Maryline Nakache victorieuse du Marathon des Sables Legendary 2025

Maryline Nakache : « Si je n’ai pas ma dose de sport dans la journée je ne suis pas bien, c’est cela qui m’anime. »

Remarquable performance de la Française Maryline Nakache qui a remporté chez les femmes le 39e Marathon des Sables Legendary après environ 250 km d’efforts répartis sur 6 étapes dans le désert Marocain.

Maryline Nakache déjà victorieuse de courses réputées comme la Diagonale des Fous en 2024, ou encore de l’EcoTrail de Paris en 2022 et 2019 ajoute à son palmarès une nouvelle épreuve de renom avec la manière en terminant 4e au classement scratch et en s’adjugeant 5 des 6 étapes.

De retour en France, la spécialiste de l’ultra-trail qui est devenue la première femme à intégrer le TOP 10 du Marathon des Sables se confie avec humilité. Entretien.

Lepape-info : Maryline, commencez-vous à vraiment réaliser votre performance ?

Maryline Nakache : Je pense que je ne réaliserai jamais parce que je n’ai pas vraiment souffert pendant la course. Tout était fluide, c’était ma course, les émotions sont là mais il y a 2 ans sur le MDS les conditions étaient plus compliquées, j’avais fait une moins bonne performance mais à la limite j’étais plus fière que cette année. Je m’attendais à un moment que quelque chose n’aille pas et en fait non ce n’est jamais arrivé. Je n’ai pas l’impression d’avoir réalisé une performance de fou, tout s’est bien passé.

Maryline Nakache : « J’appréhendais que la chaleur vienne, des problèmes à mes pieds, des coups de mou il peut arriver tellement de choses sur les trails il ne faut pas crier victoire trop vite. »

Lepape-info : Vous étiez préparée différemment qu’en 2023 ?

M.N : J’ai muri en deux ans avec plus d’expérience, lorsque l’on fait le Marathon des Sables la première fois on ne sait pas à quoi s’attendre, on n’anticipe pas assez le fait que cela soit aussi dur, après on s’y prépare mieux mentalement et physiquement. Je n’ai pas changé énormément de choses mais plein de petits détails en préparant mieux mon sac, mes ravitaillements, mes pieds dont j’avais beaucoup souffert la première fois. J’ai ajusté mon entraînement et tout s’est mieux passé. Mentalement je m’attendais aussi à ce que cela soit très très dur, finalement ce ne fut pas le cas car il faisait beaucoup moins chaud.

Lepape-info : Comment avez-vous géré l’étape longue de 80 km ?

M.N : Plus c’est long et mieux je me sens dans des conditions de chaleur normales, il y a 2 ans c’était horrible il faisait 40 °C soit 15 degrés de plus que cette année. C’est d’ailleurs lors de cette étape que j’ai grapillé le plus de places car beaucoup sont partis trop rapidement et n’ont pas forcément l’habitude de faire du long et ont peut-être moins l’habitude que moi de se gérer dans ces conditions sur des distances très très longues. Je redoutais davantage tous les départs d’étapes car cela part très vite et aussi les étapes courtes mais finalement je me suis rendue compte que sur des étapes de 30-40 km qui ne sont pas si courtes que cela j’arrivais à m’exprimer un peu. J’appréhendais que la chaleur vienne, des problèmes à mes pieds, des coups de mou il peut arriver tellement de choses sur les trails il ne faut pas crier victoire trop vite.

Lepape-info : Le décor est toujours aussi grandiose

M.N : J’ai trouvé cette année le parcours encore plus beau avec davantage de passages dans le sable, dans les dunes je préfère ce genre de parcours qu’aux longs tracés plats même si c’est plus facile à parcourir, on s’ennuie.

Lepape-info : Les 3 hommes qui sont devant toi, les célèbres frères El Morabity avec Rachid l’aîné, Mohamed et le nouveau venu Mbark sont-ils supérieurs à ce point ?  

M.N : Au niveau allure ils sont capables de courir bien plus vite que moi, ils sont très habitués au terrain de jeu du Marathon des Sables. Sur une étape, d’une balise à une autre, il y a des tas de chemins différents on est pas obligé de suivre une trace comme sur un ultra-trail. Ils savent trouver le chemin plus facile d’accès en coupant par moments pour éviter de faire un grand détour, ils peuvent gagner 100 m par-ci, par-là, il sont habitués aux conditions difficiles de chaleur, manque de nourriture que nous n’avons pas forcément. Ils sont très rapides et ont plus d’expérience que moi.

Maryline Nakache : « Dans le bus du retour je me suis mise à pleurer pendant un quart d’heure, tout est retombé d’un coup en retrouvant ma vie habituelle, les réseaux etc… »

Lepape-info : Le fait de pouvoir choisir ses trajectoires change de l’ultra-trail

M.N : C’est très sympa, c’est ludique, lors de ma première expérience je ne l’avais pas fait, mais là je réfléchissais, je regardais les balises, je me disais tiens je vais peut-être passer par là en essayant de suivre les traces des premiers, j’ai couru de longs moments avec le 3e frère, j’ai regardé comment il faisait, on a pris les bons chemins, c’était sympa de courir avec lui. J’ai pris de meilleures trajectoires qu’il y a 2 ans.

Lepape-info : Qu’avez-vous ressenti à l’arrivée de la dernière étape ?

M.N : J’étais heureuse d’avoi terminé car l’air de rien c’est fatiguant, c’est bien de se dire que l’on va retrouver un peu de confort avec un bon repas. Heureuse aussi d’avoir terminé à la première place et en même temps c’est compliqué car on se dit que c’est terminé. Autant il y a 2 ans je ne voulais plus entendre parler de l’épreuve autant cette fois j’étais nostalgique que l’aventure soit terminée avec après le retour à la civilisation, le retour au travail. Dans le bus du retour je me suis mise à pleurer pendant un quart d’heure, tout est retombé d’un coup en retrouvant ma vie habituelle, les réseaux etc… Je pense revenir sur le MDS l’an prochain ou plus tard.

Lepape-info : De plus en plus de femmes sur le MDS cela vous inspire quoi ?

M.N : Je trouve cela bien après il ne faut pas aller dans l’autre sens en disant que des femmes, que des femmes. Ce que j’ai envie de dire à une femme : « Si tu veux venir, tu fais comme les hommes, entraîne toi et mets les choses en place ! » Il n’y a pas de différence, il faut juste les rassurer. Ce qui est bien c’est de montrer que les femmes sont capables de terminer comme les hommes

Lepape-info : Quels sont vos prochains défis à venir ?

M.N : Je vais faire le Québec Mega Trail du 3 au 6 juillet prochain, un ultra au Québec de 235 km et environ 6 000 m de dénivelé, l’autre grand objectif sera de revenir sur la Diagonale des Fous avec quelques courses intermédiaires entre. Le but sera d’essayer de faire mieux vis à vis de moi-même.

Lepape-info : Quelle est votre source de motivation au quotidien ?

M.N : Je cours car j’aime cela, si il n’y avait pas de compétition je continuerai à courir, j’aime m’entraîner, les longues distances. Si je n’ai pas ma dose de sport dans la journée je ne suis pas bien, c’est cela qui m’anime. Si un jour je ne peux plus courir, je ferai du vélo, de l’ultra-cyclisme, ce qui m’anime c’est le fait d’être à l’extérieur, de m’entraîner, d’être libre, de me sentir vivante.