Mohamed-Amine El Bouajaji arrive à maturité

Triple champion d'Europe de cross par équipes en titres (juniors et espoirs), Mohamed-Amine El Bouajaji (21 ans) sera évidemment l'un des favoris pour la sélection pour Tilburg ce dimanche à Lisses. Une pression habituelle pour celui qui est annoncé depuis ses débuts comme l'un des grands espoirs du demi-fond français. Une attente qu'il a appris à gérer malgré une progression moins linéaire qu'attendue. Rencontre.

Mohamed-Amine El Bouajaji en stage à Vittel.
Mohamed-Amine El Bouajaji, avec notamment Jimmy Gressier, en stage à Vittel.

Ce dimanche à Lisses (91), Mohamed-Amine El Bouajaji se présentera parmi les prétendants pour les Championnats d’Europe espoirs de cross. Un cut que le Strasbourgeois a toujours franchi par le passé, revenant à chaque fois avec une médaille d’or par équipes (juniors 2015 et 2016, espoirs 2017) autour du coup. Et cette fois encore, son nom fait partie des premiers à coucher sur une feuille quand on pense aux leaders de cette génération avec notamment Jimmy Gressier et Hugo Hay.

Une pression depuis les cadets

D’ailleurs, cette attente, l’élève de Jean-Marc Ducret au Strasbourg Agglomération Athlétisme, flirte avec depuis longtemps. Troisième du Festival olympique de la jeunesse sur 3 000 m en 2013, « Momo », comme l’appelle ses proches, a toujours été attendu au plus haut niveau. Surtout que le rapprochement avec un certain Mehdi Baala, a très vite été fait avec la même distance (1500 m) et la même ville d’origine (Strasbourg). « Il y a forcément un stress avec l’attente des gens, avoue-t-il. On veut leur faire plaisir. Mais ce n’est pas une solution. »

Cette réponse, le miler l’a obtenue à ses dépens, quand, après une belle victoire aux Championnats de France de cross court en 2017, il décide de préparer directement les Mondiaux seniors de Londres, au lieu de rester focus sur sa catégorie espoirs. Résultat, une saison manquée, et des Europe espoirs vécus de loin. « A un moment donné, j’ai cédé à la pression et j’ai voulu trop bien faire en m’entrainant beaucoup plus dur que les autres. Malgré l’avis de mon coach, j’ai voulu m’entrainer pour aller aux Mondiaux sur 1 500 m. C’était trop ambitieux, j’ai cassé trop de barrières d’un coup. Je me suis blessé parce que mon corps n’était pas prêt pour ça. C’était une bêtise ! »

Fini les mines en footing

Tout comme ces fameuses « mines » lors de footings ou de séances, quitte à se cramer les ailes avant les échéances. « J’ai gagné pas mal en maturité. Avant, j’étais le spécialiste des attaques en footing ou des relances. Je mettais des mines quitte à m’exploser. Je suis quelqu’un de têtu et j’avais besoin de me tromper pour apprendre. »

A le voir faire ses footings de récupération tranquille, on comprend que le gamin a grandi. Et même si ramener une nouvelle médaille des Europe de cross est une case cochée sur ses objectifs, son regard se pose plus loin, vers cette piste et le 1 500 m qu’il n’a pas encore su dompter pleinement (3’40″07 en 2018). « Quand je suis descendu sur 1 500 m (il faisait surtout du 3 000 m en cadets), mon coach m’avait prévenu que ça serait difficile et que ça prendrait du temps. Il faut y aller étape par étape et j’attends mon heure. »

Une heure qui devrait arriver un jour, à la vue de la détermination du « Guépard d’Alsace », son surnom sur les réseaux. « Ca passera tôt ou tard. Je ne vais plus bouder parce que je manque tel ou tel objectif. J’ai trop confiance en moi pour me dire : « c’est mort ». Chaque année je franchis des caps à l’entrainement mais là où j’ai vraiment progressé c’est en maturité. L’objectif c’est d’apprendre ! ».

Un nouveau cours est prévu pour ce dimanche, mais quoi qu’il arrive, Mohamed-Amine El Bouajaji repartira de l’avant.

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