Cyclisme : Trouver chaussure à son pied et chaussure réglée Partie 4/4 – Les semelles

Nous avons vu au cours des précédents articles, qu’il fallait choisir une chaussure adaptée à son pied et sa pratique.
Nous avons dans un second temps expliqué les réglages à apporter à l’interface pédale/cale/chaussure, afin que vous partiez sur quelque chose de cohérent au niveau de vos réglages.
Il manque maintenant un dernier aspect que vous avez dû voir, j’en suis certain, grâce à votre revendeur préféré, ce qui concerne l’ajout de semelles dans vos chaussures.

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Une fois encore, prendre la décision d’aller vers l’ajout de ce type d’élément est lié non pas à des arguments marketings mais bien à l’évaluation de mobilités, souplesses, asymétries osseuses, voire de douleurs ou de pathologie récurrentes.

Le revendeur ou le spécialiste ? Qui croire ?

Attention, très souvent j’attaque un peu les vendeurs de cycles, sur leur volonté de satisfaire le client à tout prix et les conseils fondés sur peu d’éléments, qu’ils mettent en avant. Cela n’est pas forcément le cas tout le temps et parfois, ils pensent réellement bien faire.

Mais que se passe-t-il fréquemment quand vous achetez une paire de chaussures de vélo dans un magasin spécialisé ?

Un bon vendeur, essaiera de vous conseiller une chaussure, la plus adaptée possible à vos besoins, votre pratique, votre fréquence et type d’utilisation. Il peut parfois également s’il est moins scrupuleux, vous proposer une paire en fonction de vos croyances respectives, les marques qu’il propose et le stock qui lui reste en magasin… Pardon, j’ai dit que j’arrêtais avec ça.

Néanmoins, il y a de fortes chances, pour votre bien être et votre confort, ou parce qu’il l’a anatomiquement repéré, qu’il vous suggère de prendre une paire de semelles.

Certaines marques de chaussures comme Specialized, Bontrager ou Shimano pour ne citer qu’eux, proposent des semelles avec différents niveaux de renforts correspondant à votre hauteur de voute plantaire.

Des équipementiers comme Sidas ou Currex font le même type de propositions. Ainsi, les revendeurs sont en mesure de vous fournir la meilleure semelle adaptée à votre anatomie. L’affaire est réglée et mon article n’a plus lieu d’être. Merci et bonne soirée !

Ce n’est peut-être pas si simple que cela et il est vrai que l’aspect vente à tout prix a tendance à m’interpeller, pour ne pas dire autre chose. Quand on sait que le corps est une mécanique complexe, il convient de tenter de la comprendre avant de proposer des adjuvants systématiques.

Vous l’aurez compris, il y a de vrais repères à prendre pour voir comment votre pied se comporte donc votre revendeur vous apportera les premiers conseils mais qui seront insuffisant pour être au plus proche de vos besoins.

Comment se compose la semelle d’une chaussure ?

Quand on part de l’intérieur vers l’extérieur de la chaussure, nous avons tout d’abord la semelle de propreté.

Chez Sidi par exemple cette semelle est très classique, sans adjuvant c’est-à-dire sans maintien particulier de voute plantaire, sans correctif de pronation… 

On est sur une semelle d’environ 2 à 3 mm d’épaisseur et apportera une sensation de confort, un meilleur chaussant. C’est traditionnellement ce que l’on retrouve dans la plupart des marques de chaussures, une exception peut-être, la marque Suisse Supplest, qui dans ses modèles, propose des semelles de la marque Solestar. Specialized par exemple propose des semelles anatomiquement plus adaptées, que l’on peut mettre à la place d’une semelle standard.

Ces semelles amovibles vont apporter davantage de soutien au pied, mieux le caler et répartir la force appliquée sur la pédale grâce à une plus grande surface d’appui de pied. C’est ce que nous montre la figure 1, avec la comparaison de la répartition des pressions pour une semelle standard (image de gauche) et une semelle anatomique.

De fait, plus la semelle sera adaptée, c’est-à-dire offrant une grande surface de contact avec le pied, meilleur sera le transfert de forces, réduisant ainsi les douleurs potentielles assurant un confort optimisé (figure 1 image de droite, pression plus diffuse et mieux répartie).

