Courir, c’est dans les tripes !

Article écrit par Cyril Schmit et Cyril Ricci

Le point de côté survient souvent de façon anodine et met clairement un frein à notre confort. On parvient à le réduire de façon plus ou moins rapide en contrôlant la ventilation et/ou en réduisant l’allure.
Idem, les douleurs à l’estomac peuvent survenir à l’effort. Si leurs causes sont davantage liées aux aliments ingérés (dose / timing / concentration en glucides), elles aussi peuvent se dissiper après quelques minutes d’effort.
En revanche, un autre problème de douleur au ventre, moins ponctuel et plus profond celui-là, peut radicalement nous empêcher de nous entraîner. Et pas seulement à l’échelle d’une séance… À l’échelle de tout un programme d’entraînement !

Aujourd’hui, nous faisons un point sur une composante « fantôme » de l’entraînement, hyper-présente en dépit du désintérêt qu’on lui manifeste. Elle est un dénominateur commun à toutes performances sans pour autant qu’on lui attribue sa part des bénéfices de l’entraînement. 

 

Découvrez comment votre intestin peut être le support de vos performances ET, inversement, le point de départ de bien des malaises. L’intestin ou « la première étape du reste de ta performance », c’est ce dont on discute dans cet article.

 

Intestin et santé

 

L’intestin, vous le savez probablement, est considéré comme le 2eme cerveau de notre corps (le fameux « guts brain »). Pas seulement pour ses nombreuses innervations (il possède même son propre système nerveux, dit « entérique » !). Mais pour son rôle de modulateur sur l’ensemble des fonctions de l’organisme : énergétique, mental, immunitaire. 

 

C’est sur cette dernière fonction, immunitaire, que vous allez découvrir les pouvoirs de l’intestin et les liens évidents entre nutrition – digestion – immunité – performance.

 

Notre intestin grêle, en particulier, établit la jonction entre l’estomac et le colon. Il reçoit donc les aliments pré-digérés et sa mission, s’il l’accepte, est de les absorber. Dès lors, il est le premier lieu d’échange entre le milieu externe et le milieu interne de note organisme, celui du sang et des organes, celui de l’énergie, celui de la performance sportive.

 

Avoir cette responsabilité de « premier lieu d’échange » est toutefois perturbant, notamment lorsque le contenu reçu de l’estomac n’est pas des plus faciles à absorber. Comme une interférence dans un système bien huilé, l’intestin peut alors se transformer en « maillon faible ».

 

Pour saisir les tenants et aboutissants d’une telle incartade, il faut comprendre les structures et fonctions de cette zone de notre anatomie. 

 

En guise de paroi, l’intestin est revêtu d’une fine couche (l’épithélium) composée de petites bosses (les villosités et microvillosités) et est constitué principalement par un unique type de cellules (les entérocytes) qui assurent une double-fonction :

  • Faciliter l’assimilation des nutriments apportés par l’alimentation (glucides, lipides, protéines, vitamines, minéraux) en les découpant en petits morceaux ;
  • Empêcher la pénétration dans le sang de composés indésirables (micro-organismes, macromolécules et composés toxiques). Cette protection / barrière est en partie possible grâce aux reliefs qui la composent, serrés, compactes, tel un bouclier de défense.

 

Voici donc le schéma de base. Cependant, lorsque cette muqueuse intestinale est enflammée à cause du type de nourriture ingérée, du stress, de l’exercice, ou d’autres facteurs, les jonctions de l’intestin, à l’origine serrées, se distendent. Conséquence : la porosité intestinale s’installe.

 

Dans ces conditions, l’intestin devient une passoire, il fuit… phénomène mieux connu sous le nom d’ « hyperperméabilité intestinale » (ou « Leakey Gut syndrome »). Voici à quoi cela ressemble :


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Les principales causes

 

Plusieurs facteurs sont capables de déclencher une hyperperméabilité intestinale. Voici les principaux :

  • L’alimentation moderne (évidemment !) appuyée pour partie sur des produits transformés ;
  • Le déséquilibre de la flore intestinale (dysbiose) à cause d’agents pathogènes vivant dans notre intestin à nos dépens ;
  • Le sport intensif par la réduction importante du débit sanguin dans cette zone du corps en particulier (ischémie intestinale) ;
  • Le stress (il est partout celui-là !) ;
  • Les chocs péristaltiques, autrement dit les secousses subies par notre tube digestif (en running essentiellement) ; 
  • Un déficit en IgA (Immunoglobuline A) suite à des infections bactériennes, virales, parasitaires, mycosiques, etc. ;
  • Des intolérances alimentaires (FODMAP, gluten) ;
  • Les antibiotiques, anti-inflammatoires, corticoïdes, etc. ;
  • Les métaux lourds, alcool, tabac, additifs et conservateurs alimentaires, pesticides… ;
  • Un déficit enzymatique.

