JO de Tokyo : les stratégies pour rester frais et leur effet sur la performance

En 2015, les championnats du monde d’athlétisme à Pékin (Chine) révélaient que seulement 1 athlète sur 2 avait adopté une stratégie de refroidissement malgré les conditions ambiantes difficiles.
Le « niveau de stress » thermique aux prochains Jeux olympiques replace aujourd’hui au cœur des méthodes de préparation ces (bientôt) fameuses stratégies de « cooling ».

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Les conditions environnementales des prochains Jeux Olympiques d’été de Tokyo (32e Olympiade) devraient être extrêmement difficiles pour les athlètes.

Les niveaux de températures ambiante et radiante, et celui d’humidité, associés à l’urbanisation et au maintien de la chaleur dans des stades bondés, limiteront clairement la capacité des athlètes à dissiper la chaleur qu’ils produisent à l’exercice.

 

 

Or, des élévations significatives de la température centrale peuvent entraîner un risque accru de développer des malaises et une détérioration majeure de la performance. Par conséquent, l’application de stratégies s’impose, parmi lesquelles on retrouve l’acclimatation à la chaleur, la connaissance fine de soi et la gestion de son effort, ou encore les stratégies de refroidissement.

Les stratégies de pré-cooling (refroidissement avant l’effort) ou de per-cooling (pendant l’effort) sont fortement recommandées. Pas seulement dans un enjeu clé de performance mais dans celui, plus important encore, de préservation des conditions physiologiques de santé. À cette fin, un groupe d’auteurs a eu à cœur de résumer les dernières connaissances scientifiques sur l’efficacité des stratégies de refroidissement.

 

Les stratégies de refroidissement sont connues pour améliorer les performances en chaleur, qu’il s’agisse de performances en contre-la-montre, de temps-limite ou d’efforts de type sprint intermittent. Ceci, en raison de la réduction du niveau de « stress thermique » et de l’augmentation de la capacité du sportif à « stocker » de la chaleur (autrement dit, emmagasiner et tolérer la chaleur interne).

 

En outre, le refroidissement :

  • atténue la contrainte métabolique (c’est-à-dire qu’il limite l’accumulation de lactate et augmente le seuil de lactate)
  • atténue la contrainte cardiovasculaire (c’est-à-dire qu’il diminue la fréquence cardiaque pour une intensité donnée et réduit la circulation sanguine cutanée pour favoriser le remplissage du cœur)
  • atténue la contrainte psychophysiologique (c’est-à-dire que le signal perceptif de soulagement l’emporte sur le signal physiologique d’effort)

 

Pour cette infographie, les auteurs ont intégré pas moins 55 études, dont les plus récentes, pour un total de 697 participants (97% d’hommes, 25±4 ans ; VO2max 54,3±6,0 kg/mL/min).

 

Comme illustré par l’infographie, les résultats montrent que le pré-cooling et le per-cooling peuvent améliorer la performance de 4,7% ± 4,7 % et 5,3% ± 6,5 %, respectivement (figure 1).

Plus précisément, des améliorations de performance plus importantes ont été relevées pour les protocoles d’endurance (6,4% ± 5,6%) par rapport aux protocoles de sprint intermittent (3,0% ± 2,7%).

Enfin, pour le pré-cooling, la stratégie de refroidissement la plus efficace était l’immersion en eau froide (7,1% ± 7,4%) et, pour le per-cooling, le port d’un gilet réfrigérant (11,9% ± 8,6%).

 

Cooling Tokyo

 

Malgré ces observations, une question peut légitimement persister dans les mentalités.

Entre logistique et bénéfices, risque et garantie, faut-il réellement attendre quelque chose de ce type de stratégie ?

Pour répondre à cette crainte, il faut d’abord se rappeler que de petites différences de performance peuvent avoir un impact majeur dans les sports élites, puis observer la magnitude avec laquelle ces interventions peuvent affecter la performance – certes, en laboratoire.

Et pourtant, une étude de 2015 réalisée lors des Championnats du monde d’athlétisme de l’IAAF a révélé que seulement 52% des athlètes (n=307) avaient mis en place des stratégies de pré-cooling (l’ingestion de coulis de glace était la plus répandue, avec 24%). Pire, aucun athlète n’avait déclaré utiliser des stratégies de per-cooling.

 

Dans ce contexte, aux auteurs de conclure que « la combinaison de plusieurs stratégies (bain froid, gilet froid, glace pilée, eau froide, menthol, s’asperger) pourrait être la solution la plus prometteuse (…) les athlètes devraient envisager l’application de stratégies de pré-cooling ET de per-cooling pour faciliter une performance saine et maximale pendant les JO de Tokyo ».

 

Source : Bongers, Korte & Eijsvogels, BJSM 2021

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