Enfin, dépendamment du shore de la semelle… ???? Le shore ou la densité de matière sur cette semelle intérieure donnant plus ou moins de fermeté et donc impactant le confort dans la chaussure.

Maintenant la semelle extérieure. Elle est en principe la même entre les différents types de chaussures, que ce soit du VTT ou de la route et souvent composée de nylon, fibre de verre, polyamide, carbone ou de plusieurs matériaux associés…

De plus, les fabricants peuvent proposer des indices de rigidité afin que le ou la pratiquant(e) sache si l’on est sur une chaussure tout carbone extrêmement rigide (pour la compétition), ou plus souple en composite (plutôt pour le loisir).

Vous le comprendrez dès lors, semelle carbone à très haut indice de rigidité renvoi à une notion de performance, d’efficience avec un confort moindre. Une semelle avec des matériaux plus souples et un indice de rigidité plus faible vous permettra de trouver davantage de confort au détriment du…rendement.

Tout est donc affaire de choix, soyez honnête envers vous-même, certes la dernière Specialized Ares sera peut-être la chaussure qui vous fait rêver mais avec son indice de rigidité maximal et la durée des sorties s’allongeant, n’ayez aucun doute, vous risquez de souffrir si vous n’êtes pas un cycliste entraîné.

J’entends par cela, un cycliste qui a l’habitude de rouler fréquemment, utilise différentes méthodes de travail, fait du renforcement musculaire et pourquoi pas s’adonne à la course à pied.

Si par contre vous roulez les weekends, sur des longues sorties, que le reste de la semaine votre mode de vie est plutôt sédentaire, passez votre chemin et choisissez la Torch 3.0 avec une rigidité inférieure qui vous permettra d’allier performance et confort.

Rassurez-vous le débat est aujourd’hui le même en course à pied à cause de la célèbre Vaporfly de chez Nike et sa plaque carbone, que tous les coureurs s’arrachent. Les études scientifiques montrent toutes qu’en-deçà d’une certaine vitesse de déplacement, la semelle carbone trop rigide, n’améliore pas la performance.

Mais ne restons pas là-dessus car on peut encore jouer sur la semelle à l’intérieur de la chaussure et nous allons essayer de comprendre ce qu’il en est et si cela à un intérêt dans la pratique cycliste.

Quel apport des semelles Specialized, Bontrager, Shimano, Sidas, Currex ou encore Solestar ?

L’objectif d’une semelle est d’avoir la plus grande surface de pied en contact avec la chaussure afin d’obtenir une meilleure application et répartition des forces.

De ce fait, par mm2 de surface la pression appliquée devrait en théorie diminuer adoptant une meilleure répartissions sous l’ensemble de l’avant pied. En outre, nous obtiendrons une diminution de la fatigue au niveau de la plante de pied et une efficacité de pédalage qui faiblira moins vite.

En tenant cela pour acquis, proposer une semelle avec une hauteur de voute adaptée à la morphologie du pied de la personne semble être pertinent. Ainsi votre revendeur mesurera votre hauteur de voute plantaire par la position de votre os naviculaire. Navi… quoi ? Ou sinon, ils peuvent simplement regarder l’empreinte laissée sur un révélateur de surface (Cf figure 2).

Les podologues ou les spécialistes d’ergonomie posturale pour savoir quelle semelle vous correspond ont la compétence afin de mesurer cette hauteur d’os naviculaire. La plupart de ces marques de semelles, proposent également une correction pour avant pied pronateur.

Ce qui permet en théorie une nouvelle fois de vous positionner le pied de façon à ce que l’articulation de la cheville, du genou et de la hanche, soient dans le même axe et que la transmission des forces des muscles de la jambe à la pédale en phase de poussée soit la plus efficace.

La théorie est belle et les équipementiers font vraiment le maximum, pour que cela corresponde au grand public mais… même si une faible part de la population est supinatrice, cette population existe et le fait de leur proposer ce genre de semelle accroitra des douleurs au niveau des genoux, de la hanche, du dos…. Le corps fonctionne en chaines ne l’oublions pas.

De plus, une personne pronatrice, peut l’être, mais sait-on dans quelle mesure ? Comment mesure-t-on cette pronation ?

