Yohann Diniz : « J’ai les clés de la réussite en mains »

Le marcheur ne pense qu'aux Jeux Olympiques de Londres

Champion d'Europe du 50 km marche en 2006 et 2010, vice champion du monde de la distance en 2007, Yohann Diniz a tourné la page de son échec aux Mondiaux de 2011. Il vise l'or olympique à Londres le 11 août 2012.

Yohann Diniz
Yohann Diniz

Lepape-info : Yohann, on vous voit souvent dans les pelotons de course à pied, et vous êtes un des sportifs préférés des coureurs, quel est votre regard là dessus ?
Yohann Diniz : Pour moi, on fait exactement partie de la même famille. Effectivement, j’aime bien me retrouver au milieu d’un peloton, j’y vais pour me ressourcer. On discute, on s’encourage. J’aime bien cette ambiance. Je me retrouve parfois à donner des conseils. Récemment, j’ai été sur le marathon de Reims, sur Nice-Cannes aussi en relais avec Stéphane Diagana et Marc Raquil notamment. J’y ai pris beaucoup de plaisir. Je ne me vois pas comme un porte-drapeau du running, parce qu’il y a d’autres personnes comme Christelle Daunay, mais je suis un des représentants du hors stade.

Lepape-info : Quel est votre regard sur l’évolution du running et en particulier sur le développement des ultras ?
Y.D. : Parfois, j’hallucine ! Certaines personnes débutent à peine la course à pied et veulent se lancer dans un trail de 80 km super difficile ! Il y a quand même des risques, il peut y avoir des accidents pour ces personnes qui sont peu préparées. Je pense donc qu’il y a un travail préventif à faire. Il faudrait faire comprendre qu’un certificat médical ne suffit pas, on ne peut pas se lancer sur ce genre de courses comme ça…

Lepape-info : On vous a notamment vu sur le marathon de New York en 2007, que vous avez fait en marchant. Ferez-vous un jour un marathon en courant ?
Y.D. : C’est possible oui ! Et je pense que je demanderai à Dominique Chauvelier de me préparer. On l’a déjà évoqué. On verra après ma carrière. Mais de toute façon, je continuerai à être présent avec le hors stade.
On voit tellement de choses dans le regard des gens qui arrivent à réaliser un marathon ! C’est énorme ce que l’on perçoit dans cette notion de difficulté dans l’effort. Beaucoup de personnes se lancent des défis, des challenges. Certains courent pour une cause, d’autres parce que telle course leur évoque quelque chose. Par exemple, on ne décide pas se courir les Templiers comme ça, c’est parce que ça nous évoque quelque chose.

Lepape-info : En attendant, pour vous 2012 rime avec Jeux Olympiques, à Londres. Aujourd’hui, signeriez-vous pour une médaille ou uniquement pour l’or ?
Y.D. : Là, je signe pour une médaille ! (sourire) Ça me suffirait ! Mais surtout, je veux réussir mes Jeux, prendre du plaisir avec la famille olympique, ce que je n’ai pas réussi à faire à Pékin (en 2008) . Je n’étais pas en phase avec les JO. Là, j’ai les clés de la réussite en mains. Je sais ce que je devrai reproduire pour gagner.

Lepape-info : Comment vous êtes vous remis de votre échec aux Mondiaux de Daegu l’an dernier (il avait été disqualifié après seulement 16 kilomètres de course, ndlr) ?
Y.D. : Ça a été très, très dur. Je me suis remis en question techniquement, et psychologiquement. J’étais prêt, j’ai tout de suite pris mes responsabilités, et finalement, il n’y a pas eu du tout de lutte, pas de combat. Après ces Mondiaux, je m’entraînais  de manière mécanique, je ne prenais aucun plaisir. L’envie est revenue, mais ça a été difficile. Elle est vraiment là depuis janvier. Je sens que le travail que je fais porte ses fruits sur la technique.

Lepape-info : Sur quel aspect de votre technique avez-vous travaillé ?
Y.D. : On fait notamment un travail pour essayer d’engager plus au niveau du bassin, et pour avoir plus de souplesse de hanche. Je sais que je suis atypique, j’ai une technique différente des autres. Alors j’essaie de rentrer plus dans un moule. Mais c’est difficile de changer, après 10 ans de pratique, le geste est plus qu’automatique !

Lepape-info : Vous revenez du meeting de Moscou (il a terminé 5è du 5000m marche en 18mn47s80), quel sera votre programme jusqu’aux Jeux Olympiques ?
Y.D. : Je vais essayer d’aller sur des grosses compétitions, à l’étranger, pour me montrer au niveau international, pour voir les juges. A Moscou, j’étais avec les meilleurs du monde. Je n’avais aucun objectif, si ce n’est de casser la monotonie de l’entraînement. Il ne faut pas se tromper d’objectif, le seul qui compte pour moi, ce sont les JO.
Ma première partie de saison sera axée sur le 20 km. Je serai à Lugano en Suisse le 18 mars (Lugano Trophy) pour essayer d’aller assez vite. Je serai en Slovaquie une semaine après. Ensuite, il y aura les championnats de France mi-avril. Je ferai une coupure en mai, tout en faisant quand même la Coupe du Monde (12/13 mai à Saransk, en Russie) pour me montrer, mais je ne pense pas être très saignant. Après la Coupe du Monde, ma préparation sera axée sur le 50 km.

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