Marathon, les blessures les plus fréquentes – Partie 4

Découvrez le quatrième et dernier extrait du chapitre rédigé par le docteur Jacques Pruvost consacré aux blessures du marathonien, extrait du livre "Objectif Marathon" de notre coach Jean Claude Vollmer.

– Découvrez la partie 1

– Découvrez la partie 2

– Découvrez la partie 3

 

La fausse sciatique du marathonien ou syndrome du piriforme

 

Comment cela se manifeste t’il ? Le coureur est gêné par une douleur située au niveau de la partie haute de la fesse. Cette douleur est aggravée par les sorties longues, la station debout prolongée, la positon assise sur un plan dur ou en voiture. Les irradiations sont descendantes vers la partie postérieure et externe de la cuisse. Par son caractère profond et unilatéral, la douleur est souvent étiquetée comme une sciatique. Il s’agit en fait d’une compression « tronculaire » du nerf sciatique lors de son passage entre les différents muscles fessiers. Le muscle piriforme (anciennement dénommé pyramidal), dont la fonction essentielle est la rotation externe de la hanche et de la cuisse, est le plus souvent responsable de la compression nerveuse.

Quelle prise en charge ? Les étirements des muscles fessiers et notamment des rotateurs externes de hanche sont le plus souvent efficaces pour soulager cette sciatalgie ou fessalgie. Il est parfois nécessaire d’infiltrer des corticoïdes dans la zone où est comprimé le nerf sciatique.

Voilà le type de douleur souvent déclenchée par une asymétrie de force entre les deux jambes du coureur. Il est nécessaire d’évaluer et de comparer la force des muscles de la cuisse et de la fesse droite par rapport à celle des muscles de la cuisse et de la fesse gauche. Puis, en cas d’asymétrie réelle, d’envisager un renforcement adapté et généralisé des différents muscles de la cuisse et de la fesse  qui sont les plus faibles.

Le conseil préventif : La préparation physique est incontournable pour améliorer la condition physique générale et pour un mieux contrôler les mouvements du bassin notamment lors de l’apparition de la fatigue. Les étirements actifs et passifs des deux piriformes devraient faire partie de la routine des exercices pratiqués lors du retour au calme après chaque séance de course et lors des séances de préparation physique.

 

La pubalgie des marathoniens(nes)

 

La pubalgie est une maladie bien connue dans le football et le rugby mais elle n’épargne pas les coureurs à pied. 

Comment cela se manifeste-t’il ? Le marathonien est gêné par une douleur qu’il a du mal à localiser parfaitement. Cette douleur peut être profonde, centrale au niveau de la face antérieure du bassin mais elle est parfois plutôt située au niveau de l’aine, d’un seul coté. Le repos calme en partie les phénomènes douloureux qui réapparaissent pourtant dès la reprise de la course à pied.

La pubalgie regroupe des pathologies très différentes ce qui lui a valu le titre de « syndrome fourre-tout ». C’est l’examen clinique et les explorations radiologiques qui permettront de faire la part des atteintes musculaires, tendineuses, articulaires ou osseuses. Sous le terme de pubalgie, les médecins du sport français regroupent trois atteintes différentes :

  • une atteinte tendineuse des muscles de la cuisse accrochés au bassin,
  • une atteinte osseuse de  l’articulation antérieure du bassin (symphyse pubienne),
  • ou une atteinte musculaire de la paroi abdominale.

Sur le plan tendineux, et ceci pour des raisons biomécaniques, si les hommes sont souvent atteints au niveau des adducteurs, les femmes souffrent plutôt du muscle ilio-psoas. Les pubalgies ayant pour origine les muscles de la paroi abdominale atteignent exclusivement les hommes car les femmes n’ont pas d’orifices inguinaux comme les hommes. 

Quelle prise en charge ? Le traitement médical dépend avant tout de l’origine de la pubalgie. En cas de tendinopathie d’insertion du long adducteur, les soins médicaux adaptés et efficaces pour venir à bout de la douleur sont les suivants : physiothérapie locale, massages transverses profonds (MTP), ondes de choc, et mésothérapie. En cas de lésion musculaire des adducteurs, le repos relatif et la kinésithérapie permettent le plus souvent la cicatrisation en quelques semaines. Les étirements tendino-musculaires des nombreux muscles qui s’accrochent sur le bassin, notamment le psoas, seront réalisés sur le mode du « contracté-relâché » et devraient toujours être réalisés au départ par un kinésithérapeute qui connaît bien les sportifs.

Le conseil préventif : Entretenir la mobilité des hanches. Un déficit de souplesse au niveau de l’articulation des hanches est un facteur de risque dans la survenue des pubalgies. Que l’origine soit articulaire (conflit de hanche par exemple) ou musculaire (raideur des muscles rotateurs et abducteurs de hanche), la restriction de mobilité des hanches pourra se répercuter sur la région centrale qu’est la symphyse pubienne. Il sera donc important de réaliser régulièrement un protocole d’étirement des muscles adducteurs, droits antérieurs, ischio-jambiers, psoas-iliaques, rotateurs et abducteurs de hanche. Tout seul, ce n’est simple pour personne. D’où l’intérêt de consulter régulièrement un kinésithérapeute du sport qui saura vous conseiller et vous surveiller dans la réalisation de ces étirements.

 

Les conseils du médecin du sport

Les premier temps de la prise en charge d’une blessure consistent en échanges toujours fructueux entre le marathonien, un sportif, et l’équipe médicale qui va le prendre en charge. Bien décrire l’accident initial ou le mode de survenue d’une blessure permet toujours de gagner du temps pour établir un diagnostic précis, donc un traitement adapté. Le diagnostic exact de la blessure est établi quand les symptômes décrits par le sportif, l’examen clinique réalisé par le médecin du sport et les images radiologiques sont totalement en cohérence.

Les traitements médicaux et de rééducation sont décidés en fonction de la blessure. Ces traitements peuvent varier en fonction du type de la blessure et être individualisés selon la bonne ou mauvaise réponse du sportif aux différents traitements.

Prévoir la reprise de la course et des entraînements après blessure, est le plus difficile pour l’équipe médicale qui accompagne le marathonien. L’évaluation initiale de la gravité de la blessure puis le suivi clinique régulier va permettre de préciser avec le temps la juste reprise et d’éviter les rechutes.

Il semble difficile d’envisager la préparation au marathon sans connaitre la blessure. Plutôt que prendre le risque de devoir couper l’entrainement pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, mieux vaut avoir la sagesse d’écouter ses articulations et d’échanger avec l’entraineur ou l’équipe médicale en cas de douleur inhabituelle qui persiste plusieurs jours. Une prise en charge globale du marathonien par une équipe technique et médicale pluridisciplinaire est un élément fondamental de la prévention des blessures.

 

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