Philippe Pellois : « C’est une œuvre d’art de cross que l’on a réalisé avec toutes ces couleurs, ce parcours magnifique. »

Les championnats de France de cross-country ce samedi 11 et dimanche 12 mars à Carhaix (Finistère) s'annoncent de toute beauté.
Philippe Pellois, président de la commission nationale du running et responsable du circuit tracé sur le site de Kerampuilh se confie sur ce parcours exigeant et qui sera boueux dans la vraie tradition du cross. Entretien.

Le site de Carhaix qui accueille les championnats de France de cross-country 2023 - Crédit photo : Philippe Pellois

Lepape-info : Philippe, vous avez concocté avec votre équipe un parcours fantastique dans un cadre merveilleux

Philippe Pellois : Il y a une histoire avec ce site de Kerampuilh. En 1996 des championnats de France de cross-country se sont déroulés pour la première fois ici, en voyant la beauté et la capacité d’accueil le célèbre festival de musique des Vieilles Charrues s’y est installé chaque été à partir de 1998 avant le retour des championnats de France en l’an 2000. Lorsque j’ai commencé à élaborer des parcours de cross on me parlait souvent de Carhaix en 2000, on a eu Plouay en 2018 qui est devenu la référence et cette année on revient sur un site mythique fait pour le cross.

Lepape-info : Vous êtes sur place depuis 3 semaines pour tout installer mais le projet a été initié il y a bien longtemps

P.P : Cela fait un an que nous sommes sur le projet avec des Bretons qui sont au top, des passionnés qui aiment le cross aussi bien les bénévoles que les gens de la ville de Carhaix qui avaient commencé à tracer un parcours en reprenant ce qui avait été fait en 1996 et 2000 avec des évolutions sur les distances, le nombre de catégories entre maintenant et il y a plus de 20 ans. Nous avons à présent 11 courses où il faut faire tenir toutes les distances avec la nécessité de tracer 3 boucles différentes avec des couleurs distinctes pour se repérer. La petite d’une longueur de 1 000 m est de couleur jaune, la moyenne de 1 900 m est rouge, la grande de 2 400 m est violette. Ce sont environ 20 à 30 personnes qui m’ont accompagné sur le site pour que tout soit prêt à temps.

Crédit photo : Philippe Pellois

Lepape-info : L’installation qui s’est faite minutieusement a commencé il y a 3 semaines

P.P : Tout commence par le traçage, on tire des cordeaux de 300 à 400 mètres de part et d’autre notamment sur la ligne droite du départ pour que tout le monde parcourt la même distance. Ensuite on pré-trace le parcours avec ce que l’on appelle des piquets à vache, ensuite on utilise une roue de mesure au fur et à mesure pour savoir si l’on tombe sur les bonnes distances. Une fois que l’on a mesuré les bonnes distances, on enlève les piquets à vache et on passe avec la traceuse sur toute la ficelle. On a ainsi préparé 5 km de terrain avant de planter les piquets définitifs. Ensuite on fait des traits tous les 5 mètres pour ensuite placer les poteaux, une équipe installe les filets en fonction de l’emplacement des poteaux disposés les uns après les autres. Cela a représenté 8 jours de piquetage pour baliser tous les parcours avec environ 2 500 poteaux et environ 6-7 km de filets. Reste à finaliser, à boucher les trous, à combler les éventuelles tranchées apparues avec la pluie cette semaine avec de la sciure pour éviter les pièges pour les coureurs.

Crédit photo : Philippe Pellois

Lepape-info : Pas de piège dangereux pour les coureurs mais le parcours sera très exigeant

P.P : Pour en avoir discuté avec quelques athlètes il y aura peu de moments de récupération, ils seront toujours en prise. Certaines lignes droites sont devenues des courbes car parfois sur le parcours il manquait 20-30 mètres. Il faudra toujours chercher la meilleure position possible dans les virages ou autres tournants. L’une des principales difficultés sera une portion en forme de cœur très exigeant et sinueux, les athlètes devront en quelques mètres plonger pour remonter une pente en suivant un tracé en cœur. Il y aura quelques montagnes russes, une petite rivière qui finalement se remplit toute seule avec la pluie qui tombe depuis le début de la semaine, beaucoup de virages et autant de relances. Un parcours pour les spécialistes de cross, je pense que l’on assistera peut-être à des courses d’attente excepté sur le cross court. Un parcours très visuel aussi puisqu’en se plaçant en hauteur, sur les petits talus, les spectateurs sans bouger pourront voir au moins 75% de l’ensemble du parcours.

Crédit photo : Philippe Pellois

Lepape-info : Votre avez déjà connu quelques championnats de France de cross

P.P : J’ai commencé aux Mureaux (Yvelines) en 2017, j’ai commencé à tracer avec mes équipes le parcours en 2018 à Plouay puis ensuite à Vittel, Montauban, aux Mureaux et donc à Carhaix cette année.

Lepape-info : Qu’attendez-vous de ce week-end ?

P.P : Une belle fête qui s’annonce formidable. Pour chaque course sauf pour les Masters il y aura un bagad qui jouera de la musique pour les coureurs avant le départ. Il y aura 4 restaurants pour que le public soit bien, se mette à l’abri aussi s’il pleut. J’espère que les athlètes seront heureux, certains et certaines sont venu(e)s s’entraîner ici les deux derniers week-end. 30 à 35 000 spectateurs sont attendus et tout a été fait pour que les personnes puissent facilement circuler, la météo s’annonce capricieuse avec quelques gouttes, un temps de cross finalement. Je suis très heureux mais aussi très anxieux parce que le rendez-vous de Carhaix est très attendu. Si on faisait un beau cross cela ne serait pas suffisant, il faut que l’on fasse un très beau cross. C’est une œuvre d’art de cross que l’on a réalisé avec toutes ces couleurs, ce parcours magnifique.

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