Objectif UTMB : Une reprise dans l’ordre ….

Le 28 août 2015, Jean-Marc Delorme prendra le départ de l’UTMB, après quelques ennuis de santé et une vie professionnelle très remplie. Il nous fait un point sur sa préparation à quelques jours de l'événement et nous fait partager son expérience.

Une préparation pour une course n’est jamais simple. Celle pour un ultra souvent compliquée car elle doit se faire sur la longueur tout en mêlant qualité et quantité. La vie d’un coureur mêle vie professionnelle, vie familiale, entraînement et blessures. il faut savoir jongler, s’adapter. C’est ce que j’ai dû faire comme certainement beaucoup de ceux qui seront au départ vendredi 28 août 2015 à 18h sur la place de l’Amitié à Chamonix. Alors que j’avais programmé une préparation sur plus de six mois, j’ai dû m’adapter et celle-ci c’est réduite à trois mois.

Etre conscient de son état de forme

La tuile. Après ma participation à The North Face Cappadocia ultra-trail en octobre 2014 (lire son compte rendu), j’ai contracté une infection aux reins et à la prostate. D’abord mal décelée, elle fera deux apparitions cet hiver et au printemps. Bref, il m’a été très difficile de courir pendant plusieurs mois sachant qu’en plus j’avais pris du poids en raison de l’ absorption conséquente d’antibiotiques et l’arrêt de l’entraînement.

Me voici donc de nouveau en piste fin mai. Mais il y quelque chose de troublant lorsque l’on est coureur (et entraîneur !, Jean-Marc Delorme est coach, ndlr) : on garde très souvent les gestes et les sensations de vitesse en mémoire, même lorsque l’on s’arrête plusieurs mois. Le résultat ? Une première sortie sur les 25 bosses à Fontainebleau où je pars avec l’allure que je gardais en mémoire !  Cette sortie se transforma en cauchemars, car au-delà d’un rythme cardiaque bien insatisfaisant, mes qualités de pieds et autres « gainage de cheville » avaient quelque peu disparu ! Et ce qui devait arriver arriva ! Une jolie entorse !

Il fallait se rendre à l’évidence. Je devais tout reprendre tout à zéro ! Ou presque !

Step by step

Ce constat fait, pour le début de ma préparation UTMB, j’ai opté pour le vélo, cela n’a rien d’original lorsque l’on recherche un sport porté !  Cette option m’a permis non-seulement de remuscler mes membres inférieurs mais aussi de fractionner et de travailler mon foncier.

Petit à petit, la forme est revenue. J’ai commencé à coupler avec quelques sorties en course à pied et bien-sûr, des séances de renforcement musculaires et de proprioceptions. Acharnement et patience seront les maîtres mots de cette période.

Adepte des Hoka One One, je décide de repasser momentanément sur des chaussures avec beaucoup moins d’amorti, je dois retrouver «  mon pied » ! Et je pars en montagne, à Chamonix mon fief… Mais là, encore les efforts excentriques de descentes laissent des traces sur mes jambes !

Les 3 derniers mois

Voici le temps des trois derniers mois, les seuls d’ailleurs où mon entraînement sera régulier c’est à dire sans coupure. Je programme de sortir 5 fois par semaine. Le premier mois a été rythmé par un travail de VMA surtout en côte, d’endurance active, de vélo, de sorties longues, et de travail de descente et montée en dissocié.

En Juillet, il me fallait travailler en montagne. J’ai opté pour deux « week-end choc » (lire Soyez sous le choc pour comprendre le principe des week-end choc). Très important et extrêmement formateur, les sorties montagnes permettent de se remettre sur le terrain spécifique, de se mettre en condition sans se disperser. Il me fallait travailler musculairement mais aussi réhabituer mon oeil à la lecture du terrain surtout en descente afin d’améliorer mes trajectoires et ma réactivité en fonction des allures de course.

Ainsi, le week-end du 14 juillet sera l’occasion de faire le tour du Mont-Blanc en 4 jours. Un parcours qui m’a permis de faire une reconnaissance du tracé de l’UTMB mais aussi de réapprendre la gestion de l’effort sur des sections longues.

Et voici la dernière ligne droite. Celle où les erreurs sont interdites. J’ai décidé de passer mes vacances et tout le mois d’août à Chamonix. Mes entraînements se sont raccourcis et ne dépassaient pas 3 heures pour les sorties les plus longues. Un stade très important afin de ne pas engranger de fatigue, chose que beaucoup de coureurs occultent préférant ajouter des séances pour se rassurer mais prenant le risque de se blesser et surtout d’arriver déjà « cuit » sur la ligne de départ.

Et pour mieux récupérer, à chaque fin de séance, j’ai fait de la « cryothérapie » naturelle en immergeant mes jambes dans l’Arve qui, il faut bien le dire « est très froide » ! Un protocole qui m’a fait énormément de bien et soulagé de quelques douleurs sur les tendons d’Achille.

Je dois avouer que, même si ces trois derniers mois m’ont permis de m’entraîner correctement, ce ne faut pas la préparation rêvée… Je regrette ainsi de ne pas avoir pu prendre le départ d’une course intermédiaire, afin de me retrouver en situation de course. Cela risque de me manquer… Mais comme beaucoup, il a fallu que je compose avec les problèmes inhérents à la vie quotidienne.

Rendez-vous sur la ligne de départ et après la course pour un compte-rendu complet de ma course.

 

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