La tenue parfaite du swimrunner : une allure de pingouin

Elfie Arnaud et Tom Ralite - Experts et pratiquants Swimrun

Si les suédois sont habitués à voir des swimrunners s’entrainer, en France, lorsque certains Swimrunners abordent les étangs ou la mer, les yeux ébahis des passants nous font bien prendre conscience que ce sport n’est pas encore connu de tous.

En effet, imaginez deux personnes en train de courir, habillées en combinaison néoprènes. Jusque-là ça va, mais imaginez toujours ces deux personnes qui courent et qui ont un bonnet de bain sur la tête, des lunettes de natation sur le front, un pull-boy accroché sur la cuisse, et des plaquettes aux mains. De plus, ces deux personnes sont attachées l’une à l’autre avec une corde élastique. On peut alors facilement imaginer les idées farfelues des personnes que nous croisons, mais il s’agit bien de la parfaite tenue d’un Swimrunner.

Le Swimrun a beaucoup évolué ces dernières années. Lors des premières éditions, la discipline étant peu codifiée, on pouvait apercevoir des athlètes partir avec différentes tenues et du matériel totalement différent. Allant du matelas pneumatique aux palmes, le matériel choisi pour pouvoir finir cette course folle (Ötillö) était très diversifié.

Vous l’aurez compris, un maillot de bain et de belles chaussures ne suffiront malheureusement pas car généralement l’eau est fraîche, voire très fraîche, et parfois en dessous des 10 degrés. Alors comment s’équiper pour pouvoir courir et nager sans être trop lourd, sans avoir trop chaud ou trop froid ?

Faisons un rapide bilan des contraintes que nous impose la discipline :

  • L’équipement doit être léger
  • Les transitions doivent être rapides
  • Les demandes de thermorégulation en natation et en courant sont souvent opposées

Le matériel obligatoire se compose d’un sifflet, d’une boussole ou montre GPS, un pansement compressif. Pour le reste vous pouvez prendre tout ce que vous voulez du moment que ce n’est pas motorisé et que vous le portez toute la course. Les flotteurs de plus 100/60cm sont interdits, et depuis cette année la taille des palmes est limitée.

Nous avons également ajouté une couverture de survie (choix personnel) en cas de gros coups de froid après une longue portion de Natation.

Voici quelques propositions, conseils, astuces et retours d’expériences pour préparer au mieux votre matériel. Bien entendu, plusieurs options existent en fonction des caractéristiques des courses, des préférences individuelles et des règlements.

  • La combinaison néoprène, indispensable, elle vous protégera du froid lors des portions de natation.
    Écritures des distances sur les avant-bras
    Écritures des distances sur les avant-bras

    Elle augmentera votre flottabilité et contribuera ainsi à votre sécurité. Elle est le plus souvent coupée au niveau des genoux pour ne pas avoir d’irritation, libérer l’articulation et pour permettre une meilleure circulation sanguine. Certains coupent aussi la combinaison au niveau des coudes et écrivent les distances sur leurs avant-bras (prendre en compte les caractéristiques de l’épreuve et surtout la température de l’eau). Ressembler à un pingouin n’est pas tâche facile. Tout d’abord, la combinaison va vous demander un effort supplémentaire à chaque foulée. C’est pour cela que le néoprène de votre combinaison doit être le plus souple et fin possible, surtout au niveau des hanches pour la course, et de vos épaules pour la natation. Vous risquez également d’avoir chaud, très chaud en courant avec votre combinaison, et si vous n’avez qu’un seul zip à l’arrière, vous risquez de devoir enlever tout le haut de votre combinaison pour les portions de Cap supérieures à 5km. C’est ce qui nous est arrivé la première année avec nos combinaisons de triathlon 2XU que l’on avait coupé au-dessus des genoux et des coudes. Et même en s’équipant et se déséquipant en courant, c’est une perte de temps importante lorsque l’on multiplie les transitions. De plus le néoprène de cette combinaison était trop épais et pas assez souple. C’est pour cela que l’an dernier et cette année nous avons opté pour une combinaison Swimrun Huub Amphibia. Cette combinaison présente plusieurs avantages :

  • Le néoprène sur les fesses est renforcé pour limiter l’usure lorsque vous n’aurez pas d’autre choix que de glisser sur les fesses pour continuer à avancer. Oui oui, à Ötillö vous ne pourrez pas tout le temps courir il faudra également maîtriser la « glissade fessière ».
  • Combinaison néoprène
    Combinaison néoprène

    Des poches intérieures pour glisser votre ravitaillement ou de petites flasques souples.