Debout en appui sur une jambe en demandant de réaliser une flexion (1/3 de squat) ? C’est une possibilité, mais il est important d’imaginer sa position sur le vélo, nous avons un point d’appui que sont les fesses sur la selle et de fait la déformation pronatrice accentuée par l’ajout de poids sur le pied sera donc moindre en position assise.

Par contre en danseuse, elle sera proche de ce que nous aurions lors d’un test debout. Pour la mesurer, il existe des outils proposés par des marques comme « bikefit », qui permettent d’avoir une idée de cette pronation ou supination.

De plus, existe des abaques pour savoir à partir de quelle rotation (en degrés) de l’avant pied par rapport au talon, nous pouvons commencer apporter une modification de l’appui dans la chaussure (Cf figure 3).

Je vous renvoie pour cela à la partie 2 de ces articles sur le choix de chaussures de vélo. Cela signifie que le pied est en décharge complète c’est-à-dire sans poids dessus.

J’invite toujours à beaucoup de prudence lorsque l’on envisage une correction, je m’applique une règle simple, je corrige de 1/3 ou ½ la différence de rotation.

Cela signifie que pour une personne avec une pronation entre 0 et 3° je ne corrige généralement pas, aux environs de 5° j’essaie d’apporter 1 à 2° de correction. Au-delà la personne teste avec l’angulation minimale et il faut ajuster au fil des sorties et lui conseiller les visites chez un kinésithérapeute et un ostéopathe.

Vous allez alors me dire : « Mes semelles ont déjà une hauteur appliquée et vont engendrée une rotation de l’avant pied qui ne sera pas modifiable ». Et oui…. Les semelles toutes faites ne sont pas forcément adaptées à tout le monde.

Il faut les déconseiller lorsque les mesures du pied ne sont pas concordantes avec ce que propose la semelle et dernier juge de paix, reste le ressenti de la personne, qui souvent fait la différence.

Mais vous l‘aurez compris, la conclusion de cela est de recourir quand on le peut à des semelles thermoformées, surtout si l’objectif est la compétition et la performance. Si c’est pour du loisir, on ira davantage vers une semelle stabilisatrice de l’appui des pieds dans les chaussures et une amélioration du confort et dans ce cas les semelles du commerce peuvent très bien convenir.

La semelle thermoformée, la réponse à tous les maux ?

Je suis navré et un peu catégorique mais la réponse est « non », si vous allez chez un vélociste la faire. L’explication, vous l’avez déjà, elle est juste au-dessus mais au cas où… « Il n’est pas spécialiste ».

Le spécialiste du pied qui fera une semelle sur mesure est, soit un podologue, soit un ergonome postural qui a fait des études afin de comprendre le fonctionnement et la biomécanique du corps au cours de l’effort.

Connaissant quelques podologues, lorsqu’un cycliste vient les voir pour une semelle de vélo, ils ne sont généralement pas très à l’aise. La raison ? Peu d’éléments sont abordés à ce sujet dans leur formation initiale et ceux qui vont vers cette pratique le font en se formant eux même sur le terrain, ou grâce à des formations complémentaires qu’ils vont chercher.

Les vélocistes malgré tout ont souvent du très bon matériel que l’on retrouve chez des podologues, permettant la prise d’empreintes plantaires et la création de semelles thermoformées comme le propose Sidas ou encore Specialized via sa filière d’étude posturale Retül.

Pour mieux comprendre ce dont je vous parle, faite un tour sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=9vmLO7SQ32o vous verrez ce qui peut être fait.

Ce sera une étape de plus et un apport supérieur que la semelle de commerce classique car d’avantage adapté à votre réalité de pied.

La semelle thermoformée réalisée par un spécialiste sera une très bonne réponse pour corriger tout problème d’alignement de segments ou de poussée sur la pédale et vous permettra probablement de gagner en confort et peut être en efficacité de pédalage.

Les capteurs de pression, la nouvelle révolution ?

Comme j’aime bien aller au bout des choses et que je vous sais perfectionnistes, il fallait que je vous parle des capteurs de pression. Il existe une marque que j’apprécie beaucoup car les personnes derrières ces produits sont de vraies passionnées spécialistes du cyclisme et de la science liée à cette activité.

Je vous en ai déjà parlé, il s’agit de la marque Gebiomized.