 

 

 

Les conséquences

 

En passant du mode « barrière » au mode « passoire », notre ami l’intestin peut alors être la cause d’effets beaucoup plus poussés qu’on ne le croit : tout un tas de molécules passent en effet la paroi de l’intestin tandis qu’elles ne devraient pas. Le potentiel de perturbations est juste impressionnant. 

 

Imaginez l’étendue de l’intestin grêle qui, par sa surface totale immense (5-7m de long * 3cm de large), rend finalement exponentielles les possibilités de passage dans le sang de molécules étrangères toxiques. L’hyperperméabilité de cette barrière devient ainsi le point de départ de multiples troubles :

  • Diarrhées ou selles molles ;
  • Ballonnements, douleurs abdominales ;
  • Sensation de manque d’énergie, du fait de la métabolisation seulement partielle des nutriments ;

 

Toute cela empêchant complètement de réaliser une performance ! À ces effets délétères s’ajoute en plus le passage des molécules exogènes (bactéries qui devraient être arrêtées) dans le sang, qui peut provoquer :

  • Une intoxication sanguine (ex : œdème des membres inférieurs) ;
  • Une surcharge hépatique, car le foie est alors stimulé en permanence (fatigue générale persistante) ;
  • Un processus inflammatoire chronique, qui finit par aboutir à des troubles du système immunitaire.

 

Ces différentes atteintes immunitaires vont provoquer des conséquences à moyen-terme sur la capacité du sportif à supporter l’exercice et la fatigue d’entraînement. Ceci s’établit notamment par 2 facteurs : la capacité à créer de la fatigue et la capacité à récupérer de cette fatigue.

 

  • À moyen-terme, les problématiques intestinales empêchent de créer de la fatigue (créer de l’intensité, réussir à durer dans la séance, à se dépasser) car l’apport énergétique est insuffisant. Comment produire des intensités importantes sur des longues durées sans absorption efficace de l’énergie que l’on tente d’apporter à nos muscles ?

 

  • Ces problématiques empêchent aussi de récupérer, pour les mêmes raisons énergétiques mais surtout car le système immunitaire est plus largement touché par les inflammations développées : allergies sous toutes leurs formes (asthme, eczéma, rhinites) ; intolérances alimentaires (gluten, lait, caséine…) ; développement de maladies auto-immunes ; baisse de l’efficacité à métaboliser / dégrader / utiliser les nutriments vite et bien.


Notre intestin est donc un pilier de notre performance. Son rôle reste discret pour beaucoup et plus saillant pour d’autres. Dans tous les cas, cependant, il représente un point d’amélioration de l’entraînement en définissant autant la quantité/qualité des apports énergétiques pendant la séance d’entraînement, qu’en conditionnant la tolérance immunitaire au programme tout entier. Prenez-en donc soin, il vous le rendra bien.

5 réactions à cet article

  1. l’acidité est un point important qui peut perturber les intestins. Cela les rend inflammatoires et le sportif doit gérer ce point de manière à limiter ces problèmes digestifs mais aussi la prévention de la blessure. l’alimentation et le mode de vie doivent être adaptés. Lereca laboratoire est spécialisé dans ce domaine et propose notamment des formules pour l’intestin et le pH. Beaucoup de sportifs sont adeptes ! c’est mon cas
    https://www.lereca.com/

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  2. Bonjour ,à un mois du marathon ,quel conseil preventif de d’inconfort intestinal pouvez vous donner .je n ai aucune pathologie.MA pharmacienne pense au Smecta avant la course ,.LEs probiotiques un mois avant sont intéressants.
    Article très intéressant. Cela manque de conseils basés sur des expériences
    Merci
    Sportivement
    Nadia

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    • supprimer les aliments avec des fibres les 2 derniers jours avant le marathon, pas de céréales complètes , ni pâtes et riz complet, pas de flocons d’avoine, de pain complet/seigles etc. , pas de légumes et fruits crus et pour les légumes cuits, privilégiez les carottes, haricots verts, courgettes, pour les fruits cuits, comme des compotes de pommes, poires, bananes c’est permis mais bien mures de préférence. , normalement le jour avec ce type d’alimentation, zéro caca, pas besoin de smecta 🙂 bonne chance pour votre marathon 🙂

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  3. Très bel article comme toujours avec Cyril Ricci même si celui-ci est co-écrit.
    On apprend toujours plein de choses je recommande la page Facebook HNS Performance car vous allez encore trouver de nombreuses réponses

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  4. Excellent article mais plus compliqué que ceux qu’on peut lire sur la page HNS Perf …

    Mais on apprend encore plein de choses
    Merci

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