Londres 2012 : rencontre avec trois marathoniens avant les Jeux Paralympiques

Un peu plus de 15 jours après la clôture des Jeux Olympiques, les Paralympiques prennent le relais, à Londres, du 29 août au 9 septembre. La délégation française compte 153 sportifs handicapés, dont 25 pour l’athlétisme. Nous avons rencontré trois marathoniens : Julien Casoli, Pierre Fairbank et Denis Lemeunier.

Paralympiques 2012 Lemeunier Casoli Fairbank

Ils voulaient parler de sport, de performance. Alors on a parlé des Jeux Paralympiques et d’athlétisme. A Londres, Julien Casoli, 30 ans, Pierre Fairbank, 41 ans, et Denis Lemeunier, 47 ans, porteront les couleurs de la France, notamment lors du marathon, le 9 septembre 2012. « C’est la dernière épreuve des Jeux, il peut toujours y avoir des surprises, lance Denis Lemeunier. Beaucoup d’athlètes auront fait d’autres courses avant. La fraîcheur est un élément important. En plus, d’après ce que je sais du parcours, ça tourne beaucoup, il y a de nombreuses relances ». « Et puis, visiblement, on va passer devant tous les plus beaux monuments de Londres, alors il faut compter le temps de prendre des photos », plaisante Pierre Fairbank, le plus extraverti de la bande. Plus sérieusement, cet éducateur sportif qui vit en Nouvelle-Calédonie et participera à sa quatrième olympiade, insiste : il n’y a pas de temps à perdre sur ce type d’épreuve. « Il faut suivre le premier ! Personne ne s’arrête aux ravitaillements ». « Si tu t’arrêtes, même juste pour prendre une bouteille, c’est fini, tu es loin derrière », confirme Julien Casoli, vainqueur du Marathon de Paris 2012.  Chacun partira donc avec ses gels et boissons énergétiques sur lui pour toute la durée de l’effort. « Mais la course est bien moins longue que pour les valides, elle dure environ 1h30. Et puis, nous sommes en fauteuil, c’est donc un sport porté, on récupère plus vite, précise Denis Lemeunier. Normalement, si tu es bien préparé, les 42 kilomètres doivent passer ».

L’entraînement, donc. Pour eux c’est six jours sur sept. « Entre 150 et 250 kilomètres par semaine », pour Julien et Denis, en fonction des périodes. De la musculation, parfois, mais pas trop parce qu’il faut « trouver un compromis entre puissance et musculation ». Pierre, lui, confie effectuer « 10 à 15 kilomètres par jour », sauf pendant les périodes de stage où le volume augmente. Tous savent aussi qu’ils doivent accorder une vigilance toute particulière à leur matériel. Les roues, les gants, notamment. « Aujourd’hui, il faut vraiment qu’il n’y ait aucun défaut, souligne Pierre Fairbank. C’est très pointu ». « On ne prend pas les mêmes roues selon que l’on fasse de la piste ou de la route, précise Denis Lemeunier. Tout est millimétré ». Et forcément, ça coûte cher. Cinq à six mille euros pour un équipement de course.

En bref…

Julien Casoli
Engagé à Londres sur 800 m, 1 500 m, 5 000 m, marathon et 4X400 m
30 ans
Club : Groupe Athlétique Haut Saonois (70)
Jeux Paralympiques : médaillé de bronze sur 4X400 m en 2008
Championnats du monde : médaillé de bronze sur 800 m et 5 000 m en 2011

Pierre Fairbank
Engagé à Londres sur 200 m, 400 m, 800 m, marathon et 4X400 m
41 ans
Club : Handi Club Calédonien
Jeux Paralympiques : Médaillé de bronze sur 4X400 m en 2008. Médaillé de bronze sur 4X100 m et d’argent sur 4X400m en 2004. Médaillé d’or sur 200 m, d’argent sur 400 m et de bronze sur 800 m en 2000.
Championnats du monde : 4ème du marathon en 2011, médaillé de bronze sur 4X400 m en 2006.