Cette firme allemande propose un outil que l’on installe à l’intérieur de la chaussure et qui permet en temps réel de voir la distribution des pressions sur le pied au cours de l’effort (Cf Figure 4). Si votre semelle est bien faite, vous ne devriez pas voir de zones de forte pression (en rouge) sur l’avant pied au cours de l’effort.

Cette technologie vient donc entériner votre choix de semelles et confirmer son apport dans votre confort, votre stabilité et vos performances.

Ce n’est pas pour rien que de nombreuses équipes professionnelles telle Ineos ou AG2R Citroen Team ont recours à ce type de technologies pour réaliser des semelles spécifiques pour leurs coureurs.

L’apport de la recherche scientifique dans tout cela

Je ne pouvais décemment pas conclure cet article, sans faire un tour du côté de la recherche pour savoir ce que pensent nos amis scientifiques de l’utilisation de semelles en cyclisme.

Boon Yeo et Daniel Bonanno du département de podologie, de la faculté des sciences et de la santé de l’université La Trobe en Australie, ont réalisé une revue systématique sur l’impact de l’ajout de semelles dans des chaussures cyclistes.

Ils ont épluché toute la littérature scientifique abordant ce thème. Il faut prendre des pincettes avec leurs résultats car l’étude date de 2014 et les articles expertisés ont pour certain été réalisés dans les années 90.

Leur postulat étant finalement que l’utilisation de semelle est souvent le fruit de bénéfices théoriques possibles, sans évidences concrètement prouvées.

Pour remédier à ces croyances théoriques, ils ont étudié toutes les recherches ou étaient mesurés l’impact des semelles sur : les paramètres physiologiques, la cinématique et la cinétique du mouvement des membres inférieurs et enfin la puissance développée.

Sur 362 études traitant de la thématique, seules 5 études furent conservées dans leur analyse car méthodologiquement fiables et répondant à leurs trois paramètres d’analyse contrairement aux 357 autres.

Deux des études ont utilisé des semelles du marché et les trois autres ont réalisées des semelles thermoformées.

Spécialiste de physiologie, je ne peux m’empêcher de commencer par les résultats des études sur ce paramètre. Pour ce faire, il faut se reporter aux études de Hice et ses collaborateurs et de Andersonen & Sockler, pour avoir des informations sur l’impact de chaussures thermoformées ou de semelles standard sur la consommation d’oxygène.  

Le premier chercheur cité a demandé à 5 personnes de faire un effort cycliste, tout en mesurant la consommation d’oxygène.

Problème, les personnes étaient en pédales plates avec des semelles « customisées » mais ne couvrant que les ¾ de la chaussure. Même si une baisse de consommation d’oxygène et de fréquence cardiaque pour un même effort est ressortie statistiquement, on est tout de même loin du cycliste avec des pédales automatiques et des semelles complètes.

Anderson et Sockler avec des conditions de pédales automatiques et de semelles adaptées aux cyclistes, ne trouvèrent aucune différence sur la consommation d’oxygène, le volume d’air expiré ou la fréquence cardiaque entre utilisation ou non de semelles pour un effort semblable.

Résultat des courses, difficile de conclure sur un intérêt « cardiovasculaire et respiratoire » de semelles, même individualisées.

En 2011, l’équipe d’O’Neill et ses collaborateurs a étudié, chez 12 cyclistes compétiteurs (9 hommes et 3 femmes), l’impact de l’utilisation de semelles personnalisées, créées par un podologue spécialiste de cyclisme, sur les angulations des différentes articulations des membres inférieurs. L’exercice réalisé consistait en un échauffement de 5 min enchainé par 2 x 5 min à 85% FCmax théorique, en position assise et cadence libre. Une séance a été réalisé avec les semelles personnalisées et l’autre sans.

Leurs résultats ?

De manière générale, c’est-à-dire pour l’ensemble du groupe, aucun résultats significatifs ne sont apparus mais le problème principal de l’étude est qu’aucun cycliste n’avait ses semelles réalisées par le même podologue, les matériaux n’étaient pas les mêmes et certaines semelles démontraient un calage plutôt sur l’avant du pied, d’autres sur l’arrière et certaines semelles des réglages avant et arrière… Donc forcément, impossible de s’y retrouver au regard du groupe. 

