Alexis Hanquinquant : « Je suis un homme épanoui, j’ai réussi à réaliser mon rêve. »

L'année 2021 fut parfaite pour le paratriathlète Français Alexis Hanquinquant : un 1er titre paralympique à Tokyo, un 4ème titre mondial et un 4ème sacre européen.
Alors que de nouveaux défis l'attendent en 2022, Bouygues Bâtiment Grand Ouest et la Fédération Française de triathlon ont renouvelé la convention d'insertion d'Alexis Hanquinquant en lui offrant un aménagement de son temps de travail au sein du service prévention, santé, sécurité compatible avec la pratique de sa discipline qui lui demande environ 30 heures d'entraînement par semaine.
Une signature qui fut l'occasion d'échanger avec Alexis Hanquinquant sur sa formidable saison et ses objectifs à venir. Entretien.

Alexis Hanquinquant champion paralympique de triathlon en catégorie PTS4 mais aussi champion du monde et d'Europe en 2021

Lepape-info : Alexis, avant d’aborder 2022 un petit break s’imposait ?   

Alexis Hanquinquant : Oui j’ai coupé pendant 3 semaines sur la fin de l’année 2021, il était temps de recharger les batteries avec ma femme et mes enfants. J’ai pris le temps de me poser de vivre un peu plus tranquillement. J’ai repris l’entraînement depuis 2 semaines, les conditions sont bonnes, les sensations ne sont pas mauvaises. En 2022, on repart pied au plancher, il n’y a pas les Jeux cette année mais cela reste important de rester en forme et d’essayer de conserver les titres de champion d’Europe et du monde.

 

Alexis Hanquinquant : « C’est une saison exceptionnelle, il fallait commencer par les Jeux, c’est la course que je ne voulais pas rater. Aujourd’hui 4 fois champion du monde, 4 fois champion d’Europe c’est trop bien, j’espère que cela va durer encore longtemps, j’ai l’énergie pour continuer et je vais défendre ces titres fièrement. »

 

Lepape-info : Une pause au ski, un retour sur les pistes depuis bien longtemps et une première avec une prothèse   

A.H : Cela faisait 20 ans que je n’avais pas goûté aux joies des sports d’hiver. Grâce aux Etoiles du Sport j’ai redécouvert le ski, je me suis éclaté avec des sensations que j’avais complètement oublié. C’est comme le vélo cela ne s’oublie pas. J’ai reskié très bien, très très vite, une très belle expérience. Après 2 jours de reprise, on est parti avec une dizaine de potes dont Julien Lizeroux (ancien vice-champion du monde de slalom et de combiné). Il a halluciné sur le niveau de certains après seulement quelques jours de ski.

 

Lepape-info : Avant de se projeter sur 2022, que retenir de cette parfaite année 2021 ? 

A.H : Je retiens déjà que ces compétitions aient eu lieu. En 2020 avec le COVID-19 il n’y avait pas eu de course, en 2021 nous étions dans l’incertitude, la saison a commencé tardivement avec les Jeux fin août avant d’enchaîner par le championnat d’Europe et le championnat du monde. Nous avons eu 3 grandes courses en quasiment 3 mois. D’un point de vue émotionnel c’était compliqué parce qu’il fallait tout enchaîner. C’est une saison exceptionnelle, il fallait commencer par les Jeux, c’est la course que je ne voulais pas rater. Aujourd’hui 4 fois champion du monde, 4 fois champion d’Europe c’est trop bien, j’espère que cela va durer encore longtemps, j’ai l’énergie pour continuer et je vais défendre ces titres fièrement.

 

Lepape-info : Beaucoup d’émotions et de sollicitations, c’est grisant mais usant également   

A.H : Triathlète professionnel c’est usant mais les sollicitations c’est pas mal non plus (sourire), j’ai traversé la France j’ai couru partout, c’est une autre énergie mais cela empiète sur le psychologique, il a fallu faire les choses mais cela m’a fait du bien de me reposer avec ma femme et mes enfants en décembre pour repartir de plus belle parce que les sollicitations repartent déjà en 2022. Il faut combiner avec l’entraînement et je ne veux pas faire les choses n’importe comment. Ce qui reste important pour moi c’est de bien m’entraîner pour être très bon, très fort.

