Que faire contre les douleurs de dos ?

Les lombalgies, ou douleurs de dos en langue quotidienne, sont un motif de consultation très fréquent pour les sportifs comme pour les non sportifs. Les lombalgies du sportif sont elles différentes des lombalgies du sédentaire ? La pratique du sport peut-elle être seule responsable de douleurs lombaires et faut-il arrêter le sport lorsque l’on souffre du dos ? Que faire pour soigner les lombalgies et quelle préparation physique pour les éviter ? De nombreux livres répondent longuement à toutes ces questions. Dans cet article, nous tenterons seulement d’orienter les sportifs et de leur éviter de trop s’inquiéter devant une pathologie commune le plus souvent bénigne.

mal de dos

Fréquence des lombalgies chez les sportifs : attention aux idées reçues

Voici quelques idées reçues à qui nous devons tourner le dos : les sportifs souffrent plus de lombalgies que les sédentaires ; plus on fait de sport, plus on mal au dos ; les lombalgies sont plus sévères chez les sportifs. En fait, toutes les études qui comparent la fréquence des lombalgies dans les mêmes classes d’âge montrent que les enfants sportifs souffrent moins souvent de lombalgies que les enfants non-sportifs. D’autres études révèlent que la fréquence des lombalgies chez les adolescents est plus élevée chez ceux qui font moins de deux séances de sport par semaine. Et si le pourcentage de sportifs qui souffrent du dos est élevé, environ 17 %, cette fréquence est encore plus élevée chez les non-sportifs notamment en surpoids.

Fréquence des douleurs lombaires et sports pratiqués : attention aux idées reçues

« Vous avez mal au dos : arrêtez votre sport habituel pour pratiquer la natation ». Voici encore une idée reçue qui ne devrait plus être véhiculée par les professionnels de santé. En effet, un travail récent montre que les sportifs intensifs qui pratiquent la natation sont les sportifs les plus souvent atteints de lombalgies et ceci devant les basketteurs, les footballeurs et les joueurs de tennis. Il est possible d’interpréter les résultats de ce travail comme suit : la natation est un geste technique global et complexe mais pratiqué en position allongée et en apesanteur. Ce qui ne prépare pas forcement les muscles lombaires à la position assise ou debout prolongée.

Les causes des douleurs de dos chez les jeunes sportifs

Les causes des lombalgies sont différentes chez les jeunes sportifs et chez les adultes. Chez l’enfant et l’adolescent, deux pathologies surviennent en premier lieu en cas d’hypersollicitation et de microtraumatismes répétés : la maladie de Scheuermann, ou dystrophie rachidienne de croissance qui atteint le corps de la vertèbre, et la lyse isthmique qui s’apparente à une fracture micro-traumatique de l’arc vertébral postérieur. Ces deux atteintes sont faciles à diagnostiquer avec de simples radiographies même si un scanner peut être parfois nécessaire. Les hernies discales existent chez les enfants et les adolescents mais elles sont rares.

Les causes des lombalgies chez l’adulte sportif

Chez l’adulte sportif les causes des douleurs lombaires sont souvent difficiles à cerner. Plusieurs structures peuvent être impliquées dans les douleurs : l’os, le disque intervertébral, les articulaires postérieures, les ligaments, les muscles. Il est donc nécessaire de faire un examen clinique complet pour comprendre l’origine des douleurs avant d’orienter le sportif vers l’imagerie la mieux adaptée : radiographies standards, scanner, IRM, parfois échographie.

Les traitements médicaux des lombalgies du sportif

Les traitements des lombalgies chez le sportifs sont les mêmes que chez les non-sportifs ou chez les professionnels à risque. Les médications utilisées par voie générale sont les suivantes : anti-inflammatoires, antalgiques, décontracturants et myorelaxants, parfois antidépresseurs. Les infiltrations de corticoïdes sont parfois utilisées avec succès en cas d’atteinte des articulations vertébrales postérieures. Acupuncture et mésothérapie peuvent soulager la douleur.
Les traitements physiques sont nombreux : orthèses et contentions lombaires, tractions vertébrales, manipulations vertébrales, stimulations électriques transcutanées (TENS), thérapie au laser, ondes de choc et ultrasons.

Et quand rien ne marche ?

Les lombalgies du sportif ne sont pas systématiquement en relation avec des problèmes mécaniques. Ces douleurs peuvent aussi révéler une pathologie rhumatismale et inflammatoire. Il faut savoir y penser, surtout si les douleurs sont importantes en fin de nuit et au réveil, s’accompagnent d’un dérouillage matinal et d’autres douleurs articulaires notamment au niveau des tendons d’Achille. Certains examens sanguins bien ciblés pourront faire la preuve que ces lombalgies ont une origine inflammatoire. La solution est alors de traiter le sportif par des anti-inflammatoires puissants et adaptés.

Faut-il arrêter de courir en cas de mal de dos ?

En cas de douleurs lombaires sans irradiations, il n’y a pas de raisons d’arrêter de courir ou de faire du sport de manière raisonnée et raisonnable. Mais les runners ne sont pas tous raisonnables… Certains signes décrits par le coureur doivent pourtant inciter à arrêter temporairement la course à pied. C’est le cas si les douleurs irradient derrière la cuisse et/ou à la face externe de la jambe ou si les douleurs irradient à la face interne de la cuisse. Ces irradiations sont le signe d’une compression nerveuse par un disque intervertébral et évoquent en premier lieu une sciatique ou une cruralgie. Avec le temps, le disque intervertébral se modifie et remplit moins bien son rôle d’amortissement face aux charges mécaniques anormales ou répétées. Le repos sportif est alors incontournable pendant plusieurs semaines.

