Les résultats du 80 km du Grand Raid des Pyrénées (Vielle-Aure, 65), le 24 août 2013

A l'issue de 80 km disputés dans le brouillard, Jérôme Fournier s'impose après 9h40mn18s de course.

Grand Raid des Pyrénées 2013
Jérome Fournier

Il a mené sa course d’une main de maître et a offert au public une magnifique explosion de joie sur la place du village de Vielle-Aure à l’issue de 80km de course présentant 5036 m de dénivelé positif et négatif.

Tout a commencé à 5 heures du matin sous une pluie fine. Depuis la veille, les coureurs savaient que les conditions de course risquaient d’être difficiles et c’est presque avec soulagement qu’ils recevaient cette petite pluie ressemblant fortement à un crachin breton.

Au départ donc 1027 coureurs prêts à en découdre et à tenter d’entrapercevoir le décor magnifique du Grand Raid des Pyrénées que les concurrents du 160 km avaient pu apprécier la veille. Des concurrents toujours en course en cette heure matinale puisqu’Iker Karrera en tête depuis le 30e km n’a pas encore franchi la ligne d’arrivée (lire : les résultats du 160km du grand raid des Pyrénées, il la passera une heure plus tard à 6 h du matin). Au programme : un parcours identique au parcours du 160 km jusqu’au deuxième passage au Col de Sencours (43e km), ce qui implique l’ascension du Pic du Midi point culminant de la course. De là, les coureurs doivent couper vers Tournaboup en huit petits kilomètres (au lieu de 100 pour le 160 km) pour rejoindre le même parcours que l’ultra et ainsi courir avec les courageux qui évoluent déjà depuis plus de 24 heures.

Sur ce 80 km comptant pour le Challenge Salomon, très vite un petit peloton de six coureurs se forme en tête de course  avec Julien Navarro, Guillaume Beauxis, Thibaut Baronian, Ouildane Idrissa, Grégory Doucende  et Jérôme Fournier qui mène la troupe. Coureur local, il connaît chaque recoin de la région, un atout non négligeable surtout avec un brouillard qui obscurcit parfois complètement la vue et donc ne permet pas d’anticiper correctement. Mais voilà, le charpentier-couvreur de métier ne descend pas bien et se fait distancer. Il revient petit à petit dans la montée du col de Sencours et prend le commandement avant le ravitaillement, Pierre Laurent Viguier dans sa foulée.

Les images sont étonnantes avec des hommes qui sortent du brouillard et que l’on aperçoit au dernier moment. Sur les croisements de route, les bénévoles sont très tendus car il est difficile de stopper des véhicules alors que personne ne voit rien venir. Pour les concurrents le terrain est glissant et même si personne n’a froid il est nécessaire de ne pas oublier de mettre une veste afin de ne pas se refroidir du fait de la pluie. De nombreux coureurs se feront prendre à l’image de Pascal Massou qui jette l’éponge à Merlans à 13 km de l’arrivée transit car mouillé jusqu’aux os « J’ai mis la veste trop tard, j’étais déjà trempé et je n’ai jamais pu me réchauffer même quand certains dans l’effort avaient trop chaud. »

Devant, à l’issue de l’ascension du Pic du midi (2876 m) nouveau bouleversement. Au pointage au sommet, Pierre-Laurent Viguier est en tête suivi de Jérôme Navarro et Guillaume Beauxis, Jérôme Fournier est cinquième. « Mais je n’ai pas paniqué, j’étais bien. Je m’exprime plutôt sur 50 km d’habitude donc j’ai préféré rester à mon rythme tout en étant au max. » Verdict : 8 km plus loin à la sortie du ravitaillement de Tournaboup,  il est 2e à 5 mn de Pierre-Laurent Viguier qui semble très en forme. 

Mais le trail est plein de surprises et ce qui semble écrit ne l’est pas forcément. En effet, sur les 16 km séparant Tournaboup et Merlans, les positions ont complètement changé. Coup de théâtre, « Pierre-Lo » a craqué. Plus de jus. « J’ai soudainement eu envie de vomir, je ne pouvais plus manger ni boire. C’est vrai que je n’avais jamais fait de course au delà de 70 km et de 7 heures de course mais je ne m’attendais pas à ça. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Je me suis mis à marcher et à me dire : « je veux juste arriver maintenant ». Guillaume puis Jérôme (Navarro, ndlr) m’ont doublé, je me suis mis à marcher et puis j’ai bu un coca à Merlans et appris que  Guillaume était 3e à 2mn30 devant moi. » Pierre-Laurent retrouve alors ce qu’il faut d’énergie pour revenir sur Guillaume Beauxis qui s’est fait doubler par Jérôme Navarro alors en deuxième position. Et devant, c’est Jérôme Fournier qui mène la danse.