En revanche, pris individuellement, des différences furent mises en avant entre un pédalage avec semelles customisées et sans.

Tout d’abord, une tendance via la correction appliquée sur la semelle, à limiter les rotations internes du tibia. Cette rotation est liée à une pronation au niveau du pied. De fait, le genou qui était rentrant va se réaligner avec la correction et limiter le déplacement horizontal, de l’articulation dans le plan frontal, c’est-à-dire se rapprochant ou s’éloignant du cadre du vélo au pédalage.

Deuxième élément, au moins un des paramètres évalués fut amélioré grâce aux semelles personnalisées.

Généralement on en revient à la correction liée à la pronation et le déplacement latéral du genou en phase de poussée.

Ajouté à cela, tous les cyclistes évoquaient de meilleures sensations au pédalage, que ce soit sur la puissance ou la technique développée, associé à de moindres douleurs musculaires…. Peut-on dès lors parler du pouvoir de l’esprit sur le corps ?

Des études plus récentes datant de 2019 (Fletcher et al.) et 2021 (Varvat et al.) ont expertisé l’impact de la rigidité de la semelle de la chaussure pour voir si celles qui avaient une plus grande rigidité, apportaient une meilleure performance cycliste.

La réponse semble tendre vers ce que je vous ai décrit précédemment.

Pour une étude, pas de différence sur les performances aux tests sous maximaux, ni sur les tests de sprints, par contre une sensation de moindre confort avec la semelle la plus rigide.

L’autre étude quant à elle, semble montrer que pour des sujets de petite taille, des semelles plus souples limiteraient les mouvements parasites au niveau des genoux mais rien d’avéré pour les personnes de plus grande taille. Encore une fois pas de conclusions à tirer de ces deux études.

Il semblerait vraiment que l’ajout de semelles même thermoformées et individualisées ne soit pas si opportun.

Une étude de 2022 (Burnie et al. 2022), fait état de l’utilisation de semelles texturées sur les performances, notamment pour les épreuves cyclistes nécessitant des temps de réactions courts et de hauts niveaux de puissance comme sur la piste par exemple.

Ils ont souhaité comprendre si des semelles texturées altéraient la puissance maximale développée et la cinétique et la cinématique des membres inférieurs.

Leur postulat est le suivant, la coordination de l’action musculaire et articulaire des membres inférieurs au cours du pédalage est médiée par le système somatosensoriel (communication entre les récepteur sensoriels, le cerveau et les muscles) ainsi que le système vestibulaire, or des semelles texturées amélioreraient ce retour d’information somatosensoriel renforçant l’activation musculaire.

Pour ce faire, 10 pistards ont réalisés 3 sprints de 4 secondes sur un ergocycle, à une cadence de 135 rpm avec ou sans ces semelles spécifiques.

Encore une fois, aucun résultat probant. Les puissances maximales ayant même diminuées avec ces nouvelles semelles et pour certains les sensations aux pieds étaient inconfortables.

Visiblement quelques semaines seraient nécessaires pour s’habituer à ce genre de semelles sans toutefois être certain d’avoir une amélioration de ses capacités ou une meilleure gestuelle.

Je ne sais pas vous mais, les semelles, alors on en met dans les chaussures ou pas ?

Récapitulons tout ce dont nous avons parlé.

Que garder de tout cela ?

Que l’utilisation de semelles semblerait améliorer la stabilité du pied, le confort et peut être l’efficacité à certaines conditions mais la science peine à le prouver de manière franche. De ce fait mes recommandations sont les suivantes :

  • Vous êtes un (e) cycliste lambda (vététiste ou routier) et souhaitez trouver une solution de confort dans vos chaussures, le recours à des semelles de type Specialized, Shimano, Bontrager, Sidas, Currex, Solestar… sont pour vous. Misez davantage sur la semelle confortable, que sur le tout carbone.
  • Vous êtes un vététiste ou un cycliste qui participe à des compétitions et vous effectuez plus de 5000 km par an. Associé à cela, vous diversifiez votre pratique via de la musculation, de la course à pied… Je ne peux que vous recommander d’optez pour des semelles thermoformées à minima en carbone.
  • Vous êtes un cycliste confirmé, qui participe à des compétitions nationales voire au-delà et souhaitez mettre toutes les chances de votre côté. Dans ce cas foncez sur un spécialiste qui saura vous faire des semelles spécifiques et sera en mesure de faire évoluer votre semelle suite à une analyse des pressions plantaires et du cycle de pédalage.

