Les Sables Express 2022 – Épisode 5 : Rachid El Morabity s’offre un 9ème MDS, chez les femmes grande première gagnante pour Anna Comet Pascua

Le 36ème Marathon des Sables touche bientôt à sa fin. Comme lors des 2 précédentes éditions, nous avons choisi de vous faire vivre les coulisses de cette formidable aventure sportive et humaine dans le désert Marocain.
Ce vendredi, la 5ème étape marathon s'est disputée sous une chaleur bien présente mais qui n'a pas découragé les rescapés qui avaient encore quelques réserves.

Crédit photo : Franck Oddoux - CIMBALY _MDS 2022

Encore un marathon à disputer avant la médaille de finisher c’est la tradition du Marathon des Sables. La 36ème édition n’a pas dérogé à la règle.

Afin de laisser un souvenir inoubliable aux 803 partants de la 5ème étape, le désert a eu l’idée d’augmenter  un peu la température, une impression de chaleur encore renforcée par les sols noirs des 10 derniers kilomètres. Avec la tempête de sable, les fortes pluies et la chaleur excessive, rien n’aura été épargné cette année aux coureurs, de quoi encore plus savourer l’arrivée relativement roulante.

 

Une fois de plus, la stratégie des frères El Morabity a payé : Rachid a emporté cette 5ème étape avec suffisamment d’avance pour passer devant son frère Mohamed sans toutefois être inquiété par leur compatriote Marocain Aziz Yachou.

Les deux frères ont pris la course à leur compte, courant à forte allure, marqués à la culotte par Aziz, et ce n’est que dans les derniers kilomètres que Rachid a encore accéléré, Mohamed de son côté levant le pied. Aziz n’avait pas grand-chose à tenter à ce point de la course et termine donc entre les deux frères.Le chrono d’un peu plus de 3h07mn laisse imaginer l’effort déployé après cette semaine de course.

Rachid El Morabity gagne ainsi son 9ème MDS à tout juste 40 ans, laissant la deuxième place à son frère Mohamed de dix ans son cadet. Aziz Yachou monte sur la 3ème marche du podium après sa quatrième place l’an passé.

Rachid El Morabity touche désormais son rêve du doigt : gagner 10 fois et rejoindre Lahcen Ahansal dans la légende du Marathon des Sables.

Le Français Julien Chorier termine 4ème de l’étape, mais reste à la 6ème place au général. De son côté Mérile Robert s’octroie la 4ème place, ce qui le satisfait amplement vu l’opposition cette année.

 

MDS 2 CIMBALY_MDS22@Marta Bacardit-23
Crédit photo : CIMBALY_MDS22@Marta Bacardit-23

 

Chez les femmes, l’Espagnole Anna Comet Pascua n’a laissé aucune miette à ses poursuivantes en gérant la 5ème étape comme les précédentes, à son rythme, sans se mettre dans le rouge : 5ème victoire d’étape et logique victoire finale.

À 39 ans, Anna devient la seconde Espagnole à gagner le Marathon des Sables après Monica Aguilera en 2010. Elle termine 12ème au classement scratch, démontrant s’il le fallait la valeur de sa performance.

À ce jour, seules deux femmes sont parvenues à entrer dans le Top 10 au MDS : la Française Christiane Plumere lors de la première édition en 1986 (9e) et l’Italienne Franca Fiacconi en 2001 (8e).

3 surprises notables sur le podium d’étape : la Britannique Bethany Rainbow s’intercale entre l’Espagnole et les deux Marocaines Aziza El Amrany et Aziza Raji.

C’est l’effet « étape marathon » : on constate souvent un regain de vigueur sur la dernière étape comptant pour le classement général chez des coureurs s’étant préservés jusque là pour passer l’étape longue sans dommages.

La seconde surprise est la contre-performance de la Française Sylvaine Cussot seulement 8ème juste derrière Laurence Klein qui signe une très belle étape marathon.

Ces quelques particularités ne changent en rien le classement général : Sylvaine Cussot et Aziza El Amrany complètent le podium, laissant Aziza Raji prendre la 4ème place après sa victoire l’année dernière.

 

Sylvaine Cussot 2ème au classement final ravie d’avoir relevé le défi : « J’appréhendais cette étape marathon. Je me demandais même comment c’état possible qu’un corps humain puisse après une épreuve de 86 km enquiller sur un marathon après avoir fait 100 km avant. On était tous dans le même cas, on s’est tous levé motivés, les jambes ont quand même déroulé. Je savais qu’en gérant ça le ferait mais j’avais beaucoup d’interrogation sur la façon dont le corps allait réagir. Je suis très satisfaite de ce que j’ai fait, j’avais comme objectif de donner le meilleur de moi-même sans avoir de regret. Je partais en me disant que je ne connaissais ni l’épreuve, ni l’environnement et que j’allais apprendre surtout des Marocaines qui connaissent bien la course. J’ai appris, j’ai des choses à améliorer mais très très contente de cette 2ème place. Nous sommes 2 néophytes sur cette édition aux 2 premières places devant les Marocaines. Mis à part en course on a très peu échangé avec elles, je ne connaissais pas leur état de forme, Anna qui l’emporte était bien préparé, je me suis beaucoup renseigné sur les blogs, on m’a pas mal conseillé. Si je devais le refaire j’optimiserais mon sac au niveau du matériel (opinel, aspivenin etc … ), hier à l’arrivée il pesait encore 4 kg ce qui est trop pour moi. En terme de préparation je n’ai pas vraiment optimisé avec une fracture de la clavicule à Noël, tout le mois de janvier ce fut compliqué. J’aimerai bien revenir peut-être pas l’année prochaine mais une autre fois. Un ultra trail il faut avoir envie de la faire, envie de le finir, envie de se dépasser cela ne se fait pas en claquant des doigts. Il faut se préparer, c’est une épreuve qui laisse des traces on peut se blesser tout en oubliant pas de gérer entre les étapes. Il faut prévoir à manger, des choses pour récupérer, on se repose peu, on dort mal, il faut bien avoir conscience de la difficulté de l’épreuve.

