Faire un dosage des immunoglobulines IgG ? Non, s’il vous plaît.

De nombreux laboratoires privés de biologie implantés au Luxembourg, Belgique, France,… utilisent des conceptions rhétoriques sur les «intolérances alimentaires cachées» pour proposer des régimes d’évictions alimentaires à partir de dosages sanguins d’Immunoglobulines G (IgG), sans examen médical préalable. Un marché alléchant et vendeur avec des tarifs libres variant de 30 € à 500 € selon le nombre d’aliments testés. Qu’en penser ?

Que sont les Immunoglobulines Ig ?

 

Les immunoglobulines (Ig) sont des protéines du système immunitaire, douées d’une fonction anticorps. Ces substances fabriquées par les globules blancs sont destinées à lutter contre toutes sortes d’éléments indésirables à l’organisme (bactéries, virus, parasites, certaines particules ou molécules «étrangères» comme les allergènes.). Il existe plusieurs types d’Ig comme les :  

 

  • Immunoglobulines A (ou IgA): fabriquées par les cellules de défense situées dans les muqueuses du nez, gorge, trachée,… ; raison pour laquelle, elles sont présentes dans les sécrétions (salive, larmes,…). 

 

  • Immunoglobulines E (ou IgE): existent chez tous les individus. Lorsqu’elles se lient à un antigène (protéine présente dans un aliment qui ne provoque chez la plupart des gens aucune réaction indésirable), elles déclenchent une réponse immunitaire exagérée dirigée contre cet « intrus ». Trop stimulées, elles peuvent devenir dangereuses. L’interaction entre l’IgE et le « corps étranger » dynamise et active les cellules de l’immunité de type mastocytes, polynucléaires basophiles,…. Des manifestations cliniques apparaissent: douleurs digestives, démangeaisons, gonflement,… et pour les cas les plus graves qui restent exceptionnels: choc anaphylactique. 

Le diagnostic allergologique repose sur une méthodologie stricte et rigoureuse avec examen clinique, tests cutanés et la réalisation de tests biologiques dont le dosage des IgE spécifiques. Les intolérances alimentaires, quant à elles, n’impliquent pas le système immunitaire.

 

  • Immunoglobulines G (ou IgG): sont le type d’anticorps le plus courant dans l’organisme. Elles représentent 75% des immunoglobulines totales. Certaines d’entre elles, les IgG4, sont synthétisées en grande quantité lors de l’acquisition d’une tolérance après une allergie alimentaire. Leur concentration fluctue quotidiennement en fonction de ce que le sportif a mangé récemment. La présence d’IgG4 reflète un état physiologique de bonne mémoire de l’organisme. Les IgG doivent plutôt être considérées comme des indicateurs de la tolérance immunologique aux aliments.

Un résultat IgG positif à un aliment n’indique pas une «intolérance» à cet aliment.

 

 

Positif mais pas responsable

 

Les laboratoires proposent de diagnostiquer un certain type d’ «allergie », celle de type III, qui serait responsable d’intolérances alimentaires et de diverses pathologies comme le syndrome du côlon irritable, les inflammations articulaires, le syndrome de fatigue chronique… Pour cela, il se réfère à l’ancienne typologie de… 1963. Elle correspondrait, dans la nouvelle classification définie en  2001 par l’Académie européenne d’allergologie et d’immunologie clinique (EAACI), à l’hypersensibilité allergique non-IgE dépendante

Le dosage consiste à incuber des extraits d’aliments ou recettes de cuisine du laboratoire avec le sérum du payeur, pardon du sportif. Les tests mesurent ensuite les niveaux d’anticorps IgG dans le sang (distincts des anticorps IgE impliqués dans une réaction allergique). 

Sur le plan méthodologique ces dosages souffrent de plusieurs biais :

  • Quel aliment est choisi par le laboratoire ? Champignons de Paris ou girolle ? Quels ingrédients dans les préparations culinaires? Chacun a ses petites recettes.
  • Quels sont les nutriments extraits des aliments ? Les protéines, les glucides,..,
  • … /…

Les comptes rendus des dosages sont agrémentés de conseils diététiques d’éviction d’aliments. Le bilan classe les aliments en trois colonnes : les aliments à proscrire, ceux à limiter et ce que l’on peut continuer de consommer. Opter pour des tests IgG « anti-aliments » non validés et leurs listes alimentaires anxiogènes risquent de retarder des diagnostics sérieux.

 

En résumé, en cas de doute, consulter son médecin traitant  

La société Française d’Allergologie associée à l’Académie Européennes d’Allergologie et d’Immunologie Clinique mettent en garde contre le dosage des IgG anti-aliments. « Les tests d’IgG à des aliments ne sont pas considérés comme pertinents pour le diagnostic d’allergie ou d’intolérance alimentaire et ne doivent pas être effectués. »

 

 

Autres lectures : 

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-03/rapport_fiche_pertinence_allergologie-immunologie.pdf

Dominique POULAIN, Diététicienne nutritionniste du Sport: http://www.nutritionniste-dieteticien.fr

 

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