Mais une chose est sure, gardez en tête votre ressenti, il est parfois le meilleur conseiller. Ensuite, n’abandonnez pas si la semelle ne semble pas vous convenir après la première sortie, il faut du temps au corps et notamment aux mécanorécepteurs plantaires pour s’adapter à cette nouvelle configuration de vos appuis.

La première sortie sera courte et sans aucune difficulté, pour une faible intensité. Puis vous allez pouvoir allonger ou intensifier au fur et à mesure.

Laissez-vous 5 à 8 séances, avant de porter un jugement sur vos semelles et l’avantage d’aller chez un podologue ou un spécialiste des études posturales, c’est qu’il pourra apporter des modifications à vos semelles en fonction de l’évolution de votre ressenti sur le vélo.

Cyril GRANIER

Docteur en sciences du sport

Facebook : @CyrilGranierPerformance

Instagram : cyrilgranierperformance

Pour aller plus loin :

Anderson JC, Sockler JM: Effects of orthoses on selected physiologic parameters in cycling. Sports Med 1990, 80:161–166.

Bousie JA, Blanch P, McPoil TG, Vicenzino B: Contoured in-shoe foot orthoses increase mid-foot plantar contact area when compared with a flat insert during cycling. J Sci Med Sports 2013, 16:60–64.

Burnie, L., Barratt, P., Davids, K., Worsfold, P., & Wheat, J. (2022) ; Acute effect of textured insoles on biomechanics of maximal cycling. 40th International Society of Biomechanics in Sports Conference, Liverpool, UK.

Cole Meyers, A., Caldwell, E. C., Hirsch, J., Eltoukhy, M., Jacobs, K. A., Pohlig, R., & Signorile, J. (2015). Bicycle Shoe Insoles and Their Effect on Lateral Knee Movement, Leg Muscle Activation Patterns, and Performance in Experienced Cyclists. Journal of Science and Cycling4(2).

Fletcher, J. R., Asmussen, M. J., Nigg, S. R., MacIntosh, B. R., & Nigg, B. M. (2019). The effect of torsional shoe sole stiffness on knee moment and gross efficiency in cycling. Journal of sports sciences37(13), 1457–1463.

Hice GA, Kendrick Z, Weeber K, Bray J: The effect of foot orthoses on oxygen consumption while cycling. J Am Podiatr Med Assoc 1985, 75:513–516.

Jared R. Fletcher, Michael J. Asmussen, Sandro R. Nigg, Brian R. MacIntosh & Benno M. Nigg (2019) The effect of torsional shoe sole stiffness on knee moment and gross efficiency in cycling, Journal of Sports Sciences, 37:13, 1457-1463, DOI: 10.1080/02640414.2019.1565650

Koch, Michael, Michael Fröhlich, Eike Emrich and Axel Urhausen. “The impact of carbon insoles in cycling on performance in the Wingate Anaerobic Test.” Journal of Science and Cycling 2 (2013): 2-5.

Manon Varvat, Pierre Samozino, Frédérique Hintzy et al. No Effect of Cycling Shoe Outsole Stiffness On Sub- and Supra-Maximal Cycling Performance Parameters., 15 December 2021, PREPRINT (Version 1) available at Research Square [https://doi.org/10.21203/rs.3.rs-1145206/v1]

O’Neill BC, Graham K, Moresi M, Perry P, Kuah D: Custom formed orthoses in cycling. J Sci Med Sport 2011, 14:529–534.

Razeghi M, Batt ME. Biomechanical analysis of the effect of orthotic shoe inserts: a review of the literature. Sports Med. 2000 Jun;29(6):425-38.

Sharland-Wong, Luke. “The effect of increasing foot rigidity on maximal cycling power through the use of cycling specific orthotics.” (2015). Master Thesis.

Yeo BK, Bonanno DR. The effect of foot orthoses and in-shoe wedges during cycling: a systematic review. J Foot Ankle Res. 2014 May 23;7:31.

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