Benjamin Malaty : « Je ne regrette pas mon expérience sur les grands championnats »

Freiné par des blessures à répétition, Benjamin Malaty est contraint de renoncer à courir un marathon au printemps 2015. Entretien avec celui qui a représenté la France aux Mondiaux 2013 et championnats d'Europe 2014, et qui vise une qualification pour les Jeux Olympiques de Rio 2016.

Benjamin Malaty
Benjamin Malaty, premier Français du marathon de Paris 2013 (2h12mn00s).

Lepape-info : Vous ne courrez donc pas de marathon au printemps 2015 ?

Benjamin Malaty : Non. J’ai eu pas mal de problèmes de tendinites en 2014, aux ischios, au tendon d’Achille, au genou. J’avais un problème d’équilibre dentaire. Je pense que j’ai peut-être repris un peu vite en début d’année et j’ai une lésion musculaire au jambier antérieur tibial en début d’année. J’ai été à l’arrêt pendant un mois. J’ai fait du vélo et de natation, mais pas de course à pied. Je relativise, je partais déjà de loin avec ma préparation, j’étais en retard. Donc cela aurait été probablement juste pour faire les minima olympiques(*) au printemps…

Lepape-info : Comment allez-vous organiser votre saison ?

B.M. : Les Jeux Olympiques vont arriver très vite… Mon objectif c’est donc de faire un marathon à l’automne. Rien n’est fixé pour le lieu, mais cela pourrait être Francfort. D’ici là, je vais essayer de retravailler ma vitesse au printemps. J’aimerais faire un 5 000m, et un 10 000m, et quelques courses sur route qui ne sont pas de vrais objectifs. L’idée, c’est d’essayer de repartir sur de meilleures bases et de retrouver un peu de vitesse, pour avoir plus de marge sur le long. J’envisage un semi-marathon début septembre, par exemple le semi-marathon de Lille, avant donc un marathon fin octobre.

Lepape-info : Vous étiez aux championnats d’Europe de Zurich en août 2014, où Christelle Daunay a décroché la médaille d’or. Comment avez-vous vécu ce moment ?

B.M. : Je suis arrivé à Zurich le jeudi soir. C’était une soirée mouvementée. C’était le soir de la disqualification de Mahiedine Mekhissi-Benabbad en finale du 3 000 m steeple. Yoann Kowal, qui est un de mes meilleurs amis, a récupéré la médaille d’or. C’était vraiment spécial, j’ai eu du mal à dormir. Et puis, je partageais la chambre avec Yohann Diniz. Le vendredi matin, j’allume la télé et je le vois décrocher l’or sur le 50 km marche. Le samedi, Christelle devient championne d’Europe de marathon. C’était très fort. J’ai peut-être perdu un peu de jus dans tout cela, même si je ne pense pas avoir trop mal géré les événements. Mais j’étais peut-être un peu moins concentré. Parfois, avec l’expérience, on en oublie les bases…. Mais concernant Christelle, j’étais vraiment super content pour elle. Et je suis désolé aujourd’hui de la savoir blessée (voir plus d’informations). C’est mon exemple. Cela n’est pas courant pour un homme d’avoir une femme en modèle, mais pour moi, tant humainement que sportivement, Christelle est un exemple.

Lepape-info : Vous avez couru quatre marathons : deux « à chrono » à Paris (2h13mn15s en 2012 et 2h12mn00s en 2013), et deux lors de grands championnats (28ème en 2h19mn21s aux Mondiaux 2013 et 15ème en 2h17mn09s aux Europe 2014). Que retenez-vous de ces expériences ?

B.M. : Je ne regrette pas. Un championnat du monde, il faut en faire un. Après, le problème, c’est de les enchaîner tous les deux ans. C’est très dur, la préparation est difficile, en été. Les conditions de course sont aussi difficiles. Et au final, c’est pour faire 15ème ? 20ème ? On ne retient que le vainqueur sur ces courses-là… Cela dit, c’est énorme, monumental. Cela m’a apporté de l’expérience. Je me suis rendu compte que j’étais encore un gamin. J’ai beaucoup appris dans la gestion de l’événement, de la préparation estivale. Le contexte des championnats est particulier. On est habitué à suivre une allure, un chrono, mais là c’est une course qui peut se courir par à-coups. C’est plus difficile à manœuvrer. Mais je crois que ça me servira un jour. Aux Jeux olympiques j’espère. Ou sur un championnat d’Europe où j’aimerais pouvoir un jour aller jouer une médaille.

(*) Les minima de qualification pour les Jeux Olympiques n’ont pas encore été dévoilés par la Fédération Française d’Athlétisme. Ils devraient toutefois se situer aux alentours de 2h10mn30s pour les hommes et 2h29 pour les femmes.

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