Julien Wanders, le Suisse recordman de France

En battant ce dimanche à Durban (Afrique du Sud) le record d'Europe du 10 km en 27'32, le Franco-suisse Julien Wanders s'est également emparé du record de France de la spécialité que détenait Abdellah Behar depuis 1999 (28'05). Une nouvelle qui dérange dans le milieu de l'athlétisme tricolore puisque l'athlète court pour la Suisse au niveau international.

Julien Wanders aux côtés de Morhad Amdouni lors des Europe de Berlin (crédit photo Romain Donneux).
Julien Wanders aux côtés de Morhad Amdouni lors des Europe de Berlin (crédit photo Romain Donneux).

Et voilà, c’est reparti ! Avec une nouvelle performance de très haut vol et un record d’Europe à la clé (27’32 sur 10 km réalisé ce dimanche à Durban), Julien Wanders vient de remettre sur la table la question de son inscription sur les tablettes françaises puisqu’il a également battu le record de France de Abdellah Behar (28’05 en 1999).

Un record junior rayé des tablettes

En effet, depuis l’éclosion du phénomène né à Genève (Suisse) et portant la double nationalité suisse et française, la Fédération française d’athlétisme n’a jamais su sur quel pied danser. Dans un premier temps, Wanders, qui a couru pour la Suisse dès les Championnats d’Europe de cross 2014 (18 ans), s’était vu valider son record de France juniors du 10 km (28’49 en 2015), pulvérisant celui de Romain Collenot-Spriet (29’46 en 2011), malgré un article des règlements de la FFA qui précisait alors que « si un athlète possède la citoyenneté de deux pays, il peut détenir un record de France sauf s’il a représenté l’autre pays lors d’une compétition internationale (extrait règlement homologation des records FFA) ».

Pourtant, son nom est resté sur les tablettes jusqu’à l’imbroglio de la Corrida de Houilles 2017 où Wanders avait déjà signé la meilleure performance française seniors sur 10 km en 28’02. Ce jour-là, le cas Wanders s’est vraiment posé et la FFA a finalement décidé de rayer le Franco-suisse des tablettes.

Seule la nationalité française compte pour détenir un record

Mais à la vue de cet épisode et, de nombreux autres, liés à l’attribution des titres de champion de France aux binationaux, la FFA a décidé de voter un texte stipulant que tout athlète possédant la nationalité française (même s’il en possède une autre) pourrait prétendre dorénavant à un titre ou à un record national (voir règlement), sans tenir compte de la couleur de son maillot en grands championnats. « C’est très clair, lance Jean-Yves Le Priellec, vice-président de la FFA. Est Français celui qui a une carte d’identité française (et qu’il soit licencié en France ce qui est le cas de Wanders). On était dans l’illégalité la plus complète auparavant. »

C’est donc le cas de Julien Wanders, qui peut, depuis le mois d’avril, défricher les records nationaux. Et il a déjà commencé avec celui du 10 000 m espoirs (28’07″15, voir site FFA) cet été, avant de battre celui des seniors sur 10 km ce dimanche (également record de France espoirs). Razzia qui est loin d’être terminée puisque son record actuel sur semi-marathon (1h00’09) est également inférieur à celui de France (1h00’46 par Abdellatif Meftah) et il devrait prochainement l’améliorer. Le tout en courant sous le maillot suisse comme lors des derniers Championnats d’Europe de Berlin. « S’il bat un record avec le maillot de la Suisse sur le dos, ça n’aura pas trop de sens, lâche René Auguin, agent sportif de plusieurs internationaux français. Les records nationaux doivent appartenir à ceux qui concourent pour le pays en question. »

Illisibilité des records nationaux

« Je ne comprends pas trop, explique de son côté l’internationale Liv Westphal qui est elle-même Franco-italienne. J’ai choisi de courir pour la France et donc je ne me verrais pas battre des records en Italie. » Julien Wanders non plus, puisqu’il a souvent répété que le pays qui comptait à ses yeux était la Suisse et qu’il ne s’intéressait pas aux records français. Mais une petite ligne dans un règlement le lui offre. « Il bat des records à des athlètes qui eux, étaient en équipe de France, continue Auguin. Et en plus, ça rend plus compliqué des objectifs de records nationaux que pourraient avoir des Morhad Amdouni ou Mahiedine Mekhissi par exemple. » « Le record de France ne représente pas le record des sélectionnables en équipe de France mais celui des Français, tranche Patrice Gergès, le DTN de la FFA. Ce n’est pas moins incohérent qu’un athlète qui battrait un record de France, avant de changer de pays. Est-ce qu’on lui enlèverait alors le record ?

Néanmoins, les records concernés risquent de manquer de visibilité, surtout que la FFA pencherait actuellement sur d’autres cas de binationaux comme celui de la sauteuse en hauteur franco-allemande Marie-Laurence Jungfleisch (qui concoure pour l’Allemagne), déjà auteur de 2,00 m (en 2017 mais le règlement n’avait pas encore changé, 1,96 m en 2018) et qui pourrait faire trembler le record de France de Mélanie Skotnik (1,97 m).

1 réaction à cet article

  1. IRené Auguin se trompe sur Duplantis, il détient bien le record des USA en 6m05 depuis sa victoire aux Europe en août, cf https://www.lequipe.fr/Athletisme/Actualites/Armand-duplantis-bat-le-record-des-etats-unis/930384

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