Jérémy Ramillien, ou comment réussir à préparer un marathon sur tapis

Qui n’a jamais laissé ses chaussures de running au placard à cause d’une météo capricieuse ? Qui ne s’est pas réfugié dans une salle de sport, bien au chaud sur son tapis de course pour échapper au froid ou à la pluie ? Jérémy Ramillien, lui, a préparé son premier marathon en grande partie sur tapis, par contraintes professionnelles. Portrait.

Jeremy Ramillien

On a coutume de dire que la course à pied est le sport qui symbolise le plus la liberté. Il suffit de prendre ses chaussures et d’aller courir. En clair : zéro contrainte ! Mais si les contraintes ne sont pas imposées par l’activité elle-même, elles viennent parfois d’ailleurs. D’une activité professionnelle, par exemple.

Jérémy Ramillien, 30 ans, travaille dans la « prospection pétrolière ». Aujourd’hui employé d’une grande compagnie, il confie avoir un travail « plus sédentaire, essentiellement en France », mais  ses précédentes responsabilités lui imposaient « des rotations de 5 semaines en mer (à bord d’un bateau pour réaliser une sorte d’échographie du sous-sol), 5 semaines à terre ».
Avant, son sport de prédilection, c’était le rugby. Il courait de temps en temps, sur tapis, à bord du bateau. Pas question de prendre un dossard, ni de suivre un plan d’entraînement. « C’était pour de l’entretien au niveau cardio. Pour ne pas être trop largué en rugby en rentrant. Et puis, j’ai voulu améliorer mes performances, d’abord pour le rugby. J’ai commencé à étudier les façons de s’entraîner spécifiquement en course à pied. J’avais déjà des notions, on faisait notamment des séances de fractionnés lors des entraînements rugby. Là, je m’y suis intéressé personnellement. »

La machine s’enclenche

Il y a aussi eu cette blessure lors d’un match de rugby : un bras immobilisé pendant 3 à 4 mois. Peut-être l’un des éléments qui a fait pencher la balance en faveur de la course à pied. Toujours est-il qu’il s’est essayé à un premier plan… pour aboutir rapidement à ce constat : « sans objectif, je ne le suivais pas ». Alors, Jérémy Ramillien s’est programmé un semi-marathon. Ce serait Cancale Saint-Malo, le 26 juin 2011. Pratique, vu qu’il habitait à cette époque à Caen. Un plan d’entraînement de dix semaines, au rythme de 3 séances hebdomadaires. Suivrait ensuite un autre plan (14 semaines, 4 à 5 séances hebdomadaires), cette fois pour préparer le marathon de New York. Bref, la machine était enclenchée.

Et justement, les machines, il allait falloir s’en contenter. « A terre, je m’entraînais dehors, mais sur le bateau, c’était obligatoirement dans la salle de sport ». Tapis, elliptique, rameur : un équipement certes très satisfaisant, mais pas sans contraintes. « Quand la mer était agitée, on sentait vraiment le bateau bouger, tanguer. J’ai calé certaines séances en fonction de la météo », explique Jérémy Ramillien avant de tempérer : « D’un autre côté, heureusement que le bateau bougeait un peu, ça permettait de casser le côté usant du tapis ».

Plusieurs inconvénients

La monotonie. Voilà selon lui le principal inconvénient d’un entraînement sur tapis. « Les appuis sont toujours les mêmes. La lassitude s’installe très vite. Sur certaines séances à allure continue, je n’ai pas réussi à aller au bout. La plupart du temps, je regardais des films ou des séries en même temps pour ne pas trop voir le temps passer ». Au final, pour sa préparation semi-marathon, il n’a pas fait de séance supérieure à 1h15 sur tapis. 2h15 pour sa préparation new-yorkaise.

Autres problèmes : « Le manque d’air, le côté suffoquant de la salle ». Et le « temps de réaction du tapis ». « Pour les fractionnés courts, type 30/30, ce n’est vraiment pas facile. Le temps que le tapis s’adapte à la nouvelle allure, on perd facilement 5 à 10 secondes. Ma solution, c’était d’augmenter un peu l’intensité, et entre deux séries de faire un repos total, en attrapant les côtés du tapis et posant mes pieds sur le support fixe. Juste avant le début de la nouvelle série, je me remettais à courir ».

Lui n’a pas systématiquement introduit de pente pour compenser l’absence de résistance d’air. « Je fonctionnais aux sensations, et j’avais aussi l’impression que le sol de la salle était un peu penché ! »

Après avoir couru le semi-marathon Cancale Saint-Malo en 1h45mn05s, il a bouclé son marathon de New York en 3h37mn (temps personnel relevé sur sa montre Garmin). « Une expérience géniale, conforme à tout ce que j’avais lu sur Internet. J’ai eu de super sensations, pas de douleurs articulaires mais des ampoules. J’étais en forme, vraiment prêt. Mais j’ai manqué un peu de capacité d’accélération sur la fin. Les derniers kilomètres sont vraiment difficiles à New York ».

Depuis qu’il a changé de poste et de rythme professionnel, il continue de s’entraîner parfois sur tapis, quand la météo n’est pas favorable. « Quand il fait beau, je ne me pose même pas la question, c’est bien mieux dehors. Je ne vois pas l’entraînement sur tapis comme quelque chose de complémentaire, mais vraiment comme un aspect pratique, quand on n’a pas le choix ». Et d’ajouter : « Je trouve que ça augmente vraiment la difficulté. C’est très lassant. Pour moi, la perception d’effort est supérieure quand on s’entraîne sur tapis. Mais du coup, ça renforce la joie de pouvoir s’entraîner en extérieur ». Ce dont il ne va pas se priver, en vue de son prochain objectif : le marathon de Berlin, le 30 septembre 2012. Même si « le premier mois de préparation devrait se faire à bord d’un bateau ».

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