Denis Lemeunier
Engagé à Londres sur 5 000 m, marathon et 4X400 m
47 ans
Club : Handisport Club Léonard (37)
Jeux Paralympiques : médaillé de bronze sur 4X400m en 2008, 13ème du marathon en 2004
Championnats du monde : médaillé d’argent sur 10 km route en 2010

NB : un quatrième athlète français, Alain Fuss, est également engagé sur marathon. A 44 ans, il participera à ses 3èmes Jeux Paralympiques et courra également le 5 000 m et le relais 4X400 m.

Il faut ensuite travailler la position sur le fauteuil. « Un sprinteur se mettra plus devant les roues, tandis que le marathonien restera davantage sur l’arrière du fauteuil pour s’économiser », lance Pierre. Et Denis de compléter : « Il n’y a pas un athlète qui a une position similaire, c’est pour cela que c’est difficile d’initier quelqu’un. Selon le handicap, tout est différent ».

Les Jeux, un événement à part

Tous les trois sont venus à l’athlétisme un peu par hasard. Pierre a essayé le tennis de table, notamment. Julien le basket mais préférait un sport individuel. Denis a rencontré des coureurs en fauteuil qui lui ont donné envie. Rapidement, ça lui a plu et il s’est « pris au jeu ».

Enfant, aucun des trois ne rêvait vraiment de participer aux Jeux Olympiques. « Jamais je ne me serais imaginé participer aux Jeux, explique Julien, qui est commercial en dehors de son activité sportive. J’étais presque plus impressionné pour mes premiers championnats de France que pour les Jeux ». Pourtant les JO ont quelque chose d’unique. « Parce que tout le monde est affuté, le niveau de la compétition est un cran au-dessus », constate Denis. Et « ça n’a lieu que tous les quatre ans », insiste Pierre.

C’est d’ailleurs pour cela que ces sportifs aimeraient que les Paralympiques soient davantage exposés médiatiquement en France, comme c’est le cas dans les pays anglo-saxons, « plus sensibilisés ». « On ne demande pas de retransmettre les championnats de France ou courses qui ont lieu tous les week-ends. Mais là, quand même… », souffle Pierre. « C’est vrai que c’est de mieux en mieux, à chaque olympiade on gagne un petit peu d’exposition. Mais c’est encore insuffisant à notre goût ».

Les trois marathoniens n’aiment pas vraiment l’expression « surmonter leur handicap ». Pas plus qu’ils n’apprécient qu’on mette souvent plus en avant l’origine de leur handicap plutôt que leur sport. « Moi, quand je vois un mec en fauteuil, je ne lui demande jamais ce qui lui est arrivé ! », lance Pierre Fairbank. « Bien sûr, on véhicule une image, explique Denis Lemeunier, également président du Comité régional handisport de Bretagne. Le gamin en fauteuil qui nous voit à la télé, il faut que ça lui donne envie de faire du sport. Mais pour cela, il suffit qu’il nous voie ». Pas forcément besoin d’en dire plus.

Ils rêvent donc tous d’offrir de belles images, et de ramener chacun de Londres « au mois une médaille, de n’importe quelle couleur et sur n’importe quelle distance ». Peu importera, alors, de savoir si c’est un accident de moto, un virus ou une thrombose qui, à 10, 14 ou 29 ans, a fait, un jour, basculer leur vie.

2 réactions à cet article

  1. Salut les gars,
    On compte sur vous pour nous faire vibrer, dommage qu’il manque Alain
    sur la photo;
    Allez Denis toute la Bretagne est derrière toi, fais nous rêver ! N’oublie pas le Gwenn ha Du (non je plaisante, pas deux fois)
    M…. à vous,
    Philippe

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  2. PLOUVORN HANDBALL est derrière toi DENIS!!!!
    Une pensée aussi pour toi PHILIPPE!!
    On compte sur vous!
    Bises à vous 2 et bons JO!!!!!!!!!!!!!!

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