Josselin Riou : « L’idée est de tester pour trouver à la fin le bon protocole et savoir quand et quoi manger avant une compétition. »

En début de semaine, l'un de nos experts Anaël Aubry vous a expliqué et vous a donné son avis sur les capteurs de glycémie.
À présent voyons le regard que porte sur ces capteurs le cycliste Josselin Riou, également journaliste spécialisé cyclisme à Eurosport.
L'utilisation depuis quelques temps au quotidien des capteurs de glycémie l'aide dans sa façon de s'alimenter et l'approche de sa pratique sportive. Entretien.

Lepape-info : Josselin, en quoi consiste ces capteurs de glycémie Supersapiens ?   

Josselin Riou : Superspiens c’est un écosystème, le biocapteur est fabriqué par Abbott qui est d’ailleurs le partenaire d’Eliud Kipchoge et des 6 marathons « Majors ». Du capteur il faut récupérer les données et les analyser. Pour cela Supersapiens a crée une application et un patch que tu mets autour du capteur pour ne pas l’abimer et le garder assez longtemps.

 

Vous gardez le capteur 14 jours et sur l’application en temps réel minute par minute vous avez vos données de glucose en mg/dl. Vous le gardez toute la journée à la différence d’un capteur de fréquence cardiaque ou en vélo un capteur de puissance. Cela va permettre de suivre vos données pendant le sommeil, au travail, en dehors de l’entraînement. Vous vous rendez compte que beaucoup d’athlètes de haut niveau ou amateur se connaissent pendant l’entraînement mais que c’est moins évident pour les repas dits insignifiants éloignés des entraînements. Mieux manger lors d’un dîner peut permettre de mieux dormir par exemple. Le capteur permet un suivi en continu et pas uniquement à l’entraînement.

 

Lepape-info : Comment se porte, se place le capteur ?  

J.R : Il y a un filament relié au capteur qui se glisse sous la peau au niveau du liquide interstitiel et vous l’appliquez à l’arrière du bras, moi je le mets au niveau de la limité du t-shirt pour ne pas être gêné. Vous avez tendance à vite l’oublier, vous pouvez bien sur prendre votre douche avec, nager avec puisque les triathlètes l’utilisent. Il faut ensuite le synchroniser via le bluetooth avec un téléphone compatible. Ensuite si le téléphone est assez proche du capteur pas de soucis pour avoir les données en temps réel, si le téléphone est trop loin, le capteur peut enregistrer jusqu’à 8h de données et en scannant ensuite vous récupérez sur l’application les données. Cela peut être ainsi un bon outil en temps réel mais aussi d’analyse après entraînement ou compétition si vous n’avez pas votre téléphone avec vous.

 

Josselin Riou : « En mettant un dossard lors de courses cyclistes, j’ai constaté avec le capteur que ma glycémie était top pendant 45 minutes – 1 heure sauf que la course dure 3 heures ! Cela veut dire que pendant les 2 dernières heures je lutte. »

 

Lepape-info : Le capteur a une durée de vie de 14 jours 

J.R : Oui vous êtes prévenu en amont quand le capteur cessera de fonctionner. Certains l’utilisent pour des stages ou avant une compétition parfois sur de longues périodes d’un ou deux mois mois et ils renouvellent le capteur tous les 14 jours. D’autres l’utilisent au quotidien toute l’année, cela dépend de la pratique et de l’objectif visé. Moi j’ai pris l’habitude de l’utiliser. Quand on l’utilise sur de courtes périodes on a tendance à souvent regarder les données alors qu’une fois que la capteur est rentré dans votre style de vie comme c’est le cas pour moi, je regarde à des moments précis quand je le ressens parce que je vais avoir une fringale à l’entraînement ou des moments un peu plus faibles et là je vais vraiment analyser ou au contraire à des moments où je me sens bien pour voir si les chiffres sont en corrélation avec mes sensations.

 

supersapiens

 

Lepape-info : Ce capteur a changé votre façon d’aborder votre pratique sportive ?   

J.R : Au début je conseille aux nouveaux utilisateurs de ne rien changer à vos habitudes pendant 15 jours – 3 semaines, c’est ce que j’ai fait. Ainsi vous voyez comment votre corps est à la base. Avant d’être un outil pour changer les habitudes, il faut les connaître. On sait ce que l’on mange mais on ne sait pas comment le corps réagit à cela. Est-ce que cela est bien ou pas ? Je me suis rendu compte que manger 2 ou 3 heures avant cela me correspondait plutôt bien. En mettant un dossard lors de courses cyclistes, j’ai constaté avec le capteur que ma glycémie était top pendant 45 minutes – 1 heure sauf que la course dure 3 heures ! Cela veut dire que pendant les 2 dernières heures je lutte. Physiquement je ne suis pas trop mal mais vous vous dites que si la glycémie était un petit peu plus haute à un moment en mangeant plus ou en prenant quelque chose de différent peut-être que vous aurez de meilleures sensations.

