Duncan Perrillat : « J’ai beaucoup pensé pendant la course que ce serait compliqué d’aller au bout. »

Duncan Perrillat et Anaïs Quemeneur ont été sacrés lors des championnats de France de marathon à Deauville (Calvados).
Duncan Perrillat déjà vainqueur du marathon de Rennes (Ille-et-Vilaine) il y a un mois et plus fort que sa douleur au dos est allé au bout de lui-même pour s'octroyer en 2h17'41 un premier titre national sur marathon qui lui avait échappé l'an passé. Entretien.

Duncan Perrillat champion de France de marathon 2022

Lepape-info : Duncan, ce titre fut loin d’être facile à obtenir

Duncan Perrillat : Oui en effet, le plus important c’est le titre. Je ne suis pas venu à Deauville pour rien, mon coach était là je n’avais pas le droit de ne pas prendre le départ.

Lepape-info : Racontez-nous cette course compliquée avec votre douleur au dos et la météo capricieuse

D.P : Pour la météo on a eu un peu de tout, du vent de face puis de dos, de la grosse pluie pendant quelques kilomètres. Je suis parti devant sur les 500 premiers mètres mais je me suis rendu compte que cela servait à rien d’aller trop vite et de me retrouver seul.

J’avais trop mal, j’ai ralenti pour rester plus sagement dans le groupe de tête. J’ai mis quelques relances à des instants où cela ralentissait. Les athlètes étrangers étaient là pour jouer la prime de victoire sur le marathon de Deauville alors que les Français notamment Manuel Sainjon et Gabriel Briand assuraient le train mais avec des relâchements. Je me suis dit que mon rôle n’était pas de faire le tempo pour tout le monde, je n’étais pas là pour faire un chrono mais que si j’accélérais c’était pour émousser un peu le groupe, je l’ai fait du 8ème au 20ème kilomètre. Après cela s’est joué comme dans pas mal de marathons, après le 31ème-32ème kilomètre certains ont accéléré, les écarts se sont faits. Je me suis retrouvé devant avec le Kenyan Titus Kurwa Komen et le Marocain Alaa Hrioued, je commençais à avoir de plus en plus mal dans le bas du dos et je les ai laissé partir sur une nouvelle attaque. Je me suis rendu compte que l’écart derrière était fait et que j’étais le premier Français

Lepape-info : Le titre de champion de France n’était pas pour autant acquis

D.P : Oui même si je pensais que cela ne reviendrait pas derrière vu les écarts. En revanche j’avais peur de ne pas pouvoir finir même à 3 kilomètres de l’arrivée. J’ai vu sur la fin de course que cela revenait sur moi, j’ai relance ce qu’il fallait pour préserver ma place de premier Français et donc le sacre national sur marathon. Je voulais gagner le titre mais je n’ai pas réussi à le faire avec la manière comme je le souhaitais, c’est sur. Le scénario de course fut ainsi, l’objectif était le titre au final je suis satisfait.

Duncan Perrillat : « Si mes rivaux Français avaient des records meilleurs que le mien je pense que je n’aurais pas pris le départ. Je savais que j’étais amoindri mais qu’avec ma marge sur les autres cela pouvait peut-être passer, c’est ce qui m’a motivé. »

Lepape-info : Vous avez souvent pensé à abandonner ?

D.P : Oui presque du départ jusqu’à la fin. J’ai beaucoup pensé pendant la course que ce serait compliqué d’aller au bout. J’appréhendais un peu tout le long du marathon. Je me suis à peine échauffé, j’ai à peine trottiné, je boitais un peu. Je me suis dit que je m’échaufferai en début de course en voyant ce que cela donne. Avec le stress, les douleurs se sont un peu amoindries. Déjà lorsque vous êtes à 100%, un marathon c’est traumatisant donc forcément je me posais des questions. C’est pour cela que j’ai adapté ma stratégie en essayant de ne pas trop me montrer.

Lepape-info : C’est la première fois que vous faisiez une course en ayant aussi mal ?

D.P : C’est la première fois que je suis au départ d’une course en hésitant presque de prendre le départ. Je ne me blesse pas beaucoup, j’en ai peut-être trop fait avant, j’ai commencé à avoir mal deux jours avant la course. Hier soir avant d’aller me coucher je me disais ce n’est pas possible, je ne vais pas courir 42 kilomètres, j’étais dans ma chambre en train de boiter. J’ai eu ma sœur qui est médecin et qui m’a conseillé de prendre un anti-inflammatoire et un Doliprane et de voir si la douleur diminuait. J’en ai repris ce matin avant le départ. Si mes rivaux Français avaient des records meilleurs que le mien je pense que je n’aurais pas pris le départ. Je savais que j’étais amoindri mais qu’avec ma marge sur les autres cela pouvait peut-être passer, c’est ce qui m’a motivé. J’étais là pour le titre mais je ne voulais pas non plus aggraver ma blessure et ne plus courir pendant 6 mois.

Duncan Perrillat : « C’est une belle revanche sur l’an passé même si la plus belle des revanches aurait été de gagner la course au scratch. Je remporte le titre mais je ne finis pas premier du marathon de Deauville, j’ai ressenti du plaisir sur la dernière ligne droite après m’être employé sur les 500 derniers mètres en sachant que j’étais premier Français. »

Lepape-info : Dans quel état physique vous sentiez-vous à l’arrivée ?

D.P : Après la course je boitais comme avant le départ donc on va voir pour la suite. J’ai prévu dimanche prochain de participer au cross de Gujan-Mestras potentiellement qualificatif pour les championnats d’Europe. Si je suis en forme, je peux faire quelque chose de bien. Cette semaine je vais faire 3 jours de vélo et passer une IRM pour savoir ce que j’ai et si c’est grave. Si j’arrive à mettre de l’intensité à vélo et que la douleur diminue je garde dans un coin de ma tête de participer au cross de dimanche.

Lepape-info : Votre titre est une belle revanche après ce qui s’est passé l’an passé (privé de titre car Duncan Perrillat ne portait pas le maillot de son club)

D.P : Je n’ai jamais autant été motivé, à la fin de la course quand je souffrais je me suis dit qu’il fallait que je sois champion de France, je me suis convaincu et cela m’a aidé à retrouver de l’énergie, à oublier que j’avais mal. C’est une belle revanche sur l’an passé même si la plus belle des revanches aurait été de gagner la course au scratch. Je remporte le titre mais je ne finis pas premier du marathon de Deauville, j’ai ressenti du plaisir sur la dernière ligne droite après m’être employé sur les 500 derniers mètres en sachant que j’étais premier Français.

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