S’entraîner en chaleur pour maigrir : Rêve ou réalité ?

Article écrit par Cyril Schmit (Innov.training)

Les fortes températures qui s’abattent ces jours-ci sur le pays invitent à se poser des questions sur la manière d’exploiter stratégiquement leurs effets sur le corps. Dans cet article, nous allons partir d’une idée reçue pour aller jusqu’à investiguer un mécanisme peu connu de la chaleur sur notre corps. Avec toujours en ligne de mire une même unique perspective : la perte de poids.

Crédit photo : Giorgio Pulcini

Partons de l’idée reçue qui consiste à se dire qu’un exercice en ambiance chaude fait maigrir. Naïvement, c’est effectivement l’extrapolation que l’on peut faire à l’issue d’une séance de course à pied à midi sous 32°C : « j’ai énormément transpiré donc j’ai plus maigri que d’habitude ».

Par rapport à cette perte de poids, rappelons d’abord que la recommandation en termes d’hydratation post-exercice est de boire 150% de la masse d’eau perdue pendant l’effort (estimée grâce à une pesée). Et donc de compenser totalement la perte hydrique du sportif ! Ainsi, il est illusoire de préjuger de variations durables de poids de corps immédiatement après une séance d’entraînement.

Rappelons de plus que la décision de se restreindre en apports hydriques en phase de récupération d’un entraînement dans le but de stabiliser un poids bas, ne participe aucunement d’une réflexion judicieuse puisque l’organisme – constitué à 70% d’eau – fonctionne abondamment grâce à cette ressource fondamentale.

Dans ce contexte, par rapport au titre de l’article, on peut donc poser l’idée que : s’entraîner dans la chaleur n’est pas une stratégie de perte de poids à moyen-terme.

 

Avançons dans cette réflexion et imaginons maintenant le cas du sportif qui, de façon répétée, s’entraînerait l’été lorsqu’il fait chaud avec l’intention de s’affûter.

La démarche est louable, certes, puisque la répétition des efforts est un premier facteur important pour augmenter la dépense calorique et influencer la balance énergétique de l’organisme. Mais retenez que votre corps, lorsqu’il est exposé à plusieurs reprises à un environnement chaud, va naturellement tendre à se préserver contre la déshydratation répétée qu’il subit. Comment cela se manifeste-t-il ? Par une prise de poids !

 

En réalité, le mécanisme qui se cache derrière cette prise de poids relative (de 0,5kg à 1,5kg en général) est la sécrétion d’albumine dont la conséquence directe est une rétention d’eau par le corps. Cette rétention se passe plus précisément dans le sang, au niveau du plasma, qui se gonfle dans l’optique de pouvoir fournir une masse d’eau abondante si le besoin de transpirer était à nouveau amené à se manifester.

 

Autrement dit, le corps s’acclimate à la chaleur et se protège en se chargeant d’eau. Conséquence : hausse de votre poids.

 

Si l’on s’arrêtait ici, la réponse au titre de cette discussion serait donc évidente : s’entraîner en chaleur pour maigrir est un rêve… Mais non ! Car il pourrait bien exister des stratégies pour exploiter ce facteur « chaleur » dès lors que l’on regarde un peu plus loin ses différents effets sur le corps. Et en particulier l’effet Q10.

 

L’effet Q10, c’est celui qui consiste à observer une multiplication des réactions chimiques à mesure que la température d’un milieu s’élève. Pour le muscle, la logique est simple : la consommation en glucides peut être presque doublée lorsque l’entraînement est réalisé en ambiance chaude. Quelle conséquence cela a-t-il ? Tout simplement de dégrader une quantité plus importante des réserves de glucides dans l’organisme (hausse du métabolisme).

 

Pour notre sujet, l’enjeu se trouve alors en aval de la séance d’entraînement. En effet, si vous avez entendu parler des régimes nutritionnels Sleep-Low, vous savez que leur principe consiste à supprimer les apports en glucides après l’entraînement de fin de journée dans l’optique d’augmenter l’affinité de l’organisme pour les lipides – ce qui est utile pour la performance en endurance. Or, vous savez aussi que ce type de régime, lorsqu’il est réalisé à raison de 2-3 fois par semaine, s’accompagne d’une perte de poids (même chez des athlètes déjà affutés).

 

Dans ce contexte, l’hypothèse est la suivante : l’entraînement en chaleur pourrait amplifier l’affûtage de l’athlète soumis à un régime nutritionnel de type Sleep-Low, notamment en exacerbant la consommation de glucides du sportif à l’exercice (et son métabolisme post-exercice, de manière générale).

 

La logique est cohérente. D’ailleurs, sachez qu’elle est en cours d’investigation par certaines équipes de recherche en Europe. La confirmation pourrait donc rapidement se faire connaître…

 

En patientant, vous pouvez bien évidemment tenter l’expérience pour apporter votre propre réponse à ce titre : rêve ou réalité ?

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