 

 

Josselin Riou : « Quand je pars pour 3 à 5 heures de vélo j’ai cette donnée de glycémie au même titre que la cadence de pédalage, la fréquence cardiaque. C’est hyper pratique parce que vous n’avez pas besoin de sortir le téléphone, vous avez tout sur le compteur et vous mangez, buvez en fonction du niveau recherché. »

 

Lepape-info : Avant vous portiez le capteur sur de la longue distance à vélo maintenant vous l’utilisez sur des courses classiques

J.R : Je constate qu’il y a encore des progrès à faire et une marge de progression intéressante. Que ce soit à l’entraînement pour faire des stocks glycémiques en amont de l’épreuve et même après l’épreuve quand vous êtes sur le vélo au lieu de manger un gel d’une marque vous vous dites pourquoi ne pas tester une autre marque ou des barres de céréales plus naturelles. Il faut trouver ce qui vous correspond vraiment. Par exemple mon frère avait fait la même course que moi, le capteur n’a pas réagit de la même façon que le mien alors que l’on a mangé la même chose le midi avant la compétition. C’est intéressant de voir comment quasiment la même quantité de pates, de riz mangée à la même heure n’a pas le même effet selon la personne. Dans une équipe cycliste par exemple ou bien sur aussi pour des athlètes en solo, cet outil permet d’individualiser au maximum le ravitaillement et la nutrition en amont. Avant tout le monde mangeait la même chose et avait le même ravitaillement en vélo. Maintenant on voit notamment sur les marathons que le ravitaillement est hyper individualisé pour les athlètes de l’élite.                        

 

Lepape-info : Vous utilisez ces capteurs depuis longtemps ? PATCH 2

J.R : La première fois ce fut l’été dernier lors de la traversée de la France à vélo (Race Across France). À l’époque il n’y avait pas une avancée qui existe maintenant. Vous étiez obligé de sortir votre téléphone pour regarder vos données maintenant sur mon compteur Garmin de mon vélo vous avez les données en temps réel à partir du moment où votre téléphone est dans le champ d’action. Désormais je m’entraîne avec mon téléphone dans la poche et sur mon compteur j’ai les données en temps réel. Quand je pars pour 3 à 5 heures de vélo j’ai cette donnée de glycémie au même titre que la cadence de pédalage, la fréquence cardiaque. C’est hyper pratique parce que vous n’avez pas besoin de sortir le téléphone, vous avez tout sur le compteur et vous mangez, buvez en fonction du niveau recherché.

 

Josselin Riou : « Le jour où j’aurais trouvé le protocole d’alimentation idéal qui me convient, mentalement je pourrais me dire que j’arrive sur une course en étant hyper confiant en sachant que je serai au maximum de mes capacités. »

 

Lepape-info : Vous ne pouvez plus vous en passez maintenant ?  

J.R : Une fois que vous l’avez bien utilisé, vous commencez à comprendre comment réagit votre corps, à détecter les signaux d’alarme, les symptômes comme ceux qui annoncent la fringale. L’idée à terme est peut-être de s’en passer. Supersapiens a instauré un système de score de glycémie, à la fin de votre entraînement vous avez un score sur 100 en fonction de tous les paramètres de glycémie enregistrés par le capteur. Plus votre score est proche de 100 mieux c’est. Lors des dernières courses que j’ai fait j’étais à 25 et 45/100. La marge de progression est énorme alors que les sensations étaient bonnes, j’ai terminé 5ème et 8ème. Pour vous donner un ordre d’idée, quand Eliud Kipchoge est champion olympique à Tokyo l’été dernier il termine la course à 100/100. C’est incroyable, évidemment les pro n’ont pas les mêmes contraintes que nous mais je me dis que ces capteurs sont bien pour progresser. Je n’ai pas de capteur de puissance sur mon vélo mais je me dis qu’avec ces capteurs de glycémie c’est peut-être mieux déjà que mon corps soit bien et à 100% de ses capacités. Le sport est fait pour que l’on soit aussi en bonne santé.

 

Lepape-info : Vous avez commencé à explorer certaines pistes pour optimiser vos capacités   

J.R : J’avais déjà constaté il y a longtemps quand je faisais des compétitions à vélo que de manger 3 heures avant le départ cela ne me convenait pas. Vous ne gérez pas le stress, les émotions de la même manière. Le fait de me retrouver sur la ligne cela me « bouffe » tout, à l’époque je n’avais pas de capteur mais je sentais que j’étais un peu plus faible. Avec mon père qui est médecin du sport on avait parlé et envisager de m’alimenter différemment avant une course. Maintenant que j’ai les capteurs et vu que je suis à un niveau amateur, l’idée est de tester pour trouver à la fin le bon protocole et savoir quand et quoi manger avant une compétition en quelle quantité, à quel moment en plusieurs fois ou non. Le principe avec mon père est de changer le protocole pour se rapprocher de la perfection. C’est impossible de trouver du premier coup la formule qui convient, il faut tester et voir comment le corps réagit. Le jour où j’aurais trouvé le protocole d’alimentation qui me convient, mentalement je pourrais me dire que j’arrive sur une course en étant hyper confiant en sachant que je serai au maximum de mes capacités.

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