« Sur le col de Barèges (58e km), j’étais sur mes terres et j’avais repéré plusieurs fois. J’ai pris la tête et sans me préoccuper de ce qui se passait derrière j’ai fait le maximum » Et c’est un homme très heureux offrant une véritable danse de joie au public qui franchit la ligne d’arrivée en 9h40mn18s. Avec une petite surprise en cadeau puisque qu’en cours de matinée, l’organisation avait été informée qu’un contrôle anti-dopage inopiné aurait lieu. Julien Navarro termine deuxième 13 mn après. « Je ne savais pas ce que je donnerais sur une telle distance, je suis plutôt sur de la course de montagne et donc sur des formats plus courts. Ca se joue à pas grand-chose mais il est vrai que dans la dernière descente j’ai envoyé, j’ai tout donné. Maintenant place à la récup et aux France sur la Gapen’Cimes« .

Ce fut ensuite l’arrivée au compte goutte des coureurs avec 1h24 séparant le 1er du 10e. Ainsi deux heures après l’arrivée de Jérôme Fournier seuls 16 coureurs avaient franchi la ligne.

Chez les féminines, belle victoire de Maud Combarieu en 12h13mn35s devant Sandrine Prisse (12h31mn55s) et l’Allemande Julia Boettger (12h40mn37s). Tout sourire Maud a avoué « en avoir eu marre à partir du 50e km« . Elle a rapidement pris la tête de course après être restée quelques kilomètres à l’abri et n’a jamais été menacée « même si on ne sait jamais rien. En fait, elle n’était qu’à quinze minutes derrière, heureusement que je n’ai pas faibli« . Rentrant du Pérou où elle a fait quelques sommets et beaucoup de randonnées, elle n’a pas couru durant un mois mais « l’altitude semble m’avoir fait du bien. J’ai eu de bonnes sensations et ça fait drôle de revoir les décors que j’apprécie l’hivers recouverts de neige. J’ai même retrouvé certains points de repères ! J’ai adoré les parties techniques dans les rochers, beaucoup moins les descentes et le brouillard n’était pas gênant car le balisage était parfait. »

Les heures tournent mais bon nombre de coureurs du 160 km et du 80 km sont encore en course. Ainsi à 21 heures en ce samedi 24 août 2013, seuls 226 coureurs du 160 km et 344 du 80 km sont rentrés à Veille-Aure. Toute la nuit, jusqu’à 7 heures, ces concurrents  vont tout donner et tout tenter pour devenir « finishers ».

Les résultats

Hommes
1. Jérôme Fournier, 9:40:18
2. Julien Navarro, 9:53:26
3. Pierre-Laurent Viguier, 9:54:39
4. Guillaume Beauxis, 9:57:12
5. Nicolas Bouvier-Gaz, 10:02:09
6. Thomas Saint Girons, 10:09:53
7. Sacha Devillaz, 10:46:55
8. Grégory Doucende, 10:54:51
9. Philippe Kerbaol, 10:59:56
10. Fabien Nabias, 11:04:37

Femmes
1 (25). Maud Combarieu, 12:13:35
2 (33). Sandrine Prisse, 12:31:55
3 (38). Julia Boettger (All), 12:40:37
4 (50). Karine Sanson, 13:17:49
5 (67). Stephanie Mattei, 13:35:35
6 (69). Fanny Cather, 13:37:30
7 (81). Christine Tarbis, 13:46:54
8 (84). Veronique Douat, 13:48:13
9 (111). Annabelle Souriau, 14:10:18

904 coureurs classés soit 88% de finishers

Classement complet du 80 km du Grand Raid des Pyrénées

Les statistiques
1027 coureurs sur 1197 inscrits ont pris le départ.

à 22h à 23h30 A 7h 
Merlans 1027 1027 1027
Artigues 1019 1019 1019
Pic du Midi 958 958 948
Tournaboup entrée 946 946 946
Tournaboup sortie 905 909 909
Merlans 181 833 912
Vieille-Aure 124 526 904

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