Ozone : faut-il se défiler quand c’est pollué ?

Beaucoup d’entre nous courent en ville. Pour les plus sensibles, la pollution peut aller jusqu’à stopper l’entraînement. Quels effets de l’ozone sur le corps et la performance ? Quelles solutions ?

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Les facteurs environnementaux représentent une partie essentielle de la préparation aux compétitions.

Par exemple, on connait bien l’impact énorme que peut avoir la chaleur sur la performance d’endurance – si le coureur n’a pas abandonné avant la fin de la course. D’où l’intérêt de s’y préparer.

 

 

 

Les Jeux olympiques/paralympiques de Tokyo 2021 vont présenter une combinaison unique de facteurs de stress : température élevée et niveau d’ozone élevé.

Alors que l’Organisation Mondiale de la Santé recommande de ne pas s’exposer à plus de 50 ppb (parts par billion) d’ozone sur une période de 8h, les valeurs maximales annuelles du Japon (65-73 ppb) correspondent aux dates des JO (23/07 au 5/09/2021).

C’est effectivement le pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) avec les niveaux d’ozone les plus élevés.

 

Face à ce constat, les auteurs de la revue discutée ici ont souhaité informer les sportifs et fédérations sur :

– Les effets de la pollution atmosphérique sur la santé et les performances

– Les facteurs potentiels d’atténuation

 

Tout d’abord, de par sa réaction à la lumière du soleil, l’ozone atteint des niveaux plus élevés lorsqu’il fait chaud (généralement l’après-midi).

Le problème pour le sportif, c’est alors :

1- La hausse de sa ventilation et donc la dose de polluants à laquelle il est exposé

2- À des allures élevées, le contournement de la filtration naturelle par le nez, ce qui entraîne une exposition encore plus importante aux polluants.

 

Dès lors, une session d’entraînement dans un environnement à forte concentration d’ozone provoque :

– Irritation respiratoire

– Augmentation de la perception de l’effort

– Moindre efficacité ventilatoire

Chacun de ces facteurs est susceptible d’entraver la performance de nature aérobie dont la médaille en compétition se joue parfois à quelques secondes seulement.

 

Dans un tel contexte, c’est ironiquement les athlètes d’endurance qui sont souvent les plus à risque, présentant davantage de sensibilité pulmonaire à l’ozone (4 fois plus que dans le grand public, en moyenne).

Dans cet environnement, ils développent en effet une diminution de la fonction pulmonaire. Dès lors, les sportifs souffrant d’asthme et de bronchoconstriction à l’exercice devraient prendre leurs médicaments comme prescrit, étant donné que les bronchodilatateurs n’exacerbent pas les effets de la pollution sur les asthmatiques.

 

Par ailleurs, une acclimatation est aussi possible. En effet, de multiples preuves montrent que les sportifs sont capables d’adaptation face à des niveaux d’ozone élevés.

Par exemple, une étude parue en 2018 révèle que des coureurs en provenance d’un environnement à faible niveau d’ozone, amenés à performer dans un environnement à forte concentration d’ozone, ont souffert de baisses de performance plus importantes que ceux qui étaient arrivés d’un environnement à forte concentration d’ozone.

 

Ces observations pourraient s’expliquer par une combinaison entre :

– La désensibilisation de certains récepteurs à l’irritation

– L’augmentation de la production de mucus

– La réduction de l’inflammation en phase d’acclimatation

 

D’un point de vue pratique pour une acclimatation, des séances d’entraînement de 1h dans un lieu où le niveau d’ozone est compris entre 50 et 100 ppb sont suggérées. Et ce, pendant au moins 4 jours. Il s’agit tout simplement des valeurs d’ozone typiques des journées d’été à Tokyo… À noter que les sportifs les plus sensibles pourraient avoir besoin d’une fenêtre d’adaptation plus longue (~7 jours).

 

Sur cette base, l’acclimatation à l’ozone pourrait se tenir en parallèle d’une ré-acclimatation du sportif à la chaleur (celle-ci serait initiée et complétée dans les semaines précédant la compétition) puisque la durée de ces 2 phénomènes converge (4-7 jours). La dernière semaine précompétitive permettrait alors, en étant sur les lieux de la compétition, de s’acclimater au niveau local d’ozone sans surcharger les mécanismes d’adaptation du sportif.

 

OZONE 1

 

Cette possibilité n’est toutefois pas sans risque, il faut le noter. En effet, si le sportif n’est que « partiellement » acclimaté à la chaleur lors de sa dernière semaine précompétitive, la double-acclimatation à l’ozone et à la chaleur pourrait cumuler les facteurs de stress sur son organisme. Le risque de contre-performance le jour J serait alors plus grand.

 

Source : Sandford et al. BJSM, 2020

 

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