Courtney Dauwalter, nouvel exploit retentissant

Sur la Western States Endurance Run (https://www.wser.org/), ultra-trail mythique de 100 miles disputé le 24 juin dernier dans le Colorado, l’Américaine Courtney Dauwalter a une nouvelle fois défrayé la chronique en pulvérisant le record féminin de l’épreuve et en bousculant les écarts prétendument établis entre hommes et femmes, écarts en lien avec les différences physiologiques.

Nous avons maintes fois traité la « problématique » des écarts hommes-femmes en athlétisme et en trail. Pour rappel, voir figure ci-dessous, ils avoisinent les 10%, et cela quelle que soit la discipline concernée.

Seule grosse différence, l’écart sur le 24 heures en raison de la performance surréaliste réalisée par le lituanien Aleksandr Sorokin. Ainsi, il nous apparaît légitime de comparer les performances hommes-femmes en trail à la lumière de ces écarts moyens. 

Mais avant d’observer les écarts H-F en trail, il est bon de rappeler les différences physiologiques qui expliquent ces écarts. Il s’agit principalement :

►Du VO2max qui chez la femme est inférieur en moyenne au VO2max de l’homme (25-70 ml/kg/mn contre 30 à 90 ml/kg/mn), ce qui leur confère une moins bonne capacité à prélever, transporter et utiliser l’oxygène.

► Du taux d’hémoglobine : le taux d’hémoglobine chez la femme est inférieur à celui des hommes ce qui a pour conséquence une moindre capacité de transport d’oxygène.

► De la masse musculaire : les femmes ont un pourcentage de masse musculaire plus faible donc disposent de moins de force tandis que leur pourcentage de masse grasse est plus important.

Mais nous verrons par la suite que les femmes possèdent des atouts indéniables pour la pratique de l’ultra-endurance. Autre paramètre à prendre en compte, la moindre participation des femmes dans les courses d’ultra puisque leur proportion semble stagner à 10%.

Maintenant, quand on observe les écarts H-F en ultra trail, ils sont en moyenne de 20%,mais il y a des exceptions…En 2015, 2016 et 2017, les écarts H-F à l’UTMB sont respectivement de 19.4, 14.8 et 35.6 %, mais en 2021, l’écart entre François d’Haene et Courtney Dauwalter est de 8,4 %, exceptionnel, et avec une 7ème place au scratch.

En 2022, l’écart entre Kilian Jornet et Katie Schide est de 17,2%. Cette même année, au Grand Raid de la Réunion, l’écart entre Beńat Marmissolle et Courtney Dauwalter est de 5,8 % avec une 4ème place au scratch.

Nous avions relaté cet exploit dans l’article suivant :

https://www.lepape-info.com/actualite/actualite-running/actualite-trail/courtney-dauwalter-exceptionnelle-a-la-reunion/

Sur la Western States Endurance Run, Courtney a encore frappé un grand coup en dynamitant le record féminin de plus d’une heure, et en terminant à 49min du vainqueur Tom Evans (14h40 vs 15h29), soit un écart de 5.6% !!

Le podium féminin est de grande qualité avec Katie Schide à 14% et la Hongroise Eszter Csillag à 16.7% du vainqueur.

Bien entendu, et nous l’avions signalé, il faut se méfier des écarts en pourcentages qui restent subjectifs et non objectifs comme sur marathon. Ainsi, il paraît essentiel d’évaluer le niveau de performance du vainqueur homme, ce qui peut être fait grâce à la côte ITRA. Ce travail a été magnifiquement réalisé et mis en graphique par Mathias Géry UTMB®.

Il montre les ratios H/F inférieurs à 15% sur les principaux 100 miles de la planète. En orange, les performances de Courtney, avec le nom du vainqueur et l’année. Une seule athlète a fait mieux : Kaci Lickteig en 2016, mais l’index UTMB des vainqueurs n’était que de 804 (Ryan Weibel et Mick Jurynec).

© Mathias Géry

https://www.wser.org/results/2023-results/

Outre les qualités physiques et mentales exceptionnelles de Courtney Dauwalter, rappelons brièvement que les femmes sont supérieures aux hommes sur les aspects suivants :

  • Une meilleure endurance de force. Même si la force maximale est supérieure chez les hommes, ceux-ci se fatiguent plus vite.
  • Une meilleure utilisation des lipides à l’effort. Leur taux d’oxydation maximal des graisses est obtenu à une intensité plus élevée (52 vs 45%), ce qui permet une économie des réserves de glycogène.
  • Un pourcentage de fibres lentes plus élevé en moyenne

Au-delà de ces comparaisons, il serait souhaitable que les études comparatives se multiplient car elles sont encore trop rares, et que la participation des femmes en ultra soit croissante afin de renforcer ces statistiques. En attendant, Courtney Dauwalter est l’athlète féminine la plus proche des hommes, toutes disciplines athlétiques confondues.

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