La Super League fait impression

Pour sa deuxième année d'existence, la Super League Triathlon a animé la fin de saison en triathlon. Intensité, rebondissements, suspense, ce nouveau format de compétition a séduit un grand nombre de téléspectateurs. Et alors que la dernière étape se déroulera en février prochain à Singapour, nous avons demandé aux meilleurs triathlètes français ce qu'ils pensaient de ce concept.

(Crédit photo: Darren Wheeler)
(Crédit photo: Darren Wheeler)

Dimanche 4 décembre à Majorque. Après une belle bagarre, notamment avec le vice-champion olympique Jonathan Brownlee, le Français Vincent Luis s’envole vers sa troisième victoire de suite en Super League en utilisant son « short chute » (raccourci obtenu grâce à un succès en série le matin) dans les derniers mètres de la course à pied. Vêtu d’une combinaison rose (couleur distinctive du leader de l’épreuve) floqué du numéro 29 (choisi par l’athlète), le tricolore passe la ligne et s’affale, exténué par l’effort intense. De quoi bien résumer une étape de la Super League triathlon, où le triple effort traditionnel est bousculé par des formats de course, des rythmes et des règles, qui transforme le tout en un grand spectacle télévisuel.

Une répétition pour le relais des JO

« J’y vois plusieurs avantages, glisse Vincent Luis, en tête du classement général de la Super League après trois succès en autant de courses. Ce sont des efforts différents sur des circuits où on doit tamponner l’acide lactique comme lors des relais. C’est le meilleur exercice pour préparer le relais des Jeux olympiques. Et ça offre également une belle exposition médiatique. Ce sont des courses qui sont presque autant regardées que la course des JO. »

Avec 8 millions de téléspectateurs dans le monde lors des dernières étapes, la Super League plait et ses formats de course n’y sont pas étrangers. Avec, selon les courses (voir format), des enchainements courts de natation, vélo et course à pied, dans tous les sens sur des circuits très étroits et des règles particulières, tout est fait pour faire le show. « C’est un concept vachement dynamique, lâche Cassandre Beaugrand, deuxième de l’étape de Jersey (voir article). Ca me correspond pas mal au niveau des formats de course car j’aime les choses rapides. C’est le triathlon revisité, c’est limite un jeu. »

Travailler les transitions

« Un jeu » qui permet également aux triathlètes de progresser. « Il y a énormément de choses à prendre sur les transitions, les efforts enchainés », juge Pierre Le Corre, qui n’a pas pu participer cette saison à cause d’une opération en fin de saison. « On peut travailler plein de choses qu’on ne travaille pas habituellement, continue Beaugrand. J’ai d’ailleurs vachement travaillé à vélo sur l’étape de Jersey. »

Du travail mais beaucoup de formats, voire peut-être un peu trop au goût des puristes, quitte à s’y perdre un peu. « C’est un super outil, très dynamique et visuel mais on s’y perd un peu, avoue Pierre Le Corre. Il y a déjà beaucoup d’épreuves en triathlon comme le format olympique, les half, les ironman… C’est très simple pour nous mais pas pour le grand public. » « Je fais partie de ceux qui pensent qu’à partir du moment où ça véhicule l’image du triathlon, c’est bien, lâche Luis. Il y a des gens qui veulent absolument que le triathlon ça soit natation – vélo – course à pied. Là, les téléspectateurs voient des athlètes qui finissent sur le dos et c’est du fun ! »

Vitesse des athlètes en live et drones

Un show qui devrait encore monter d’un cran lors des prochaines étapes (la dernière étape de cette édition aura lieu à Singapour les 23 et 24 février prochains). « On n’en est qu’aux prémices, lance Vincent Luis. A l’avenir, ils vont mettre des caméras sur les vélos, des trackers pour suivre notre vitesse instantanée et des pilotes de drones pour nous suivre à vélo. Ca va être vraiment bien ! »

Du beau spectacle en perspective même si les organisateurs, dont l’ex-triathlète champion du monde longue distance Chris McCormak, tiennent à garder les athlètes au centre du jeu. « Ils investissent sur nous, abonde Luis. Ils sont à l’écoute contrairement au circuit ITU (union internationale de triathlon). A Malte, par exemple, on trouvait qu’une descente à pied était trop pentue et ils ont tout de suite modifié le parcours. »

Avec en plus un prize money très intéressant, supérieur à celui de l’ITU (20 000 dollars par étape remportée hors prime, 100 000 dollars pour le vainqueur du circuit), la Super League Triathlon devrait prendre de plus en plus de place dans le calendrier. D’ailleurs, la saison 2019 commencera avec l’étape de Singapour (23 et 24 février prochains), située deux semaines avant la WTS d’Abou Dhabi (8 et 9 mars).

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