La périodisation inversée en cyclisme : une remise en question du modèle traditionnel

Nous avons vu qu’il n’existait pas une seule manière de planifier sa saison. Si l’on respecte certains grands principes de l’entraînement, on peut réussir sa préparation en empruntant des chemins très différents. Exemple ici, où nous allons voir une méthode de planification assez novatrice en cyclisme et qui prend le contre pied de certains modèles plus traditionnels : la périodisation inversée.

Vélo BMC

Qu’est ce que la périodisation inversée ?

Habituellement, le cycliste sur route débute sa préparation par une période dite foncière où il accumule les kilomètres en endurance. Puis, progressivement, il introduit des intensités de plus en plus soutenues. Le volume, lui, a tendance à augmenter durant la période foncière pour diminuer ensuite. Le concept de périodisation inversée nous vient surtout d’autres sports comme la natation ou la course à pied. En cyclisme, c’est sur la piste que s’est d’abord développée cette méthode.

La planification dite inversée consiste à débuter très tôt les intensités et à placer la période de volume maximale plutôt en fin de préparation. L’augmentation du volume global se fait progressivement et il en est de même pour le volume passé à haute intensité. Il ne faut donc pas croire que cet entraînement impose de travailler dans un premier temps les intensités puis dans un deuxième temps l’endurance. Intensité et travail en endurance se mêlent tout le temps et c’est la charge globale qui a tendance à croître au fur et à mesure des cycles.

Une remise en cause du modèle traditionnel

En cyclisme, en France, on commence à entendre parler de périodisation inversée depuis 2013. Tim Kerrison, entraîneur chez SKY, évoque alors ce concept dans une interview. Il dit que son équipe s’entraîne avec cette méthode et que cela explique, en partie, la progression de ses coureurs. Evidemment, on ne base pas son entraînement sur les simples dires d’une personne, aussi compétente soit elle. Mais cela a au moins le mérite d’éveiller la curiosité.

En creusant un peu, on note que les cyclo-crossmen atteignent parfois un très haut niveau de performance sur route en faisant beaucoup d’intensités l’hiver. On remarque aussi que les périodes de forme interviennent régulièrement après de gros volume d’entraînement.

Dans ce modèle de planification il n’y a donc plus vraiment la place pour la période foncière. C’est peut être là la principale évolution. Si ce modèle apporte des résultats, et c’est le cas, c’est certainement que l’endurance réalisée en début de préparation n’est pas si indispensable que cela. On ne récupère pas mieux en mars ou en juillet si on a accumulé beaucoup de kilomètres en endurance en hiver.  Et de la même manière, on ne revient pas plus vite en forme après une blessure si notre « socle foncier » est important.

  • Quels avantages ?

Premièrement, le coureur qui roule moins l’hiver s’épargne des contraintes importantes liées à la météo. Mentalement et physiquement, il va gagner en fraîcheur lorsque les beaux jours vont arriver et qu’il rentrera dans la phase finale de sa préparation.

Deuxièmement, cette méthode implique un respect plus important du principe de progressivité. On peut pourtant penser que commencer les intensités très tôt ne va pas dans ce sens là. Mais au final, faire beaucoup d’heures en début de préparation implique souvent une charge d’entraînement supérieure.

Troisièmement, la périodisation inversée permet de consacrer plus de temps aux intensités dans une période où le cycliste ne doit pas composer avec l’enchaînement des courses. En effet, il est parfois plus difficile de réaliser de nombreuses séances d’intensités entre les compétitions sans générer une fatigue préjudiciable à long terme.

  • Quelle place pour l’endurance en hiver ?

Malgré cette remise en question de la période foncière, l’endurance joue tout de même un rôle majeur dans les processus de récupération et d’assimilation des charges d’entraînement. Il est donc conseillé à tous les cyclistes de maintenir un équilibre entre l’entraînement intensif et l’entraînement à basse intensité. L’hiver, cela se traduit donc par des séances intensives courtes couplées à des séances d’endurance courtes. Pour explorer davantage cette problématique on peut aussi s’intéresser au concept de polarisation de l’entraînement. Mais ceci est un autre sujet.

Un exemple de périodisation inversée

Cycle

Evidemment, ceci n’est qu’un exemple parmi de multiples possibilités. L’objectif ici est avant tout de donner une idée de ce que peut être une périodisation inversée. Alors qu’il n’existe pas de hiérarchie entre les différents modèles, la périodisation inversée apparaît alors comme une bonne opportunité pour repenser notre approche de la préparation en cyclisme.

1 réaction à cet article

  1. Autre avantage, quand on vit en moyenne montagne ou montagne, ça devient presque naturel, car on ne peut qu’aller dormir en plaine, sinon, dur quand on a un mois de janvier pourri ou quinze jours de pluie d’aller faire du foncier, mieux vaut consacré l’hiver au cyclo-cross ce qui oblige à faire du fractionné et ensuite profité du printemps pour allez se faire plaisir dans le Sancy.

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