100 km de Belvès 2013 : du bonheur sans limite

Les limites sont faites pour être dépassées. Sur les 100 km de Belvès 2013, support des championnats de France et d’Europe de la spécialité, personne ne dira le contraire. Ni les coureurs, ni les accompagnateurs, ni les organisateurs.

100 km Belvès 2013


« Il est où mon fiston ? Il est parti se coucher ? »
. Appareil photo dans une main, l’autre sur le guidon de son vélo, André trépigne. Et plaisante. Il attend son fils Stéphane, qui a pris le départ des 100 km de Belvès il y a moins d’une heure. Nous sommes au dixième kilomètre. Là où les accompagnateurs à vélo peuvent retrouver leur protégé. Tant pour les ravitaillements que pour l’aide morale, ces suiveurs sont des aides de plus en plus précieuses au fil des kilomètres.

Comme André, ils sont donc des dizaines à être postés sur le bas-côté, et à scruter, au loin, l’arrivée de leur coureur. « Bande de faignants », lance l’un d’eux à l’encontre des cyclistes. Eclat de rires général. L’ambiance est bon-enfant.

Les sourires sont aussi de sortie, à Vitrac Port, au ravitaillement du 35ème kilomètre. Il est 10h30 environ, « 60 concurrents sont déjà passés », affirme une bénévole qui s’amuse à tenir les comptes. Ici, certains de ses « collègues » volontaires sont arrivés sur place à 7h30, pour monter le stand et disposer les victuailles. Jean-François s’efforce de faire passer au mieux les consignes afin de fluidifier le passage. «Les suiveurs, vous posez d’abord vos vélos, et ensuite vous pouvez manger ! ». Treize ans qu’il est bénévole et il l’affirme : « Il y a des coureurs que je connais depuis des années ! Certains ont leurs petites habitudes ». Quelques minutes plus tard, un de ces fidèles arrive, avec un style peu académique. « Lui, chaque année il est là. On a toujours l’impression qu’il va abandonner dans les cent prochains mètres, mais il continue, et il arrive au bout ».

100 km Belvès 2013Courir un 100 km ne s’improvise pas. L’organiser non plus. Quand les mille sportifs engagés ce samedi trouvent les ressources nécessaires pour surmonter leurs coups de mou, les 600 bénévoles mobilisés pour l’événement multiplient les couches de vêtement pour se réchauffer. Les suiveurs, eux, n’en finissent plus de pédaler. Un peu après le 40ème kilomètre, lorsque le peloton, très étiré, s’engage sur une piste cyclable des plus agréables, un fils fait le point avec son coureur de père : « J’ai fait du 30 km/h pour te rattraper, papa ! Il n’y a personne derrière toi sur 800 mètres, voire un kilomètre ».

Arrivés à Sarlat, les héros du jour ont déjà 50 bornes dans les pattes… Mais encore autant devant eux, et pas les plus simples ! « Pour moi, Belvès est plus dur que les 100 km Millau », lâche Sébastien sur la ligne d’arrivée, avant de se tourner vers son beau-père qui l’a accompagné à vélo. « Excuse-moi ! », lui lance-t-il. « Parce que je l’ai un peu engueulé tout à l’heure ». L’affaire est close. Le beau père a les larmes aux yeux… Des larmes d’émotions, preuve qu’un 100 km est aussi une affaire de partage.

Une aventure que certains vivent en équipe, comme Xavier, venu de Vichy (03) avec cinq autres camarades de club. « On a fait toute la préparation ensemble. Avec des sorties en famille. Ce soir, on va donc déboucher le champagne et faire la fête ».

Les heures passent, la nuit tombe, et des finishers continuent de venir chercher leur collation d’après-course. Derrière le stand, les bénévoles n’en fissent plus de tartiner des toasts de pâté. Au milieu de la tente, Mohamed se balade avec une couverture sur les épaules. Il est arrivé depuis 3 heures. « Mais j’attends un ami, parce que c’est lui qui a les clés de la voiture », lance-t-il dans un large sourire. Dans quinze jours, il représentera l’Algérie aux championnats du monde de 24 heures aux Pays-Bas, et est venu à Belvès « en préparation. C’est le 100 km le plus difficile que je connaisse, mais avec beaucoup d’atouts: la beauté de la nature et une organisation impeccable ». Un peu plus loin, Christiane, qui vient de boucler l’épreuve en 14 heures, acquiesce. « J’étais là l’an dernier. J’avais couru en 15h30. Je progresse ! Et si je n’ai pas de souci d’ici là, je reviendrai l’année prochaine ».

La veille de l’épreuve, Jean-Pierre Sinico, président du club organisateur, se disait « vidé », épuisé par une organisation éprouvante. Lui et son équipe peuvent désormais souffler. Avant de se projeter sur la 38ème édition, pour démontrer une nouvelle fois que leur passion et leur investissement sont presque sans limite.

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