Mondiaux de trail 2013 : Isabelle Jaussaud, la guerrière est de retour

Forcée de renoncer aux Mondiaux 2011 à cause d’une blessure, Isabelle Jaussaud retrouve l’équipe de France deux ans plus tard pour les championnats du monde de trail au pays de Galles. A 46 ans, elle n’a rien perdu de sa détermination. Ni de sa sensibilité.

Isabelle Jaussaud

Elle a pris le temps de la réflexion. Parce qu’elle ne voulait pas dire « oui » juste « pour porter le maillot et faire de la figuration ». Intégrer l’équipe de France n’est pas une chose qu’elle prend à la légère. Isabelle Jaussaud, 46 ans, a déjà porté la tunique tricolore avec l’équipe de France de ski de fond et celle de course en montagne. Elle sait de quoi elle parle. Alors quand, ce jeudi 30 mai 2013, elle a reçu un coup de téléphone « à 7h30 du matin », elle a demandé un délai avant de dire si, oui ou non, elle acceptait de rejoindre l’équipe de France de trail pour participer aux championnats du monde le 6 juillet prochain. « C’était inattendu. D’ailleurs, il y a eu un blanc au téléphone quand Philippe (Propage, référent trail au sein de la délégation, ndlr) m’a appelée. Je n’étais pas chez moi, j’étais en déplacement. J’ai appelé mon mari qui m’a dit « fonce ! » ».

Isabelle JaussaudSi cette athlète au vécu sportif aussi grand que sa taille est fine, a été appelée à la dernière minute pour rejoindre le groupe, c’est parce que Laurence Klein, blessée au tendon d’Achille, a déclaré forfait et ainsi laissé la place à une autre concurrente. « J’ai vraiment une grosse pensée pour elle, lâche Isabelle Jaussaud la voix pleine d’émotion. On ne se connaît pas vraiment toutes les deux, mais j’ai beaucoup d’estime pour elle. C’est une grande Dame ». Les larmes lui montent au yeux mais elle poursuit, tout en humilité : « J’aurais tellement aimé qu’elle y soit. Je l’ai eue au téléphone et elle m’a dit : « En 2011, j’ai fini pour toi ». Hé bien quand je serai dans le dur aux Mondiaux, je penserai à elle. Parce que je crois qu’elle vit la même chose que moi il y a deux ans, et c’est vraiment difficile ».

2011, donc. Isabelle Jaussaud est au sommet de sa forme, après sa victoire aux Templiers fin 2010. Elle s’apprête à disputer les championnats du monde en Irlande quand, une semaine avant l’échéance, sa cheville gauche la lâche. Une grave entorse qui va non seulement la contraindre à renoncer au maillot bleu, mais aussi à galérer pendant plus d’un an pour se débarrasser de cette blessure.

Cette nouvelle sélection, elle la vit donc « comme un cadeau » et prend « davantage de recul ». Elle qui travaille depuis 12 ans pour une grande enseigne de sport à Gap, a repris un dossard en début d’année sur la Romeufontaine, sur proposition de son mari qui accompagnait une petite section trail locale. Les sensations étant plutôt bonnes (elle s’est imposée sur le 12 km, voir les résultats), elle a tenté un deuxième essai sur le trail des Cabornis. Sur le 40 km, « pour le finir, parce que ça représentait vraiment quelque chose ». Là encore, la Bizontine a terminé en tête (voir les résultats). Tout comme dernièrement sur le Trail des Forts du Grand Besançon, sur ses terres d’origine, où elle s’est vraiment sentie à l’aise en remportant le 46 km (voir les résultats). Du stage avec l’équipe de France mi-juin à Chalmazel, Isabelle Jaussaud est repartie rassurée. « J’appréhendais un peu d’être à la traîne. Mais j’ai vu que j’étais bien dans le coup ».

Isabelle JaussaudAu Pays de Galles, elle dit maintenant  vouloir « perdre ce statut de remplaçante, et prouver qu’elle (avait sa) place ». Une « belle course » serait pourrait elle de « rentrer dans les trois premières Françaises ». Pas très convaincue de prime abord par le parcours de ces Mondiaux (une boucle de 15 km à parcourir 5 fois), elle a depuis revu sa position : « J’aime quand il y a de grosses difficultés. Je suis forte  dans ces moments-là. Là, il n’y en aura pas vraiment. Mais j’ai pris un peu de vitesse et je me dis que je peux pas trop mal m’en tirer ». Surtout, elle compte sur son mental de guerrière. « Je me surprends toujours pendant une course. Je ne lâche rien, je suis très forte. Alors que je ne suis pas forcément comme ça dans la vie. Je ne suis comme ça que pendant l’effort ». Et ce n’est pas l’équipe de France qui va s’en plaindre. 

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