Méline Rollin : « J’ai montré que cela n’était pas un rêve de faire les Jeux et que je pouvais y prétendre. »

Le Kenyan Joshua Belet s'est adjugé le 46e marathon d'Amsterdam (Pays-Bas) en 2h04'18 alors que chez les femmes la victoire est revenue à l'Éthiopienne Meseret Belete en 2h18'19.
Côté Français, très belle 9e place pour Abderrazak Charik premier Européen en 2h08'35 qui améliore son record de 2 minutes mais qui échoue à 25 secondes des minima pour les Jeux Olympiques de Paris.
Record également cruel pour Méline Rollin qui pour son 2e marathon pulvérise sa meilleure marque de près de 4 minutes en 2h26'55 à seulement 5 secondes des minimas olympiques.
Méline Rollin 11e à Amsterdam et désormais 4e meilleure performeuse Française de tous les temps sur la distance ne veut surtout pas en rester là. Entretien.

Méline Rollin 11e du marathon d'Amsterdam en 2h26'55 - Crédit photo : Kiprun

Lepape-info : Méline, vous avez géré votre marathon comme vous l’aviez prévu  

Méline Rollin : Je suis partie sur les bases des minima avec même 10 secondes d’avance lors du passage au semi en 1h13’20. Après il y a eu quelques aléas météo pendant la course (grosse averse pendant le second semi-marathon) un peu compliqués mais les deux semis sont plutôt équilibrés, il aura manqué 5 secondes. Au 34e – 35e kilomètre c’est devenu dur mais je n’ai rien lâché, c’est le cumul d’un parcours pas si facile que cela et d’une météo pas trop clémente qui font qu’il m’aura manqué ces fameuses 5 secondes. Je savais que cela allait se jouer à rien mais je ne pouvais pas faire mieux à la fin. Il restait un meneur d’allure à côté de moi qui essayait de me pousser au maximum, j’ai essayé de m’accrocher mais c’était vraiment compliqué.

Lepape-info : Vous pulvérisez de plus de 3’30 votre record établi à Valence en décembre dernier  

M.R : J’avais beaucoup d’attentes sur ce 2e marathon, à Valence j’appréhendais de découvrir la distance, aujourd’hui j’appréhendais de prendre plus de risques mais je savais que j’en étais capable. Je loupe les minima mais je ne ne loupe pas ma course. J’ai montré que cela n’était pas un rêve de faire les Jeux et que je pouvais y prétendre. J’ai pulvérisé mon record et je compte bien encore le battre lors du prochain marathon.

Lepape-info : Notons également votre régularité exemplaire au niveau du tempo sur vos 2 marathons, il n’y a pas de passage à vide  

M.R : Je partais aujourd’hui un peu plus dans l’inconnu sur les allures de ce matin mais c’est que j’ai fait preuve d’une grande régularité, je savais que je pouvais payer cher à la fin le moindre petit ralentissement. Encore une fois je savais que cela allait se jouer à rien, je l’ai constaté quand j’ai regardé ma montre au 38e kilomètre et au 40e. C’est en voyant le chrono dans la dernière ligne droite dans le stade que je réalise, j’essaye de sprinter mais je n’en peux plus, à 50 m de l’arrivée je sais qu’il va en manquer un tout petit peu.

Lepape-info : Que ressentez-vous quelques heures après l’arrivée ?  

M.R : Je suis un peu frustrée c’est sûr mais je suis surtout soulagée et hyper motivée pour la suite afin d’aller chercher ces 5 secondes et de me retrouver aux Jeux à Paris. Ce n’était que mon 2e marathon, j’ai tenté les minima et il ne manque pas grand chose pour atteindre mon objectif.

Lepape-info : À 5 secondes des minimas, peut-on espérer que vous soyez quand même aux Jeux ?  

M.R : Je pense que cela va être vraiment compliqué et qu’il faudra recourir pour faire ces fameux minima. La qualification au ranking si c’est possible sera je pense trop compliquée. Participer au marathon de Valence le 3 décembre c’est trop juste, courir à Séville (le 18 février prochain) me semble être une bonne option, c’est un marathon plutôt roulant avec une météo souvent clémente. Cela me laisse plusieurs mois pour récupérer et repartir en préparation. Après Valence l’an passé je pensais déjà aux Jeux, là je suis tellement proche des minima je suis décidée à encore moins lâcher.

Lepape-info : Ce chrono confirme votre belle 18e place aux Mondiaux de semi-marathon à Riga il y a 2 semaines avec un record en 1h10’35

M.R : Cela récompense une grosse préparation mais il faut vraiment savourer. Dans une carrière d’athlète il y a souvent plus de déceptions que de réussites, actuellement je profite et je ne perd pas de vue l’objectif principal d’être aux Jeux Olympiques.

Méline Rollin : « Je préfère être dans l’optique de me focaliser sur un autre marathon comme celui de Séville. Si jamais par miracle j’étais retenue pour les Jeux sans devoir recourir tant mieux mais je préfère me dire qu’il faut refaire un marathon, dans ma tête c’est plus simple. »

Lepape-info : Votre nouvel aménagement de vie professionnelle à 40% pour vous laisser plus de temps pour vous entraînez porte ses fruits  

M.R : Cela change le quotidien, cela me permet de mieux récupérer, mieux dormir, je ne suis pas obligée de m’entraîner à 7h du matin, c’est un vrai plus. Je pense que je peux encore optimiser tout cela, on verra la suite mais c’est sur que ce nouveau rythme a pesé dans la balance pour des performances comme celle d’aujourd’hui. Avant comme du temps où j’ai couru à Valence, je travaillais à temps complet et je m’entraînais avant tôt le matin et le soir assez tard.

Lepape-info : Quelle est la suite du programme ? Un peu de repos dans l’immédiat ?  

M.R : Je vais prendre le temps de récupérer avant de repartir en préparation dans pas trop longtemps. Je vais aller voir ma famille, pendant ma préparation je suis en stage, je ne vois pas beaucoup mes proches. Je vais prendre le temps de savourer ce que je viens de faire avant de retourner à l’entraînement (en vue du marathon de Séville). Après la ligne d’arrivée il y a eu un petit moment où ce fut un peu dur mais cela est vite passé parce que j’ai réalisé que j’avais bien battu mon record alors que les conditions n’étaient pas idéales, c’est encourageant. Je préfère être dans l’optique de me focaliser sur un autre marathon comme celui de Séville. Si jamais par miracle j’étais retenue pour les Jeux sans devoir recourir tant mieux mais je préfère me dire qu’il faut refaire un marathon, dans ma tête c’est plus simple.

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