vous n’êtes pas sur d’aller aux Jeux, vous êtes dans quel état d’esprit ?

F.B : J’ai fait du mieux que je pouvais la décision ne nous appartient plus. Pendant 4 mois de préparation j’ai donné le maximum pour aller chercher ce chrono, quoiqu’il arrive je n’aurais pas de regret, 2h06’45 c’est l’un des meilleurs chronos Français de l’histoire, j’ai fait ce que j’avais à faire, nous verrons. Je suis aussi pistard je vais tenter ma chance sur 10 000 m, il y aura aussi un peu de cross cet hiver, on est champion de France avec mon club et à titre individuel j’aime cela également. J’avais préparé spécifiquement ce marathon, ce serait compliqué même avec une préparation d’obtenir une meilleure performance ailleurs. Je suis trop novice sur la distance pour enchaîner 2 marathons en 4 mois.

Lepape-info : Place à quelques jours de repos ?

F.B : Je pars avec ma femme à Ténérife aux Canaries pour quelques jours, prendre un peu le soleil, profiter au maximum. Je vais couper 2-3 semaines afin de bien récupérer.

Athlètes Français ayant réalisé à Valence les minima pour les Jeux olympiques de Paris :

Mehdi Frère 2h05’43 (2e Français tout temps)

Nicolas Navarro 2h05’53 (3e Français tout temps)

Félix Bour 2h06’46 (5e Français tout temps)

Morhad Amdouni 2h06’55 (détenteur du record de France en 2h05’22)

Benjamin Choquert 2h07’42 (8e Français tout temps)

Athlètes Françaises ayant réalisé à Valence les minima pour les Jeux olympiques de Paris :

Mekdes Woldu 2h24’44 (2e Française tout temps)

Melody Julien 2h25’01 (3e Française tout temps)

Manon Trapp 2h25’48 (4e Française tout temps)

Fadouwa Ledhem 2h25’50 (5e Française tout temps)

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