A l’automne dernier, nous avons consacré 2 articles à la course de 24 heures. Le premier concernait les déterminants de la performance sur une telle épreuve, alors que le deuxième résumait le championnat de France de la spécialité et relatait les victoires de l’ultra traileur Erik Clavery et de l’aventurière Stéphanie Gicquel, 2 néophytes.

Rappelons qu’il s’agissait de couvrir la plus grande distance possible en 24 heures de course, sur un circuit fermé de 1114 m de long, et que les 2 champions de France avaient parcouru environ 254 et 215 km, alors que les records de France se situent à 268 et 243 km.

Cette année, le mondial de la spécialité se déroulera en France les 26 et 27 octobre, sur un parcours approximatif de 1500m, ce qui réduira le nombre de tours pour chaque coureur, ce qui n’est pas négligeable. Bien entendu, il peut paraître aberrant, voire absurde, de courir sans fin sur une même boucle contournant les stades de football, de rugby et d’athlétisme de la ville d’Albi, mais c’est la règle du jeu que les participants ont bien intégré car les enjeux sont ailleurs. En effet, cette course nécessite une gestion tout à fait particulière en termes de pacing et de nutrition notamment. 

Samedi 26 octobre à 10h, ils seront 360 sélectionnés ainsi que 40 open (mais pouvant justifier d’une performance supérieure à 200 km) qui s’élanceront pour une journée d’efforts. Chez les hommes, le titre devrait se jouer autour des 270-275 km, à une moyenne horaire de 11.3-11.5 km/h. Chez les femmes, la marque des 240 km pourrait être atteinte, mais tout dépendra également des conditions atmosphériques car la pluie, le vent et le froid sont les plus sérieux adversaires des circadiens.

 

Pacing et nutrition

 

Prenons le temps d’examiner 2 facteurs essentiels de la performance sur ce type de compétition. Même sur 24 heures, il faut bien comprendre que le moteur de l’athlète (son VO2max) et la vitesse associée de terrain (la VMA) sont essentiels. En effet, la littérature (Millet  2011, Lazzer, EJAP 2012, JEB 2014) nous montre que la performance aérobie au long cours est toujours dépendante, comme pour le marathon par exemple, des 3 mêmes facteurs que sont le VO2max, la fraction de VO2max (ou endurance) et le coût énergétique de la locomotion. Bien sûr, avec l’allongement de la durée d’effort, des paramètres comme le stress thermique, les troubles gastro-intestinaux, les habiletés mentales, vont influer sur la fraction de VO2max qui devient le paramètre prépondérant. 

Pour autant, le VO2max et l’économie de course sont des éléments à prendre en compte dans la définition des allures de course, et notamment des premières heures. Un athlète circadien avec un VO2max élevé doit logiquement avoir une allure de départ plus élevée qu’un athlète moins puissant sur le plan aérobie, et cela même si leurs performances finales sont identiques. Cela est à mettre en lien avec l’économie de course car une intensité de départ trop faible peut perturber le coureur sur le plan biomécanique et paradoxalement augmenter sa consommation d’oxygène par unité de distance. Ni trop lent, ni trop vite, chacun doit trouver le bon tempo tout en sachant que les phénomènes inflammatoires qui vont se mettre en place après le premier quart de course vont réduire la capacité à monter dans les tours et brider la vitesse de chaque circadien. Bien entendu cette stratégie est aussi à définir en fonction de sa préparation et des précédentes expériences. Rappelons tout de même que Yannis Kouros, le recordman mondial avait des départs rapides au-delà des 14 km/h pour finir à 12.07 km/h de moyenne, en lien avec son record de 2h24 sur marathon. 

 

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Erik Clavery sur la piste de Balma pour tester son économie de course à l’allure cible

 

Concernant la nutrition, il n’y a pas de différence entre les apports nécessaires sur un ultra trail et ceux utiles sur un 24h, même si sur 24h, les conditions météo sont relativement stables en dépit d’une légère baisse nocturne des températures. Par contre, la modalité de ravitaillement change. Tout d’abord, le circadien ne porte pas son ravitaillement car il repasse tous les 1.5 km par son stand. Il peut donc s’hydrater et s’alimenter en permanence, ce qui représente un sacré confort. Par contre, et cela est à mettre en lien avec la nécessité de parcourir la plus grande distance possible, le spécialiste de 24h ne s’arrête pas pour se ravitailler : il prend son ravitaillement et s’alimente en marchant. L’enjeu reste le même : réguler sa glycémie et ne pas se déshydrater. 

Enfin, il faut bien comprendre que l’ennemie du numéro 1 du circadien est la fatigue musculaire (mais aussi centrale) générée par la répétition incessante d’un même geste, plus de 200 000 pas pour les premiers, ouvrant la porte aux pathologies de répétition qui contraignent parfois à l’abandon même les plus valeureux. Même si dans ces moments de douleur, le mental peut prendre le relais du physique, beaucoup doivent réduire leurs allures, voire s’arrêter, sans pour autant abandonner, l’abandon étant peu fréquent sur les courses horaires.

Rendez-vous le 26 octobre à 10 heures à Albi pour soutenir les équipes de France et voir quelle sera la stratégie gagnante. 

 

 

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