 

Lepape-info : Sollicitations médiatiques mais aussi interventions auprès des entreprises   

A.H : Le monde de l’entreprise se mobilise pour faire porter des messages auprès d’athlètes comme moi. Il y’a aussi des associations, des écoles, je suis énormément sollicité, il faut réussir à faire des choix, apprendre à dire non, pour moi ce n’est pas facile, je n’ai pas un caractère qui sait dire « non », j’ai envie de faire plaisir à tout le monde mais ce n’est pas possible. J’ai appris qu’il ne fallait pas trop se disperser parce que cela devient néfaste.

 

Alexis Hanquinquant : « Je suis un homme épanoui, j’ai réussi à réaliser mon rêve. Tout ce qui viendra derrière cela ne sera que du plus, je suis quelqu’un d’assez rêveur, j’ai rêvé que j’allais gagner à Paris en 2024, on verra si mon rêve va se réaliser mais en tout cas je vais travailler pour. »

 

Lepape-info : Le renouvellement de la convention d’insertion par Bouygues Bâtiment Grand Ouest est un signe fort  

A.H : Avant d’être triathlète professionnel, j’étais maçon carreleur dans une petite entreprise du bâtiment, ma formation est dans ce secteur. En 2017, quand j’ai l’opportunité de travailler pour Bouygues Bâtiment Grand Ouest à l’époque en intérim je ne savais pas ce que cela allait pouvoir donner. Ensuite en tant que sportif de haut niveau on me propose un poste chez eux dans le service prévention santé sécurité, c’est une occasion que j’ai saisi. C’est une chance pour moi d’avoir un vrai accompagnement sur mesure dans ma carrière sportive et puis il y a aussi un vrai accompagnement de l’homme que je suis avec une reconversion professionnelle qui peut être assurée derrière. Il y a une stabilité, une confiance qui sont des choses importantes pour moi. En tant que père de famille je ne peux pas me permettre de faire n’importe quoi, Bouygues m’apporte énormément de stabilité, de sérénité et c’est super important.

 

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Alexis Hanquinquant (au centre) avec Cédric Gosse président de la Fédération française de triathlon (à gauche sur la photo) et Philippe Robineau président de Bouygues Bâtiment Grand Ouest (à droite sur la photo)

 

Lepape-info : De la sérénité et de la motivation, l’année 2021 parfaite rebooste encore plus pour 2022  

A.H : 2021 était sans doute l’une des années avec le plus de pression, j’avais cette étiquette de favori aux Jeux et il fallait le faire. Je suis un homme épanoui, j’ai réussi à réaliser mon rêve. Tout ce qui viendra derrière cela ne sera que du plus, je suis quelqu’un d’assez rêveur, j’ai rêvé que j’allais gagner à Paris en 2024, on verra si mon rêve va se réaliser mais en tout cas je vais travailler pour.

 

Lepape-info : La condition physique, la confiance sont des atouts sérieux pour aborder 2022    

A.H : À 36 ans, je suis un athlète qui se connait par cœur, je sais de quoi je suis capable physiquement et mentalement. En 2021, j’ai couru avec une pression maximale et j’ai réussi à répondre présent donc je pense qu’aujourd’hui je sais ce que je vaut et qu’il faut compter sur moi pour durer encore un peu parce que j’ai les crocs et que j’ai encore un gros appétit.