 

Gaëtan ému d’en avoir terminé avec cette dernière étape chronométrée : « J’ai pu courir tout le long alors que cela fait 2-3 jours que je n’arrête pas de marcher. Il a fait chaud j’ai gardé mon rythme et ça y’est je suis finisher, j’en ai pleuré à l’arrivée.  »

Les Canadiens Yvan (dossard 411) et Franck (dossard 413) ont fait toute la course ensemble depuis le début. Pour Yvan c’est une vraie délivrance : « C’est la 1ere fois lors d’une course dans ma vie que je voulais faire une performance. J’ai rencontré Franck la 1ere journée et je me suis aperçu que la performance passait après l’amitié, le groupe a fait qu’on a décidé de faire la course ensemble, on s’est pratiquement pas lâché hormis 15-20 minutes en une semaine. Ce fut un grand plaisir, du partage, de l’amitié. Le plus dur pour moi fut le sable pour ce qui est de la chaleur je m’étais entrainé à courir avec une chaleur de 50-55 °C avec un chauffage industriel et un poêle à bois près de mon tapis roulant dans un lieu fermé. Pour le sable, Franck m’a beaucoup aidé, au bout de 3-4 jours on avait les mêmes reflexes, on se tassait. C’est incroyable comme c’est difficile de courir dans le sable, chez nous on dit que les Amérindiens ont 17 noms différents pour appeler les différents types de neige, j’ai l’impression que c’est la même chose pour le sable tellement il y a de variétés. Tu as l’impression par moments que cela va porter et puis tu cales. Vu que l’on arrivait avant les autres, monter le campement nous prenait beaucoup de temps surtout lorsqu’il y avait du vent. C’était ma première course à étapes et j’ai appris énormément de choses. Mais sans doute ma dernière dans le désert je préfère le froid (rire). Le Marathon des Sables en un mot ? AMITIE

Franck qui a déjà eu une expérience de course en milieu désertique a apprécié ces moments : « On était en phase dès le début c’était une très belle expérience. Le plus difficile pour moi fut les 2 premières journées avec la tempête de sable, moralement c’était très difficile avec les lignes droites de 7-8 km et le sable en pleine face. Le sable, le vent, la chaleur, les dénivelés, les dunes ajoutés tous ensemble rendent l’aventure parfois compliquée. Le Marathon des Sables en un mot ? BEAUTE

 

Un grand bravo à toutes celles et tous ceux qui en ont terminé. Comme à son habitude, le directeur de la course Patrick Bauer a attendu chaque concurrent, du premier au dernier, pour leur remettre leur médaille de finisher.

L’émotion était palpable sur la ligne d’arrivée, et même les gaillards les plus imposants et robustes ont eu du mal à retenir leurs larmes.

Demain il ne restera que les 7,7 km de l’étape Solidarité Marathon des Sables sans aucune pression chronométrique avant que l’aventure ne se termine.

 

CLASSEMENT ETAPE 5 

FEMMES 

  1. Anna COMET PASCUA (ESP) – 4h09’48
  2. Bethany RAINBOW (GBR) – 4h14’18
  3. Aziza ELAMRANY (MAR) – 4h16’13
  4. Aziza RAJI (MAR) – 4h27’46
  5. Amelia CULSHAW (GBR) – 4h28’28

 

HOMMES  

  1. Rachid EL MORABITY (MAR) – 3h07’25
  2. Aziz YACHOU (MAR) – 3h07’46
  3. Mohamed EL MORABITY (MAR) – 3h09’08
  4. Julien CHORIER (FRA) – 3h30’33
  5. Jordan TROPF (USA) – 3h30’56

 

CLASSEMENT GENERAL FINAL  

FEMMES 

  1. Anna COMET PASCUA (ESP)
  2. Sylvaine CUSSOT (FRA)
  3. Aziza EL AMRANY (MAR)

 

HOMMES  

  1. Rachid EL MORABITY (MAR)
  2. Mohamed EL MORABITY (MAR)
  3. Aziz YACHOU (MAR)

 

Enfin un immense merci à Elodie Bonnin comme d’habitude pour son indispensable et précieuse collaboration au plus près du bivouac tout au long de cette 36ème édition du Marathon des Sables !  

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