Femmes et athlétisme : quelles particularités, quelles solutions ?

Réflexions issues d'un colloque à l'INSEP

La Ligue de l'Ile de France d'Athlétisme (LIFA) et l'Amicale des Entraîneurs d'Ile de France d'Athlétisme (AEIFA) ont organisé en novembre 2011 un colloque sur « l'athlétisme au féminin ». Amandine Le Cornec, entraîneur, était à l'INSEP pour cette journée d'échanges. Que doit-on en retenir ? Elle fait le point.

Commençons d’abord avec un peu d’Histoire et ce souvenir de Bruno Heubi (ancien athlète aujourd’hui entraîneur) : « Mon premier marathon je l’ai couru en 1979. Je me rappelle avoir couru avec une femme. J’ai ensuite appris qu’il s’agissait de la première féminine. J’ai franchi la ligne d’arrivée mais elle ne l’a pas franchie. Je n’ai pas tout de suite compris mais elle n’avait pas le droit. J’ai réalisé seulement après que les femmes n’avaient pas le droit de courir le marathon !!! »
Hé oui, le premier marathon féminin s’est couru lors des Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984. « Mais depuis les femmes sont un peu l’égal de l’homme car elles courent même le 100 km et plus… »

Quelles différences sur le plan physiologique entre hommes et femmes

  • Différence de la Vo2max
  • Différence de la masse musculaire
  • Différence sur l’utilisation des substrats énergétiques

Ces différences n’influencent pas fondamentalement la mise en œuvre de l’entraînement :

  • Développement de la puissance aérobie : sollicitation de la VO2max par un travail de course à vitesse maximale aérobie (VMA).
  • Développement de l’endurance aérobie.
  • Développement de l’efficacité gestuelle à vitesse compétition.

Mais les hommes et les femmes n’ont surtout pas le même fonctionnement psychologique. Il faut alors prendre en compte ces différences à l’entraînement :

  • Valoriser la réussite et la persévérance : encourager plus que motiver car les femmes ont davantage une motivation interne plutôt qu’une motivation externe. C’est-à-dire elles se battent plus contre elles-mêmes que contre autrui.
  • Discipline et autonomie : fournir des éléments plus cadrés et davantage d’explications. Les athlètes féminines ont besoin de comprendre leurs entraînements. Il leur faut donc des explications et connaître le but de la séance.
  • Confiance et valorisation : les femmes sont plus anxieuses. Il leur faut donc des entraînements qui favorisent la réussite, de la confiance témoignée par leur entraîneur, et des retours d’informations valorisées.
  • Attention à l’abus de pouvoir de l’entraîneur sur l’athlète féminine.
  • Communication spécifique : confiance, valorisation, justification, conviction, écoute, empathie.

Autres constations relevées lors des différents échanges :

  • Les femmes s’entraînent souvent plus individuellement contrairement aux hommes. Elles ont plus de mal à s’entraîner en groupe que les hommes. Et si l’entraînement se fait en groupe, elles préféreront un groupe d’homme et pas de filles. Elles aiment être la seule fille dans un groupe.
    Illustration avec Véronique Mang (spécialiste des 100 et 200m, médaillé d’argent aux championnats d’Europe de Barlone en 2010 sur 100m) qui dit être contente de s’entraîner dans un groupe d’hommes et être la seule sprinteuse dans ce groupe. Elle déclare : « Lors des entraînements du relais 4x100M, il existe une bonne entente avec les relayeuses mais une certaine rivalité plane tout de même !!! »
  • Les femmes ressentent un besoin affectif.
  • Lors d’une contre-performance, psychologiquement les femmes expriment plus leur tristesse que les hommes mais scientifiquement aucune étude réelle n’a permis de démontrer une différence sur la gestion d’une contre-performance entre les hommes et les femmes.

Véronique Mang conclut : « Ma carrière sportive est comme une entreprise : j’ai mon entraîneur, mon kiné, ma nutritionniste, ma gynécologue, mon médecin du sport, etc… Je ne peux pas reprocher à mon entraîneur de ne pas me conseiller sur la nutrition. Il gère mon entraînement, à chacun son métier ! ».

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