  • Un front zip et un back zip permettant de ne pas enlever le haut de combinaison en courant sur les petites sections (gain de temps sur les transitions).
  • Le néoprène est très fin sur les hanches et les épaules.
  • Les chaussettes de compression, ne font pas toujours l’unanimité, même si les sportifs en portent de plus en plus sur les compétitions d’endurance (Ultra trail, Swimrun longue distance, Ironman…). Personnellement, on en porte sur toutes nos compétitions swimrun et parfois lors de nos entraînements longs (Spé swimrun ou Trail). Nous trouvons que l’effet compressif limite la propagation des vibrations induit par l’impact du pied au sol surtout dans les descentes. De plus, les chaussettes compressives ne retiennent presque pas l’eau et nous protège légèrement du froid, car l’eau n’est plus directement en contact avec notre peau (seul inconvénient vous aurez uniquement le genou bronzé lorsqu’il fait beau, c’est la marque de bronzage du swimrunner). Après quelques entraînements swimrun, la chaussette se détend légèrement et nous permet de glisser du papier bulle pack (ou pains de mousses fins). Ces derniers vont nous apporter un peu plus de flottaison et compenser le poids de nos chaussures mouillées lorsqu’on nage (cette technique est utilisée par de nombreux swimrunners).
  •  Le pull-boy, utilisé par une très grande majorité des compétiteurs. Il permet d’améliorer la flottabilité, et  d’économiser aussi les jambes. Il existe une variété d’accessoires pour améliorer la flottaison des jambes. Pratiquement toutes les courses autorisent ces accessoires d’une dimension inférieure à 100 x 60 cm, tailles décidées par l’ÖtillÖ et copiés depuis par presque tout le monde. Du classique ‘pull-boy’ de piscine au bricolage à base de bouteilles vides, on trouve encore de tout en course. Le choix dépend essentiellement de vos préférences personnelles. Attention cependant à ne pas trop surélever vos jambes ce qui pourrait provoquer des douleurs lombaires chez certains. A chacun sa technique pour le sangler autour de la cuisse ou de la taille afin de ne pas le porter dans la main pendant la course. Nous avons choisi de faire un peu de couture. Après avoir fait deux trous dans notre pull-boy, nous avons cousu un morceau de chambre à air d’une circonférence égale à celle de nos cuisses (épaisseur du pull-boy compris). Peut-importe le système d’attache que vous utiliserez il faudra qu’il soit parfaitement ajusté pour ne pas faire un effet garrot. L’autre solution sera d’accrocher le pull boy a votre ceinture tout comme vos plaquettes…   
  • Les plaquettes sont aussi un élément phare, elles permettent d’avoir plus d’appuis en natation et d’avancer plus vite.
    Nécessité des plaquettes
    Nécessité des plaquettes

    Très efficaces, elles imposent cependant un effort important aux épaules et peuvent provoquer des blessures type tendinite etc… Il faut donc faire attention et progresser doucement en jouant sur la taille, les distances et l’intensité d’entraînement. Les plaquettes servent aussi souvent de pense-bête pour noter le parcours. (mettre une photo de nos plaquettes avec les distances)

  • Le choix des chaussures. Si les athlètes ou triathlètes attachent une importance toute particulière au choix des chaussures, les swimrunners n’ont pas intérêt à se tromper. Il s’agit de trouver chaussure à son pied, non plus seulement pour courir mais également pour nager. Une chaussure légère et confortable peut vite prendre quelques kilos après la première transition natation / course, et là vos jambes vont vous paraître très lourdes. Pour choisir votre chaussure swimrun idéale, il est important d’identifier vos besoins. Tout d’abord la chaussure doit-être adaptée à votre foulée et morphologie de pied. Ensuite prenez en compte le terrain sur lequel vous aller courir. Votre adhérence dépendra en grande partie de la semelle (crampons, semelles lisses…). Pour Ötillö, nous avions opté pour une semelle plate sans crampon pour augmenter la surface d’accroche sur les rochers mouillées et nous en étions satisfaits. Pour Engadin, nous vous conseillons une chaussure type trail. Enfin la matière et la quantité de mousse dans la chaussure vont avoir une importance fondamentale sur son poids. En swimrun votre chaussure doit retenir un minimum d’eau, le drainage doit-être rapide (quelques foulées). Alors pour ne pas se mettre de boulet aux pieds, il n’y a pas de secret, il faut essayer et aller faire un plouf en chaussures.
  • Chaussettes néoprènes ou chaussette classique. C’est un choix très personnel et il vous faudra essayer lors de vos entraînements. Nous avons opté pour des chaussettes néoprène 2mm dans nos chaussures avec 5 ou 6 petits trous en dessous. Elles évacuent correctement l’eau et nous assurent confort et chaleur tout au long de nos Swimruns, pas une ampoule ou plaie en 7 swimruns longue distance.
  • La corde, la grande question de l’encordement. Gain de temps ? Encombrant ? La corde va vous encombrer c’est indéniable. Cependant avec un peu d’entraînement, vous trouverez des solutions rapidement pour vous encorder et dés-encorder rapidement en enroulant la corde autour de vous comme un lasso ou encore autour de votre taille. Les avantages de la corde sont incontestables. Tout d’abord être encordé permet de lisser le niveau du binôme car le nageur le plus rapide tracte légèrement le moins rapide, il n’a pas besoin d’attendre son partenaire et donc il n’a pas froid dans l’eau. A lui de gérer son effort et de ne pas tirer trop fort pour ne pas s’épuiser trop rapidement. En Course à pied c’est pareil, et même si votre binôme est homogène en Natation et Course à pied ce qui est rare, vous n’êtes pas à l’abri d’un gros coup de mou et dans ce cas-là, la corde permettra à votre binôme de vous aider. Nous étions encordés en 2015 et 2016, pour nous c’est primordial en natation et à chaque coups de mou. Elle permet de se tirer l’un et l’autre et donc d’augmenter la vitesse du binôme. Nous vous conseillons une corde légère qui ne prend pas l’eau. Elle doit être légèrement élastique pour absorber les à-coups.
    Lunettes de natation
    Lunettes de natation

