La Ventoline et l’automédication, pratiques à risques

En course à pied ou en vélo, il n’est pas rare à cette époque de voir des athlètes inhaler quelques bouffées de Ventoline avant un entraînement et même au départ d’une compétition. Mais est-ce licite ?

Cette question nous renvoie à la problématique plus large de l’automédication dans le sport. En ultra trail, c’est malheureusement largement répandu malgré les nombreuses mises en garde des organisateurs.

Automédication et sport

L’automédication est l’ensemble des soins qu’une personne se prodigue à elle-même sans prendre l’avis d’un professionnel de la santé. Les substances utilisées sont des médicaments sans prescription ou anciennement prescrits mais non consommés en totalité, ou encore achetés sur le Net.

Trois principaux domaines sont concernés : les affections respiratoires, la douleur (principalement les maux de tête) et les affections digestives. Mais d’après une étude, la recherche de la performance fait aussi partie des motifs d’automédication. D’une façon générale, le paracétamol est la molécule la plus prisée, non sans risque.

Selon 80 % des personnes, l’automédication a résolu leur problème de santé. Chez les sportifs, peu de données sont disponibles. Toutefois, la prévalence de l’usage pourrait être plus élevée dans cette population, avec des différences en fonction du niveau de pratique.

Outre les effets indésirables habituels, les sportifs s’exposent à deux dangers spécifiques : altérer les performances et rendre positif un contrôle antidopage. Différentes recommandations sont faites, selon que les responsables en charge des sportifs souhaitent, ou non, tolérer voire préconiser l’automédication.

L’automédication du sportif

P. Laure. Science et Sports, 2011

Le cas de l’UTMB

On le sait, depuis 2008, l’UTMB© est un laboratoire médical où médecins et chercheurs s’associent dans le but de préserver la santé de l’athlète (programme Quartz pour les élites). On estime en effet que 30% des athlètes ont recours à l’automédication en ultra-trail, ce qui est considérable.

Parmi les médicaments les plus prisés, l’Ibuprofène et le Tramadol, anti-inflammatoire et anti-douleur donc. On peut commencer à en prendre sous prétexte d’un mal de tête, ou en anticipation de la douleur, puis on multiplie les prises pour tenir la distance.

Les risques d’atteinte rénale sévère sont importants. Autre danger, la prise de corticoïdes, anti-inflammatoires puissants. Ces médicaments sont interdits mais peuvent être prescrits dans le cas d’une pathologie inflammatoire récalcitrante (tendinite, périostite…) et dans le cadre d’une AUT (Autorisation d’Usage à des fins Thérapeutiques).

Associés à une déshydratation, les corticoïdes peuvent générer une insuffisance rénale grave. IL faut le répéter mais un athlète blessé doit avoir la sagesse de ne pas prendre le départ, surtout d’un ultra trail. Les risques sont trop élevés sur tous les tableaux.

Et la Ventoline dans tout cela ?

Le principe actif de la ventoline est le salbutamol. Cette molécule favoriseune dilatation des voies respiratoires pour favoriser une meilleure expiration et une meilleure oxygénation du sang.

Le salbutamol fait partie de la liste des interdictions de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), mais avec des aménagements possibles.

Selon l’Union Cycliste Internationale, « la présence dans l’urine de salbutamol à une concentration supérieure à 1 000 nanogrammes/millilitres […] sera présumée ne pas être une utilisation thérapeutique intentionnelle et sera considérée comme un résultat d’analyse anormal ».

Sur le papier, la Ventoline est uniquement autorisée pour les asthmatiques. Elle est prescrite pour lutter contre les difficultés à respirer en raison du rétrécissement des voies respiratoires dû à l’asthme.

Si la prise est inférieure à la dose fixée, la pratique est légale. Si elle est supérieure, il s’agit de dopage. Jean-Pierre de Mondenard, médecin spécialiste du dopage, explique qu’au-delà d’un certain seuil, la Ventoline est un anabolisant, produit augmentant la masse musculaire et diminuant la graisse corporelle.

Pour les non-asthmatiques, il n’y a pas de seuil, toute prise est illégale.En effet,la ventoline améliore la respiration et augmente significativement la consommation d’oxygène. Par conséquent, toute bouffée de ventoline avant un effort ou au cours d’un effort est illégale.

Maintenant, la question légitime que l’on peut se poser est de savoir pourquoi il y a tant d’asthmatiques parmi les sportifs de haut niveau. En effet, le nombre d’AUT est impressionnant parmi les cyclistes professionnels, mais pas que. Ils sont par ailleurs nombreux les retraités du cyclisme à avoir dénoncé le scandale des AUT délivrées trop facilement par les médecins d’équipe, parfois pour des blessures simulées et permettant des injections de cortisone à des moments clés de la saison.

Pour autant, l’asthme à l’effort est une réalité physiologique plus répandue chez les athlètes de haut niveau. Il est en lien avec le niveau des athlètes (en termes de VO2max), avec l’intensité de l’exercice et aussi avec l’altitude.

Nous consacrerons un article complet sur ce phénomène complexe et nous parlerons de l’hypoxémie induite d’exercice, phénomène bien décrit par les scientifiques mais dont les causes sont encore mal connues.

En attendant, halte à l’automédication, pratique dangereuse. Le sport doit être vecteur de santé physique et mentale.

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