Vincent Luis : « La seule chose qui me manque c’est une médaille olympique en individuel, cela reste dans un coin de ma tête. »

C'est une équipe de France de triathlon et de paratriathlon rayonnante et ambitieuse qui s'est retrouvée il y a quelques semaines à l'INSEP (Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance).
À 34 ans, Vincent Luis, double champion du monde 2019 et 2020 de triathlon courte distance, remis de ses pépins physiques aborde avec envie 2024 qui sera pour lui la dernière année de sa carrière avec le rêve de participer à ses 4èmes Jeux. Entretien.

Vincent Luis double champion du monde 2019 et 2020 de triathlon courte distance

Le pape-info : Vincent, question toute simple comment allez-vous ?

Vincent Luis : Merci de me poser cette question, beaucoup de gens n’osent pas me demander de mes nouvelles, ne savent pas si c’est maladroit ou pas. En tout cas cela va super bien, mes derniers examens sont positifs, tout s’est bien réparé que ce soit la hanche ou le mollet. J’ai repris l’entraînement il y’a plus de 2 mois et demi, je cours à nouveau normalement sans douleur, je peux poser les deux pieds par terre sans appréhension.

Le pape-info : On vous avait quitté au Test Event de Paris où vous aviez abandonné par précaution

V.L : J’ai retrouvé le sourire car le fait de pour voir courir à nouveau sans douleur c’est génial, c’est ce que j’aime faire. Quand j’ai eu ma fracture de fatigue au mois de mai, une reconstruction osseuse pour un col du fémur c’est plus ou moins 3 mois de patience, j’avais très peu de marge pour être performant. J’ai pris des risques qui étaient pour moi mesurés afin d’arriver au Test Event plus ou moins performant et de montrer que je méritais ma place pour les Jeux olympiques de Paris. Ce n’est pas passé, c’est comme cela, j’ai pris le temps qu’il fallait derrière. Je me suis entouré de nouvelles personnes, notamment un nouveau préparateur physique qui va m’aider à reprendre confiance en mon corps, essayer d’être en bonne santé et de me retrouver sur une ligne de départ.

Le pape-info : Dans quel état d’esprit êtes-vous à un peu plus de 6 mois des Jeux de Paris ?

V.L : J’ai un peu l’impression de revivre les Jeux olympiques de 2012, je n’étais pas le leader de l’équipe de France mais plutôt celui qui arrivait et qui pouvait avoir sa place aux Jeux s’il performait bien. Sans être le leader ou le chassé, j’essayais de toujours faire gagner la France et actuellement je suis dans cet optique que si je suis légitime et que je suis bon on m’emmènera aux Jeux et s’il y a 3 garçons plus légitimes que moi ce seront eux qui feront les Jeux. C’est le discours que j’ai tenu au DTN (Directeur Technique National) après la grande finale mondiale lorsqu’il m’a appelé, je lui ai dit que j’avais rien à lui vendre au moment présent mais que s’il me demandait d’être fort au mois de mai à quelques mois des Jeux pour prouver que je pouvais les gagner c’était dans mes cordes.

Vincent Luis : « Les Jeux à Paris sont un bel objectif de fin de carrière mais j’ai déjà achevé 100 fois plus de choses que je rêvais de réaliser quand j’ai commencé le triathlon, j’ai fait du triathlon mon métier c’était ma première victoire dans ma carrière. »

Le pape-info : À la différence de 2012, l’équipe de France n’a jamais été aussi forte et dense qu’actuellement

V.L : Aux Jeux en 2012, les garçons avaient quand même terminé 4e (David Hauss) et 5e (Laurent Vidal), (Vincent Luis avait terminé 11e) c’était très solide maintenant c’est vrai qu’en densité nous sommes 5 à pouvoir prétendre à une place, les filles font de très belles performances, idem en paratriathlon. Nous sommes passés à une équipe de France globalement très performante au très haut-niveau alors qu’avant nous avions plutôt un leader chez les hommes, une tête d’affiche chez les femmes et un en paratriathlon. Il faut pérenniser cela et se concentrer sur la relève parce par exemple après Paris il ne faudra plus compter sur moi (sourire).

Le pape-info : C’est acté depuis quelques temps, 2024 sera votre dernière année de triathlète de haut niveau

V.L : J’ai été champion du monde juniors en 2008, 3e aux Mondiaux juniors en 2007, ma première sélection chez les juniors remonte à 2005, c’était il y a longtemps, c’est logique que le corps commence à vouloir se reposer. La courte distance est une discipline très exigeante avec beaucoup de déplacements, de temps loin de la maison, de la famille. J’ai fait énormément de sacrifices pour ce sport, j’ai manqué la naissance de mes 2 nièces, j’en ai une qui a 2 ans je l’ai vu 2 fois, ce sont des choses que je n’ai pas forcément envie de revivre. Je suis parfaitement lucide et conscient que la pleine performance pour moi se fait de plus en plus rare. Les Jeux à Paris sont un bel objectif de fin de carrière mais j’ai déjà achevé 100 fois plus de choses que je rêvais de réaliser quand j’ai commencé le triathlon, j’ai fait du triathlon mon métier c’était ma première victoire dans ma carrière.

Le pape-info : Que serait une année 2024 réussie pour vous ?

V.L : Une année 2024 réussie serait une année sans blessure où je pourrai exprimer mon plein potentiel, la seule chose qui me manque c’est une médaille olympique en individuel, cela reste dans un coin de ma tête. Les médailles olympiques c’est tout ce qui compte, 4e ou 20e c’est pareil. Il y a 2 choses importantes en triathlon la médaille aux Jeux et la victoire à Kona à Hawaï, tout le reste c’est bon pour les étagères c’est de la littérature.

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