 

Alexis Hanquinquant : « J’ai une prothèse en carbone à la place de la jambe mais aujourd’hui je suis capable de rouler, de nager, de courir plus vite que beaucoup de gens. Je ne vois pas où est la notion de handicap, le mot « handicap » devrait être rayé du dictionnaire on devrait parler de différence et d’inclusion. »

 

Lepape-info : Avec de beaux rendez-vous de prévus en 2022   

A.H : Oui deux beaux rendez-vous avec le championnat d’Europe en Pologne fin mai et le championnat du monde début novembre à Abou Dabi (Émirats arabes unis) sans oublier d’autres courses comme Yokohama (Japon) mi-mai, une course assez importante à Swansea (pays de Galles) début août et d’autres courses au niveau régional pour essayer d’être très performant sur les deux grands moments de l’année.

 

Lepape-info : Quel est le regard de la concurrence après une telle domination en 2021 ?   

A.H : Je sais pas comment mes rivaux peuvent me percevoir, j’ai énormément de respect pour eux parce qu’ils travaillent forcément beaucoup et qu’ils vont tout faire pour me détrôner à un moment ou à un autre. Je suis quelqu’un qui en fait toujours un peu plus que ce qu’il faut, je suis un bourreau de travail. J’essaye d’avoir une emprise psychologique. Physiquement je suis un peu plus fort qu’eux, psychologiquement dès le départ de la course j’essaye de les impressionner un peu plus, j’essaye de les marquer pour leur dire que la première place est pour moi, je vais un peu au bluff c’est comme cela que cela marche. J’espère avoir pris le dessus physique et psychologique sur eux pour leur faire prendre conscience que je suis là au moins jusqu’en 2024.

 

Lepape-info : « Je n’ai pas un handicap mais une différence », c’est aussi l’autre message que tu essayes de faire passer   

A.H : Je ne me sens pas du tout concerné par le mot « handicapé », je suis juste différent. J’ai une prothèse en carbone à la place de la jambe mais aujourd’hui je suis capable de rouler, de nager, de courir plus vite que beaucoup de gens. Je ne vois pas où est la notion de handicap, le mot « handicap » devrait être rayé du dictionnaire on devrait parler de différence et d’inclusion parce que nous sommes tous différents les uns des autres et il faut tous apprendre à se connaître, c’est ce qui rend la société plus belle si nous étions tous pareils on s’embêterait.

 

Lepape-info : Ta réussite est aussi celle de ton entourage   

A.H : C’est Alexis Hanquinquant qui remporte les courses mais j’ai un vrai accompagnement avec ma femme, mes enfants qui m’apportent énormément d’amour, j’ai mes deux entraîneurs Nicolas Becker et Nicolas Pouleau, mon prothésiste Gérard Baskakoff qui fait un travail monstrueux, il y a mes employeurs, mes partenaires, des sparring-partners avec qui je m’entraîne, la réussite est collective et je leur dédie toutes mes victoires parce qu’Alexis Hanquinquant a besoin de toutes ces personnes pour performer et rayonner jusqu’en 2024 et les Jeux de Paris. Après on fera le bilan pour voir si le corps et l’esprit sont capables de continuer ou pas, on verra (sourire).

 

Lepape-info : Quelle est la source de motivation pour donner encore plus à l’entraînement ?  

A.H : J’adore ce que je fais, m’entraîner tous les jours, je prends énormément de plaisir à le faire ce n’est pas une contrainte. J’arrêterai le jour où cela deviendra une contrainte, je ne me donne pas de limite, le triathlon est un sport de maturité, le pratiquer tardivement c’est possible. Je ne parlais pas de Paris avant l’été dernier parce que pour moi les Jeux de Tokyo c’était l’évènement majeur de ma carrière, il fallait à tout prix que je les réussisse. Maintenant que cela est passé je parle de Paris qui sera l’évènement majeur de mes prochains mois de préparation. Après Paris on verra, est-ce que Los Angeles est utopique ? Je ne sais pas, je peux pas le savoir maintenant. En attendant aujourd’hui étape par étape il y a un chemin jusqu’à 2024 avec des compétitions à préparer. Pour ma motivation j’essaye de laisser derrière moi le plus beau palmarès du paratriathlon Français, je travaille pour cela.

 

 

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