Tahoe Rim Trail : un sentier au cœur de la montagne américaine

Le Tahoe Rim Trail est un sentier de 265 kilomètres qui propose de faire le tour du lac Tahoe par les montagnes. Situé au nord-est de la Californie et débordant sur le Nevada, c’est le plus grand lac alpin d’Amérique du nord. Si ses rives sont dévolues à la plage et au nautisme, le sentier qui l’encercle vous plonge dans une nature montagnarde et forestière plus que préservée. Rendez-vous dans “l’american wilderness”.

South Lake Tahoe, la ville d’où nous sommes partis à l’assaut du sentier, évoque tout à la fois Chamonix et une station balnéaire. En plein été, c’est la foule. Toutefois, même si l’hyper-centre manque de charme, on est vite séduit par les rues plus calmes, les maisons en bois de toutes tailles construites en pleine forêt. Et puis, le lac et ses eaux bleues offrent déjà un beau spectacle, avec le reflet des montagnes.

Mais ce sont les hauteurs qui seront le théâtre de notre grande randonnée : il faut grimper assez raide, sur plus de cinq kilomètres, pour trouver le sentier, le Tahoe Rim Trail, depuis South Lake. Une belle mise en jambe qui nous permet déjà de prendre de la hauteur et de rejoindre une nature encore mieux préservée : nous ne rencontrerons plus tant que ça de constructions humaines pendant les dix prochains jours. Nous nous enfonçons dans les bois, jusqu’à un beau lac qui veillera sur notre première nuit sous la tente. Bienvenue dans la nature sauvage des Etats-Unis.

Les deux jours suivants se passent ainsi, à marcher sur les montagnes. Le paysage est étonnamment varié : des zones très boisées et où l’eau coule dans les torrents succèdent à des prairies fleuries puis à des portions beaucoup plus sèches et austères. Le profil est très vallonné, même si la randonnée reste accessible à tous bons marcheurs : le sentier bien tracé ne présente pas de grandes difficultés techniques et le sol est doux sous la chaussure. Après trois étapes, nous sommes déjà à plein régime et profitons à pleins poumons de l’expérience.

L’expérience du bivouac sauvage

Nos étapes nous mènent, à travers de nombreux cols qui nous offrent souvent de beaux panoramas sur le lac Tahoe, vers de plus petits lacs, toujours entourés de montagnes majestueuses et d’une riche forêt. C’est bien sûr au bord de l’un d’eux que nous installons chaque soir notre campement. L’expérience du bivouac fait totalement partie d’une randonnée itinérante en Amérique du Nord. Bien entendu, il faut prévoir ses vivres en conséquence et évoluer en autonomie comporte des inconvénients, comme celui de devoir porter un sac alourdi par la nourriture, la tente ou bien encore le réchaud, mais dormir ainsi, au cœur d’une nature préservée, en accord avec un environnement d’exception, est un beau privilège.

Après des étapes variant entre 20 et 30 kilomètres, nos soirées se passent vite : installation, détente, nous nous lavons dans le lac ou une rivière environnante, puis préparation du dîner, grâce à notre réchaud très compact, et enfin dîner. Nous nous couchons très tôt, après une ou deux parties de dés. Le rythme du soleil dicte ainsi nos journées en pleine nature.

Après trois jours, nous croisons toutefois la civilisation en rejoignant un beau lac populaire pour le nautisme, l’Echo lake. La boutique locale, bien que très chère, fait notre affaire. Nous DSC_0463-001procédons à quelques emplettes pour les jours suivants et dégustons une excellente bière d’un brasseur californien. En plus, l’expérience est complétée par une très belle traversée de ce lac en bateau, que deux autres randonneurs rencontrés dès notre premier jour de marche, et qui accomplissent eux aussi un Tahoe Rim Trail complet, nous ont conseillé. D’ailleurs, sur ce passage, tous les marcheurs semblent délaisser le sentier pour apprécier de filer sur l’eau quelques instants. Le paysage est splendide, de petites maisons inaccessibles par la route s’égrènent sur les rives.

La splendeur de la Desolation

Nous débarquons ensuite à l’entrée de Desolation Wilderness, une zone protégée où il est exigé un permis de trekking particulier pour marcher. Nous l’avons demandé avant notre départ, donc aucun souci pour pénétrer dans ce sanctuaire dédié à la beauté de la nature sauvage. Le paysage est une succession de lacs, de zones boisées et de régions rocheuses plus austères qui ont peut-être donné son nom à cette Desolation qui nous ravit plutôt. Les jours qui suivent sont un rêve de randonneur. Le profil est bien pimenté par de beaux cols, la marche est sportive.

A l’étape, nous retrouvons chaque soir deux duos de randonneurs qui accomplissent le même trajet : deux jeunes californiennes, étudiantes en vacances et deux trentenaires pour qui c’est le grand défi de l’année. Nos échanges sont très cordiaux et c’est stimulant de les revoir chaque jour. Les lieux de bivouacs sont connus et nous nous retrouvons donc tous aux mêmes endroits, mais le camping reste sauvage et discret : « leave no trace » est une règle bien respectée sur les sentiers californiens.

Après Desolation Wilderness, nous retrouvons pour un soir la civilisation puisque le sentier redescend jusqu’à Tahoe City, une agréable cité au bord du lac, plus modeste que South Lake. Un bon restaurant nous tend les bras et nous nous offrons une nuit dans un « Air BnB » douillet pour bien récupérer.

Nous marchons une journée au bord du lac car l’état des cours d’eau (à sec) et aussi le timing nous enjoint de prendre ce raccourci et donc d’éviter une petite portion du sentier. Mais cette marche tranquille nous permet de découvrir un autre aspect du Tahoe, avec ces belles maisons en bois et ses plages tranquilles.

Ensuite, nous repartons pour quatre très belles dernières journées dans la montagne. Les panoramas sur le lac se succèdent dans cette dernière partie du voyage, puisque nous le surplombons directement.  Là encore, les paysages qui se découvrent sous nos pas sont étonnamment variés : clairières fleuries succèdent à des bois densément plantés, avant que les roches animent à nouveau les lieux. Enfin, le sentier offre une vue fabuleuse sur le lac Tahoe surplombé par un autre lac de plus petite taille : le spectacle est merveilleux, sous un ciel bleu toujours présent. Finalement, lorsque nous redescendons vers South Lake au bout de onze jours de marche, la joie du chemin accompli l’emporte très largement sur la fatigue, même si un bon burger et une bière ne se refusent alors pas!

 

Le Tahoe Rim Trail en bref :

– Situé à environ 3h30 de route de San Francisco. Aéroport à proximité et bus. On peut démarrer le chemin de n’importe quel “trail head” mais le plus simple et de partir à proximité de South Lake Tahoe.
– Se munir d’une carte (plusieurs éditions disponibles).
265 kilomètres autour du lac Tahoe
– Difficulté : relief très marqué, sentier très propre. Il faut prévoir d’évoluer en autonomie : bivouac, nourriture. Ne pas oublier un système de filtration ou de purification de l’eau.
– Le permis de feu de camp et le permis de trek pour Desolation Wilderness sont obligatoires. Ils s’obtiennent cependant facilement la veille ou l’avant-veille de votre départ au visitor center à South Lake Tahoe. Le Tahoe Rim Trail est un des chemins de grande randonnée les plus accessibles des USA de ce point de vue.

Le site du sentier : https://www.tahoerimtrail.org/

Le site de l’OT de Californie : http://www.visitcalifornia.com/fr

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