Pierre Xolin nous raconte les crêtes vosgiennes (Makstein, 68), le 23 août 2015

Les Crêtes Vosgiennes font le plein !

Un cadre splendide, un plateau relevé, une météo idéale et quelques 1700 participants sur les deux courses du jour. Pas de doute, les Crêtes Vosgiennes ont offert un spectacle de haute volée le 23 août 2015. Cette épreuve s’affirment de plus en plus comme l’un des grands rendez-vous de la saison de trail.

Pierre Xolin
Pierre Xolin

On se souviendra longtemps de cette 40ème édition des Crêtes Vosgiennes version 2015. Tous les ingrédients étaient présents et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat a été à la hauteur. Une belle réussite pour l’organisateur, le Spiridon Club Alsace et un véritable succès populaire pour tous ces passionnés de course à pied. En effet, ils ne sont pas moins de 940 à avoir franchi la ligne d’arrivée des 33km reliant le Markstein au Lac Blanc ! Sur cette même lancée, 756 athlètes sont venus à bout des 13km en provenance du col de la Schlucht. Les parcours vallonnés (1000m de D+ pour le 33km, 450m pour le 13km) et très exigeants n’ont donc pas freiné les ardeurs de tous ces concurrents. Ceux-ci ont pu apprécier l’air frais des Hautes Vosges en empruntant des sentiers d’altitude (jusqu’à 1400m) surplombant la plaine d’Alsace. La difficulté était présente certes, mais le parcours lui-même sait offrir de belles récompenses aux plus valeureux : une vue imprenable sur les massif des Vosges, des lacs d’altitude, des tourbières, des chaumes d’altitude ainsi que la Vosgienne, une vache très charismatique dans la région. Vous l’aurez compris, il y avait de quoi se régaler lorsqu’on aime souffrir tout en se faisant plaisir !

La course reine, longue de 33km, est réputée pour être « aussi difficile qu’un marathon » ! Et quand on connaît le parcours, on ne se risque pas à le nier. L’enchaînement du Rothenbachkopf, du Rainkopf, du Kastelberg puis du Honneck sollicite déjà considérablement les organismes et pourtant, il faut savoir en garder sous le pied pour la fin de course et le passage au Gazon du Faing. La lucidité est un élément primordial sur ce parcours puisque les derniers kilomètres sont remplis d’obstacles : des cailloux de toutes tailles et des descentes techniques… Preuve que l’événement n’a rien à envier à ses homologues alpins en terme de difficulté. De plus, il commence vraiment à attirer du beau monde, avec des athlètes confirmés de plus en plus nombreux à chaque édition…

Cette année, il y avait un nom qui sortait de toutes les bouches : celui de Julien Rancon, multiple champion de France de course en montagne et médaillé mondial aux championnats du Monde de trail en 2013. Le sociétaire de l’EA Grenoble prenait en effet le départ des Crêtes pour la première fois.  Bien lui en a pris, puisqu’un cavalier seul dès les premiers hectomètres de course lui a permis de s’adjuger cette 40ème édition. Une belle répétition avant les championnats de France de trail en septembre ! Certains ont même cru que le récent 8ème des championnats d’Europe de course en montagne à Madère en juillet dernier allait titiller les 2h13 du local Sébastien Spehler, record de l’épreuve. Mais finalement, esseulé durant la totalité de son effort, Julien Rancon doit se contenter d’un chrono de 2h18, de quoi faire une bonne séance de long. Il devance Ludovic Laurent, le tout jeune vétéran vosgien (2h28) et Mickael Baradel (2h29).

Chez les femmes, on a pu voir le même scénario de course : une athlète a maîtrisé son sujet de la tête et des épaules, il s’agit de Christine Poyet qui, avec un superbe chrono de 2h51, relègue sa plus proche concurrente à plus de 30 minutes ! Christine Plumère et Marie-Hélène Bidart complètent ce podium.

Sur la distance inférieure (13km), ce sont plus de 700 coureurs qui se sont élancés en direction du Lac Blanc. Rapidement aux avant-postes, l’alsacien Emmanuel Allenbach, vice-champion de France vétéran de course en montagne au Mont-Revard cette année et premier français de la montée du Grand Ballon, a su construire sa victoire avec maîtrise et expérience. Malgré une chute sans conséquence, il a pu finir sans se sentir réellement menacé par ses poursuivants. Un autre alsacien, Julien Siat, prend la deuxième place à un peu plus d’une minute du vainqueur et confirme son aisance sur ce type d’effort. Enfin, je termine 3ème, à quelques secondes de Julien. J’ai vu mes espoirs de monter sur la deuxième marche du podium s’éloigner en chutant moi aussi sur la fin de parcours, heureusement sans gros bobos à l’arrivée.  Emmanuel réalise un chrono de 56min42 et Julien de 58min06. Pour ma part, je coupe la ligne après 58min29 d’effort. Le podium scratch est assez inédit puisqu’on y trouve un vétéran, un sénior et un junior !

Pour s’illustrer cette année, il fallait décidément s’appeler Emmanuel ! Ou bien Emmanuelle… Puisque la première féminine n’est autre qu’Emmanuelle Ziegler. La jeune vétérane a eu besoin de 1h10min38s pour venir à bout des 13km. Elle devance l’espoire Lise Foubert (1h11) et la juniore Laure Foubert (1h12min20s). Là encore un podium assez insolite mêlant l’expérience d’Emmanuelle à la fougue de ses jeunes poursuivantes. On notera dans cette même course la très belle performance de Julie Soulet, seulement cadette et déjà membre de l’équipe de France de course de montagne, 4ème au scratch dans un bon temps de 1h13min19s.

Mes impressions :

Pour ma première participation à cette course et à un trail de ce format, j’ai pris beaucoup de plaisir. Se sentir porter par un public nombreux le long du parcours et côtoyer tous les coureurs au sein du peloton, c’est ça « l’esprit trail » ! J’ai beaucoup aimé cette convivialité et la proximité qui existe entre les plus grands athlètes et les coureurs du dimanche. Il n’y a pas beaucoup de sport où un athlète professionnel partage son repas avec le commun des mortels. Pour cela, l’athlétisme est une discipline à part et procure des sensations indescriptibles. En ce qui concerne le parcours, il n’y a jamais réellement de partie plate. Les côtes ne sont pas forcément très raides mais sont nombreuses, il faut toujours relancer et on ne peut pas s’endormir. La preuve, un petit moment de flottement et on se retrouve au sol… C’est donc une course exigeante, qui nécessite une bonne capacité de concentration.

De plus, même lorsqu’on habite dans les Vosges, on apprécie encore ce paysage époustouflant et la qualité de l’air. Les randonneurs qui nous encouragent durant l’effort ne diront sûrement pas le contraire. Je me réinscrirai très certainement l’année prochaine, car il y a des secondes à gagner mais aussi car la ferveur populaire vous transcende ! Une vraie belle réussite au niveau de l’organisation et de l’enthousiasme des coureurs. Bravo à tous !

Les classements complets sur la fiche des crêtes Vosgiennes

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