Cyclisme : Quel est l‘intérêt de la coupure ?

Quoi qu’on en dise, pratiquer le cyclisme et le sport en général de façon soutenue et compétitive, n’a rien d’anodin. Une fois la saison lancée, le fait de « taper dedans » très régulièrement, décime progressivement nos réserves. Les coups de fatigue répétés liés aux charges d'entraînements finissent généralement par jouer sur notre santé et  notre motivation. David Giraud, expert cyclisme de la rédaction Lepape-info, nous explique en quoi  la « période de transition » apparaît alors, comme un passage primordial en vue du bon déroulement de la nouvelle saison sportive.

vélo champ campagne

Comme je l’expliquais dans l’article « Cyclisme : Quelques notions de base de l’entrainement », la saison cycliste est composée de grandes périodes appelées « macrocycles ». A l’échelle de la saison, la première de ces grandes périodes s’appelle la période de transition ou plus communément, la « coupure ». Le début de cette période marque la fin de la saison précédente. La coupure doit nous permettre de commencer la nouvelle saison sur de bonnes bases, en quelque sorte de repartir de zéro, ce que bien souvent une saison cycliste ne permet de faire complétement à aucun moment.

L’objectif de la coupure est de permettre au sportif de récupérer physiquement mais aussi mentalement. Voici une liste non-exhaustive des réactions physiologiques et psychologiques que va engendrer une coupure bien exécutée :

  • Recharge des réserves en vitamines et minéraux
  • Réplétion des niveaux hormonaux
  • Réparation totale des tissus musculaires et tendineux
  • Disparition de la lassitude liée à la saison précédente

Couper, c’est régresser

Seulement voilà, si cette coupure est souvent crainte secrètement ou non par certains sportifs pratiquant de façon intensive, c’est qu’elle possède des répercutions contraires à celles recherchées lorsqu’on s’entraîne. En voici quelques exemples :

  • Diminution légère de la VO2max
  • Diminution des capacités de réserve énergétique
  • Diminution de la tolérance lactique
  • Détérioration du coup de pédale
  • Fonte de la masse musculaire
  • Diminution de la souplesse musculaire
  • Diminution de la capacité à répéter les efforts

Cette régression des performances est souvent cumulée à une prise de poids. En effet, une majorité de sportifs a tendance à prendre quelques kilogrammes. Cette prise de poids n’est pas liée à l’arrêt de la pratique qui devrait entrainer d’une part, une diminution de l’appétit et d’autre part une légère fonte musculaire. On note généralement qu’elle est liée au fait que la plupart des sportifs en profitent pour se « lâcher », parfois même exagérément, au niveau de leur hygiène de vie.
Même si ce type de comportement est assez logique compte tenu des exigences que s’imposent certains pratiquants durant la saison, il apparaît plus adapter de se faire plaisir avec parcimonie durant tout l’hiver, plutôt qu’exagérément durant quinze jours et de regretter une fois la coupure terminée. En effet, la reprise de l’entrainement n’en sera que plus confortable.

Surentrainement et Surcompensation cyclisme

Mais couper c’est surtout « reculer pour mieux sauter »

« Reculer pour mieux sauter » et donc continuer à passer des paliers pour progresser. Le sportif qui ne coupe jamais, aura tendance à voir rapidement, sa capacité de performance « stagner » d’une année sur l’autre. Il risque également de trouver l’hiver plus long que celui qui a fait remonter le curseur « motivation » durant la coupure.

Dans l’article « Quelques notions de base concernant l’entrainement » j’expliquais l’importance du phénomène de surcompensation dans l’entrainement sportif. A l’échelle de l’année sportive, cette coupure doit permettre la mise en place de ce phénomène à différents niveau. Par exemple, le coureur, fatigué par la longueur et les exigences d’une saison, va pouvoir souffler quelques semaines afin de faire remonter sa capacité à encaisser les charges annuelles d’entrainement et de compétition à un niveau supérieur à celui atteint un an auparavant.

D’autre part, comme je l’ai expliqué, après une coupure notre condition physique a diminué quelque peu mais nos voyants physiologiques et psychologiques sont de nouveaux au vert. On repart donc de zéro en ce qui concerne notre état de santé. Par contre, nos capacités de performances physiologiques ne repartent pas vraiment de zéro.  Même s’il est vrai qu’elles ont un peu régressée, le corps garde en mémoire le travail intensif effectué par le passé. Nous sommes donc paré à passer au palier supérieur.

L’heure de la reprise a sonné

Lors de la reprise ne perdez pas de vue que vos mauvaises sensations à l’entrainement sont davantage liées à votre perte de souplesse et de coordination qu’à la diminution de votre VO2max. Mentalement vous êtes désormais prêts à faire de nouveaux sacrifices, et si vous le souhaitez, vous pourriez retrouver une capacité à encaisser les charges et donc une condition physique importante très rapidement. Mais ce n’est, à cet instant, pas l’objectif prioritaire. L’heure est à la patience, il s’agit désormais de poser les bases solides d’une nouvelle saison. Ce sont elles qui vous permettront d’atteindre des niveaux de performances élevés mais également de les inscrire dans la durée.

 

 

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