80 km du Mont-Blanc 2013 : bienvenue dans la grande famille du trail !

Il se passe toujours plein de choses pendant un ultra trail. Pour sa première édition, le 80 km du Mont-Blanc n’a heureusement pas échappé à la règle. Tranches de vie recueillies dans le peloton, ce vendredi 28 juin 2013.

80 Km du Mont Blanc 2013

Prendre le départ d’une course à 4 heures du matin ne peut pas avoir que des inconvénients. Bien sûr, il faut se lever à l’heure où certains fêtards pensent à peine à rejoindre leur lit. Bien sûr, il faut sortir en pleine nuit, allumer sa frontale et accepter la température un peu « frisquette » pour un 28 juin. Mais c’est grâce à ce réveil (très) matinal que l’on peut se payer le luxe de voir le jour se lever sur le Mont-Blanc. D’apercevoir des chamois gambader au loin. De croiser des bouquetins. Ou encore de voir progressivement la brume se dégager et donner l’occasion au paysage de s’exprimer pleinement. « Magnifique ! Le lever du soleil sur les montagnes, c’était vraiment génial », sourit Ninon. Lorsqu’elle prononce cette phrase, il fait pourtant de nouveau nuit. Il est environ 22h10, cette maman de trois enfants vient de franchir la ligne d’arrivée après 18h d’effort. Elle s’apprête à repartir chez elle, à Longwy en Lorraine, la tête pleine de souvenirs. « J’avais fait le marathon l’an dernier et j’avais adoré. L’ambiance à l’arrivée, c’est extraordinaire. C’était mon premier ultra avec autant de dénivelé car j’avais fait un 80 km il y a un mois et demi, mais en Belgique. Là, je rêve d’une douche, mais je suis contente », lance celle qui explique s’entraîner « à 80% sur tapis ». Et d’ajouter : « J’ai couru la fin de parcours avec une femme qui avait cassé sa frontale, alors je l’éclairais avec la mienne ».

Une belle image de partage qui en rappelle une autre. Celle de François D’Haene et Michel Lanne, arrivés eux bien plus tôt, mains dans la main, en vainqueurs de cette première édition du 80 km du Mont-Blanc (voir les résultats). Le premier est jeune papa, le deuxième va bientôt l’être. « On a discuté et François m’a donné des cours de paternité pendant la course, c’est bon tout est calé », plaisante Michel Lanne. Et son compère de compléter : « On a vraiment partagé de beaux moments tous les deux. C’est une belle bourse, une belle balade. Un parcours assez technique, mais pas trop, avec des parties très sauvages ».

Malgré des modifications suite aux conditions météorologiques trop hivernales,  ce tracé a en effet de nombreux atouts à faire valoir. Les passages dans les névés, notamment aux alentours de la Tête au Vent, sont venus ajouter leur dose de piment… mais pas sans l’entraide qui va avec. « Ca va derrière ? »,  hurle Xavier, alerté par un bruit de glissade. La réponse de Laurent est positive. Tout le monde se remet en route. Un peu plus loin, une sonnerie de téléphone portable vient troubler le calme ambiant. La « propriétaire » décroche. « On est dans la descente vers le Col des Montets ». Et demander à son interlocuteur au bout du fil : «  Tu aurais du doliprane à me donner ? ».

Dans la même descente plutôt abrupte, un groupe de marcheurs arrive à contresens. Mais les touristes jouent le jeu, se rangent sur le côté, et encouragent les coureurs qui ne sont alors pas encore à mi-parcours. Le geste est visiblement apprécié. « On a été tous seuls pendant longtemps, ça fait du bien un peu d’animation, ça recharge les batteries ! ».

Malheureusement, plus les kilomètres et heures de course défilent, plus les réserves de chacun diminuent. Et au dernier ravitaillement solide avant l’arrivée, au 64ème kilomètre, les mines sont parfois grimaçantes. « J’ai du mal à avaler », souffle Jérémie. « On ne sait plus quoi manger », constatent Jean-Noël et Louis. En face d’eux, Fabrice est assis. Il veut jeter l’éponge. « Allez, motive toi, lui assène gentiment une bénévole. Il ne reste que 14 kilomètres, ce serait dommage ! ». « Mange un bout, attend un quart d’heure, et tu vas repartir », lui conseille un autre coureur. En vain, puisque ce concurrent venu d’Alsace décide finalement d’abandonner.

Il n’est pas le seul. Le bilan fait état de 151 abandons sur 622 partants. Preuve que le niveau d’exigence de ce 80 km (réduit en fait à 78 km avec 6 000 m de D+) en a surpris certains. Heureusement, pour d’autres, comme Michael, l’épreuve restera à jamais celle de leur première médaille de finisher d’un ultra. « Je ne me rendais pas trop compte du temps que j’allais mettre. Je voulais avant tout le finir, mais j’aurais aimé faire un peu moins de 16 heures. Finalement, je termine en 16h15, mais ça m’a vraiment donné envie d’en refaire ». Médaille autour du cou, lui qui n’avait jamais couru au-delà d’un marathon, savoure son nouveau statut d’ultra traileur. En pensant à sa femme, toujours sur le parcours, qui découvrait aussi cet univers. « J’ai eu de ses nouvelles pendant la course. Je pense qu’elle finira 1h30 derrière moi. Elle ne s’est entrainée qu’une fois par semaine, mais elle a des réserves ». Pour ce statisticien originaire de Savoie mais installé à Londres, ce 80 km du Mont-Blanc, c’était une affaire de partage. Et il n’était pas le seul dans ce cas.  

Quelques photos du 80 km du Mont-Blanc 2013

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