Rééducation du lombalgique et préparation physique lombo-abdominale du sportif

Quelle que soit l’origine de la douleur lombaire du sportif, le passage par la case rééducation puis par la préparation physique est incontournable. Les termes habituellement utilisés dans le sport sont les suivants : abdominaux, gainage, abdo-fessiers, renforcement musculaire, verrouillage, blindage, muscles profonds, Pilates, etc. Toutes ces méthodes sont intéressantes si elles sont bien comprises et bien réalisées. Malheureusement les sportifs préfèrent généralement les nombreuses répétitions en force et oublient d’intégrer la finesse du fonctionnement des muscles qui ont un rôle respiratoire (diaphragme et transverse) et des muscles qui permettent de verrouiller le périnée (sphincter de l’urètre et releveur de l’anus).

Pour mieux aborder la complexité du fonctionnement vertébral, médecins et kinésithérapeutes du sport utilisent plutôt les termes de renforcement musculaire lombo-abdominal, évaluation fléchisseurs et extenseurs du rachis, équilibre lombo-pelvien, travail hypopressif.  

Les étirements des muscles psoas-iliaques.

Les deux muscles psoas-iliaques sont situés en avant et latéralement de la colonne lombaire. En contrôlant la cambrure et en répartissant la pression qui s’exerce sur les disques intervertébraux, ils ont un rôle essentiel dans le positionnement de la colonne vertébrale sur le bassin. Un mauvais fonctionnement de ces muscles est très souvent évoqué dans la survenue des douleurs lombaires. L’étirement du muscle psoas-iliaque se réalise allongé sur le dos, les fesses en bord de table ou de lit, une  cuisse ramenée sur le buste, l’autre cuisse pendante vers le sol. Sur la photo, le kinésithérapeute réalise lentement l’étirement du muscle. Si l’étirement est effectué seul, c’est l’apesanteur qui aide à l’étirement passif du psoas-iliaque. La tension musculaire est ressentie au niveau de l’aine.

Douleurs dos

 

Lombalgies et sport, les conseils du médecin du sport :

  • Les douleurs du dos sont très fréquentes chez le sportif mais le sport est très souvent le meilleur moyen de les traiter.
  • La survenue de lombalgies chez un sportif adulte peut être un signe de dégénérescence du disque intervertébral. Les explorations radiologiques seront donc orientées sur les disques lombaires.
  • Ces lombalgies permettent surtout de remettre en question la préparation physique du coureur qui est souvent inadaptée voire inexistante.
  • Pour prévenir les lombalgies, le renforcement musculaire lombaire et abdominal doit intégrer le fonctionnement des muscles de la respiration et des muscles du périnée.
  • En cas de douleurs lombaires, le sport a trop souvent bon dos. Les mauvaises postures lors du travail ou des déplacements sont bien plus souvent responsables des lombalgies que l’exercice physique lui-même. Etirer systématiquement les muscles psoas-iliaques après des positions assises prolongées (déplacements, sédentarité au travail) est une excellente prévention des douleurs lombaires.

8 réactions à cet article

  1. Bjr Dr, merci pour votre article avec lequel nous sommes pleinement en accord. Nous portons simplement à votre connaissance l’existence d’un système efficace pour absorber les vibrations au niveau lombaire liées à la pratique d’un sport et maintenir l’étirement entre les disques vertébraux en cas de risque de pincement ou tassement. Nous restons à votre disposition.
    Philippe DUBOS, Kiné Ostéo

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  2. Les causes du mal de dos sont multiples. Pour le limiter, dormons dans des lits longs; lit de 210 ou + pour les grands.

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  3. merci poru cet article ! j’avais trouvé un article qui m’avais paru interessant aussi je vous l’ai retrouvé, je pense que cela peut vous interesser http://reflexosteo.com/jai-le-cou-qui-craque/
    Encore une fois merci pour vos informations précieuses !

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  4. Bonsoir,

    je suis très déçu de ne lire aucunes références à la méthode Mc Kenzie (http://www.mckenzie.fr/) (http://www.mal-au-dos.be/methode-mckenzie/) ?? Ce doit-être la technique qui actuellement doit avoir le plus d’études scientifiques qui prouvent son efficacité dans les problèmes liés aux disques intervertébrales ou aux articulations postérieures lombaires.
    La plupart des techniques encore utilisées aujourd’hui par mes confrères masseur-kinésithérapeutes (Compresse de chaud, TENS, Ultra-sons, Traction vertébrale…) ne sont basées sur aucune études scientifiques fiables au contraire de la méthode Mc Kenzie.

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  5. Merci pour cette article qui déblaie pleins d’idées reçues et donnent de véritables conseils rationnels en fin d’article.
    Ça change du flood des articles osteo (qui peinent toujours à faire preuve de leur efficacité) et qui noient les articles comme ceux ci qui sont bien plus pertinents.

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  6. Un très bon article qui met en évidence le rapport entre ce qui se passe dans les lombaires et la capacité de courir sans problème. Il faudrait aussi souligner que la courbe lombaire a aussi son importance et que cette courbe qui fait office de ressort pour pouvoir absorber les chocs doit être pris en compte comme l’étude auquel je fais référence dans mon article : https://paris-chiropratique.com/lordose-lombaire-et-attenuation-des-chocs-pendant-la-course/

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