Jeux Paralympiques 2012 : l’excellent bilan des athlètes tricolores

Des filles en or

En apportant à la France 4 de ses 8 médailles d’or, l’athlétisme tricolore a réussi de beaux Jeux Paralympiques à Londres. Grâce notamment aux belles performances de ses féminines.

Assia El Hannouni Jeux Paralympiques Crédit D-Echelard

Julien Héricourt a le sourire. Avant de partir pour les Jeux Paralympiques de Londres, le chef de l’équipe de France d’athlétisme avait annoncé à sa direction que ses troupes ramèneraient « 13 médailles dont 4 en or ». Bilan : 13 médailles, 4 en or, 4 en argent et 5 en bronze. « C’est un excellent bilan, nous avons remporté 50% des médailles d’or de l’équipe de France (8 au total, ndlr). Nos athlètes ont tous atteint au moins une finale et amélioré leur meilleure performance de la saison. Les jeunes se sont bien intégrés, les « anciens » ont aussi su apporter leur expérience ».

A n’en pas douter, Marie-Amélie Le Fur (lire son portrait réalisé avec les Jeux), Mandy François-Elie et Assia El Hannouni, resteront les trois grandes athlètes de cette campagne londonienne.

La première a « confirmé son potentiel après les Jeux de Pékin où elle n’avait pas remporté d’or (elle avait décroché l’argent à la longueur, ndlr) ». A bientôt 24 ans, elle revient de Londres avec la médaille d’or du 100 mètres, l’argent sur 200 m, et le bronze à la longueur. « Elle a dû gérer deux finales le même jour : le 100 mètres et la longueur, ça n’était pas facile », reconnaît le chef de délégation.

Le bilan global : 45 médailles
(8 en or, 19 en argent, 18 en bronze)

La Fédération Française Handisport avait fixé un objectif de 52 médailles dont 16 en or (lire l’article concernant l’objectif)… Le compte n’y est donc pas. Classée seizième au classement des Nations (qui tient d’abord compte du nombre de médailles d’or), la France n’a pas atteint son autre objectif qui était de se hisser dans le Top 10.

Mais tous les spécialistes s’accordent à dire que le niveau de ces Jeux Paralympiques 2012 a été exceptionnellement relevé et qu’un cap a été franchi. Difficile, donc, de faire de vraies comparaisons avec les précédentes campagnes.

Outre les performances des Tricolores en athlétisme, on retiendra par exemple les sacres des nageurs Charles Rozoy sur 100 m papillon et Elodie Lorandi sur 400 m nage libre (elle a également remporté l’argent sur 100 m nage libre et le bronze sur 50 m nage libre et 100 m papillon). Dans la piscine également, beau parcours de David Smetanine (médaillé d’argent sur  50 et 200 m nage libre et en bronze sur 100 m nage libre) qui compte désormais 8 médailles olympiques à son palmarès. Belle performance aussi de Joël Jeannot qui, après avoir brillé à Athènes en athlétisme, a cette fois décroché une médaille de bronze en handbike (course en ligne). Quant à l’équipe de France masculine de Cécifoot, elle a glané l’argent, s’inclinant en finale contre le Brésil (2-0).

Sur 100 mètres également, mais dans la catégorie T37, Julien Héricourt se réjouit de la performance de la « petite pépite » nommée Mandy François-Elie, qui a décroché l’or alors qu’elle n’a pas encore 23 ans. « On pensait qu’elle pouvait monter sur le podium, mais pas forcément sur la plus haute marche. Elle s’entraîne et travaille en Martinique. C’est une ancienne coureuse de 400 mètres. Mais depuis son accident il y a 3 ans (un AVC) qui l’a rendue hémiplégique, c’est une distance trop longue. On ne la connaît que depuis le mois de mai, on l’a découverte sur un meeting à Aix-les-Bains. Elle a participé aux championnats d’Europe en juin aux Pays-Bas où elle a gagné l’argent sur 100 mètres, puis est venue se préparer un mois et demi en métropole. Elle s’est très vite intégrée au collectif ».

De son côté, après avoir remporté deux nouvelles médailles d’or (sur 200 et 400 m), Assia El Hannouni, qui était porte-drapeau à Pékin en 2008, affiche désormais un palmarès à faire pâlir de nombreux sportifs : 10 médailles sur 3 olympiades. En finale du 200 mètres, à Londres, elle a également amélioré leur record du monde de la distance (24s46). Autant dire qu’à 31 ans, celle qui nous confiait il y a quelques semaines que ces Jeux seraient « ceux de la maturité » (lire l’article que nous lui avions consacré), a réussi son défi. « Elle a annoncé qu’elle voulait prendre sa retraite, mais j’aimerais bien qu’elle continue jusqu’aux championnats du monde l’année prochaine », lance Julien Héricourt.

Les Mondiaux de juillet 2013 à Lyon seront en effet la prochaine grande échéance pour cette équipe de France d’athlétisme qui, comme le reste de la délégation française, a constaté « un niveau impressionnant à Londres. De nombreux pays d’Amérique, d’Afrique ou d’Europe de l’Est comme l’Ukraine, étaient au rendez-vous, note Julien Héricourt. Certains bénéficient de conseils de techniciens européens ou viennent faire des stages en France, comme cela a par exemple été le cas pour le Burundi. Des pays, comme la Chine, couvent aussi certains athlètes avant les Jeux. L’un des enseignements de ces Jeux, c’est qu’il ne faut donc pas forcément se fier aux bilans mondiaux ».

Le chef de la délégation d’athlétisme reconnaît tout de même quelques déceptions sur ces Jeux. « Sur le sauts, notamment avec Arnaud Assoumani (il a récolté l’argent au triple saut et à la longueur mais visait l’or à la longueur, ndlr). Mais on sait que sa  préparation a été perturbée par une rupture partielle du tendon d’Achille. Aux lancers, aussi, on aurait aimé une médaille de plus, en or. Petite déception également pour l’athlé fauteuil qui ne ramène qu’une médaille, celle en bronze de Julien Casoli sur 5 000 m ».

Après avoir bénéficié « d’une belle communion avec le public anglais, et de nombreuses sollicitations médiatiques », Julien Héricourt sait que l’athlétisme handisport doit maintenant « mettre en place une politique de développement. Le plus gros travail concerne celui qu’il faut faire dans les centres de rééducation. Il y a des jeunes qui font du multi-activités. Il faut réussir à les amener sur nos circuits de compétitions. Mais en athlétisme, nous n’avons pas encore de circuit très attractif. Il faut envisager un rapprochement en local avec la Fédération Française d’Athlétisme, pour ouvrir des épreuves à des athlètes handisports. Et revoir le chemin de détection ». Un beau programme en vue des Jeux 2016, à Rio.

Les 13 médaillés français en athlétisme des Jeux Paralympiques de Londres 2012

Or : Assia El Hannouni (cat.12, 200m et 400 m), Mandy François-Elie (cat.37, 100m), Marie-Amélie Le Fur (F44, 100m).
Argent : Marie-Amélie Le Fur (cat. 44, 200m), Tony Falelavaki(cat.44, javelot), Arnaud Assoumani (cat. 46, longueur et triple saut).
Bronze : Nantenin Keita (cat.13, 100m), Marie-Amélie Le Fur (cat. F 42-44, saut en longueur), Julien Casoli (cat. F 54, 5 000 m fauteuil, Thierry Cibone (cat. F34, poids), Gautier Trésor Makunda (cat. 11,400m).

Réagissez