    Pour un ajustement optimal de la longueur, vous pouvez vous allonger sur le sol l’un derrière l’autre et mesurer la distance bassin/bassin. Vous devez avoir les jambes et le/les bras tendus et la distance entre la main du second et les pieds du nageur de tête doit être faible pour que le second bénéficie du sillage du premier (on appelle ça prendre la vague), mais pas trop prêt pour ne pas toucher les pieds de votre binôme et le gêner (entre 15 et 30cm environ).

  • Les lunettes de natation, sont indispensables, c’est une évidence. Le choix est large, le plus souvent dicté par votre morphologie. Il n’y a pas de recette miracle, il faut essayer pour trouver lunettes à son nez. Les lunettes claires sont les plus utilisées, mais un jour de soleil les lunettes teintées peuvent faciliter la navigation quand le soleil est bas ou miroite sur l’eau. Nous avons opté pour des lunettes masques « Seak ». Le modèle lunette type masque à l’avantage de protéger mieux du froid que des lunettes de natation standard puisqu’elles sont plus larges. Petite astuce, pensez à rincer au lécher l’intérieur de vos lunettes avant chaque portion de natation. Ça vous évitera d’avoir de la buée et donc des difficultés à vous orienter.
  • Le Bonnet est toujours fourni par l’organisateur. Il permet une identification des coureurs et il doit toujours être porté pendant les sections de natation. Cependant si l’eau est fraiche, vous pouvez mettre un second bonnet silicone, une cagoule, ou un bandeau néoprène sous le bonnet qui vous sera remis le jour J.
  • La ceinture et les mousquetons : Votre ceinture vous permettra d’accrocher vos mousquetons pour la corde et/ou votre matériel (plaquette, pull-boy…lorsque vous courrez). Elle vous permettra également d’emporter un peu plus de ravitaillement ou de glisser une petite flasque souple en fonction de sa capacité de contenance. Cependant, pour qu’elle soit le moins handicapant possible, elle devra être parfaitement ajusté (attention à ne pas trop la serrer, sa pourrait vous donner des problèmes de ventre). Optez comme pour vos chaussures pour une ceinture qui retient qu’un minimum d’eau. Si vous décidez de vous encordez, votre ceinture ne devra pas être élastique car sinon elle risque de ne pas rester sur vos hanches. En natation, le nageur de tête se retrouvera avec la ceinture au niveau des chevilles si celle-ci n’est pas bien ajustée ou élastique, et en course à pied la répétition des chocs provoquera la même chose.
    Hydratation
    Hydratation

    Pour les mousquetons, prenez les plus légers possibles mais ne négligez pas leur résistance si vous vous encordez.

  • Les gourdes ou flasques souples, elles vous permettront d’emporter de l’eau sur vous. Il existe différents modèles et différentes capacités de stockage. A vous de savoir si vous êtes de grands buveurs mais gardez à l’esprit que vous allez plus rapidement vous déshydrater en combinaison néoprène. Petit conseil, si vous rangez vos flasques souples dans votre combinaison pensez à ne pas mettre le bouchon (tétine) souvent solide en contact avec vos côtes car lorsque vous allez nager elle risque de vous faire mal. Nous mettons nos bidons en largeur sur le bas ventre ou alors tétine vers le bas dans l’aine (la flasque sera bien calée par la ceinture). Nous vous conseillons de prendre toujours un peu de ravitaillement en eau avec vous sur la course. Vous pouvez également prévoir plusieurs barres/gels énergétiques, en cas de coup de mou.

Les Swimrunners sont libres de choisir le matériel qui leur convient. Même si des combinaisons et chaussures spéciales «Swimrun » commencent à être conçues, les Swimrunners vont devoir choisir, tester, créer leur propre matériel. Laissons alors parler l’imagination de chacun, c’est aussi la beauté de cette discipline.

Matériel Global Swimrun
Matériel Global Swimrun

Alors à vous de jouer, testez, essayez et prenez du plaisir.  Le Swimrun c’est aussi ça: préparer son équipement et bricoler avec son partenaire pour être performant le jour J.

A bientôt 

Team Belove : Arnaud Elfie, Ralite Tom – Experts et pratiquants Swimrun

Retrouvez l’article : Comment se lancer dans l’Aventure Swimrun…

 

 

 

 

 

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