Les chronos se sont affolés aux Jeux olympiques de Tokyo, l’analyse des pointes

Article écrit par Vincent Guyot

Décalés d’une année et à huis clos dans un contexte sanitaire inédit, particulièrement chauds et humides avec souvent plus de 32 degrés et 80% d’humidité, les Jeux olympiques de Tokyo prendront forcément une place toute particulière dans l’historique des éditions.
Avec 3 records du monde, 12 records olympiques et 151 records nationaux battus en dix journées d’athlétisme, l’édition nippone a également marqué par ses impressionnantes densités de performances notamment en demi-fond et fond.
Si les marathoniens et marcheurs ont souffert des conditions climatiques sur la route, elles n’ont pas semblé freiner l’élite mondiale des pistards.

Stade olympique de Tokyo (Japon)

Une large diffusion positive pour l’équité

Après le discret usage d’un modèle prototype par Galen Rupp à Rio en 2016 sur 10 000m puis la diffusion plutôt masculine et partielle de la technologie aux Mondiaux de Doha en 2019, pour la première fois dans un grand championnat, l’immense majorité des athlètes de demi-fond et fond portaient à Tokyo des modèles de nouvelle génération.

Finalement, il est préférable de voir la presque totalité des athlètes équipés plutôt que quelques élites seulement.

Pas question ici de ré-évoquer en détails les modèles, leur technologie, leurs apports et limites puisqu’Anaël Aubry l’a déjà fait en mai pour Lepape-Info (https://www.lepape-info.com/actualite/tokyo-2020-quel-impact-des-pointes-carbone-sur-la-semaine-olympique/). En revanche c’est l’occasion de faire un point global sur les préférences des athlètes en fonction des distances et sur le positionnement des marques quant à celles-ci.

 

Des changements de chaussures entre les tours

En s’intéressant aux modèles portés dès les séries, on constate qu’une poignée d’athlètes a choisi de changer de modèle au cours de la compétition sur une même distance. Amel Tuka a par exemple couru sa série du 800m en Zoom X Dragonfly avant de préférer les Air Zoom Victory en demi-finale puis en finale. Mêmes paires et même esprit pour Faith Kipyegon, vice-championne olympique du 1500m et Sifan Hassan dans sa tentative de triplé (1500m – 5000m – 10000m). Choix assez logiques dans la mesure où la Dragonfly est appréciée pour son confort lorsque le dynamisme de la Victory amènerait, à entendre les athlètes l’évoquer, davantage de dommages musculaires.

Plus étonnant en revanche, les deux tours de piste des séries du 800m courus par les Polonais Marcin Lewandowski et Patryk Dobek optant pour un modèle classique d’Adidas avant de chausser les Adizero Ambition (nouvelle génération) pour continuer le parcours olympique.

 

Pour la suite de l’article et l’ensemble des chiffres évoqués ci-après l’indicateur principal retenu est le nombre d’apparitions du modèle ou de la paire. C’est-à-dire que si un athlète porte un modèle à deux reprises (série + finale), on comptabilise 2 apparitions. Nous nous sommes intéressés dans cette analyse à l’ensemble des épreuves sur piste du 800 mètres au 10 000 mètres pour un total de 605 apparitions.

 

Heatmap présentant la part d’apparitions des chaussures (par marque et par modèle) en fonction de la discipline chez les femmes et chez les hommes.

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Nike large leader, Adidas en reconquête, New Balance récompensé

Sans grande surprise, la marque à la virgule a été la plus plébiscitée pas les athlètes. Initiatrice des chaussures « next gen’ » d’abord sur la route puis sur la piste, la firme américaine a eu ces dernières années, un temps d’avance sur la concurrence. Historiquement populaire en demi-fond, Nike totalise à Tokyo 398 apparitions sur les épreuves mentionnées plus haut soit 65,8% du total.

Si elle a tardé à réagir et a inquiété quelques sponsorisés en Europe avant les meetings cette saison, Adidas revient plutôt bien dans le match avec ces modèles Ambition (plutôt 800m – 1500m) et Avanti TYO (plutôt 5000m – 10 000m). La marque allemande totalise 117 apparitions pour les modèles aux trois bandes soit 19,3 %. À noter que deux tiers de ces apparitions se font aux pieds de coureurs masculins.

Réactive dans sa volonté d’innover pour rivaliser, New Balance complète le podium des marques les plus portées avec 52 apparitions soit 8,6%. Si elle peut compter sur une ambassadrice de marque avec la nouvelle recordwoman du monde du 400m haies Sydney McLaughlin, le miler Jake Wightman et la steepleuse Emma Coburn portaient par exemple aussi des modèles innovants de chez NB au Japon.

Derrière ce podium, Asics n’a été porté qu’à 15 occasions contre 10 pour Hoka. Puma a quant à lui clairement fait le choix d’axer son développement sur le sprint où la marque est bien plus présente, avec des modèles innovants (seulement 6 apparitions à partir du 800 mètres).

D’ailleurs la dernière mise à jour de la « compliance list » répertoriant les modèles tolérés par World Athletics, en date du 10 Septembre s’est étoffée d’un modèle nommé « EvoSpeed Distance Nitro Elite+ » qui devrait intégrer mousse et plaque au plus grand bonheur des demi-fondeurs sponsorisés par la marque.

 

La dernière version de la liste est à retrouver ici :

(https://www.worldathletics.org/download/download?filename=2d0da909-5509-4fa6-bb1f 1d385bdd3c16.pdf&urlslug=World%20Athletics%20Shoe%20Compliance%20List%20(as%20at%2010%20September%202021))

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