Patrice Binelli : « Un bon point de départ pour créer cet esprit collectif que l’on recherchait. »

Le collectif marathon s'est réuni du 15 au 21 novembre à Saint-Jean-de-Monts (Vendée).
Une quinzaine d'athlètes parmi les meilleurs fondeurs Français du moment ont participé à un stage fédéral d'une semaine, l'occasion de s'entraîner mais aussi d'échanger avec l'encadrement technique de faire le point sur la saison écoulée et sur la prochaine qui s'annonce dense.
Patrice Binelli, référent national du running, dresse le bilan de ce rassemblement enrichissant. Entretien.

Lepape-info : Patrice, ce rassemblement fut l’occasion d’échanges importants

Patrice Binelli : On voulait faire un point avec les athlètes marathoniens ou avec ceux et celles à potentiel marathon à moyen terme. On a retenu une quinzaine d’athlètes qui avaient déjà réalisés des performances sur marathon ou qui avaient montré des choses sur semi. L’idée était de faire un brassage assez vaste et aussi de faire le point avec les athlètes qui avaient participé aux Jeux olympiques de Tokyo.

 

Patrice Binelli : « Pour une mise au vert, Saint-Jean-de-Monts est un cadre très agréable qui a fait l’unanimité auprès des athlètes avec à l’avenir un ou deux passages par an. »

 

Lepape-info : Le programme était adapté selon la forme, les objectifs à court terme de chacun et chacune  

P.B : Le programme élaboré par Jean-Claude Vollmer comportait 3 niveaux. Ceux qui étaient en réathlétisation en raison d’une blessure, on avait prévu un encadrement médical pour les prendre en charge. Ceux qui venaient de faire les championnats de France de cross et qui étaient en récupération avant d’autres rendez-vous proches comme le cross d’Allonnes. Ceux qui étaient en préparation marathon. On a tenu compte des contraintes de chacun sachant qu’un certain nombre de leurs entraîneurs étaient présents en fin de stage. Il y a eu un peu de tout, des footings, des fractionnés dans la forêt, des séances sur la cendrée de Saint-Jean-de-Monts, sur la piste synthétique de Challans à 15 minutes de là.

 

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Yohan Durand lors du stage à Saint-Jean-de-Monts – Crédit : Lahcen Salhi

 

Lepape-info : Saint-Jean-de-Monts endroit idéal pour ce genre de stage sera le camp de base de préparation des marathoniens pour Paris 2024 ?  

P.B : C’est un site très intéressant, nous étions super bien hébergés à l’Hôtel Thalasso Valdys avec la possibilité de profiter des infrastructures de thalasso, spa notamment après les entraînements. La Fédération française d’athlétisme a signé une convention avec la ville et la communauté de commune qui permettra jusqu’en 2024 aux marathoniens de venir mais pas systématiquement à tous les stages puisque certains sont plus longs ou en altitude. Pour une mise au vert, Saint-Jean-de-Monts est un cadre très agréable qui a fait l’unanimité auprès des athlètes avec à l’avenir un ou deux passages par an comme par exemple avant un championnat du monde de semi-marathon ou autre championnat et aussi dans le cadre d’une mise au vert. La complexité viendra de trouver les bonnes périodes pour venir car Saint-Jean-de-Monts est une station balnéaire très prisée en haute saison mais là en novembre c’était parfait.        

 

Lepape-info : Le principe de ce stage était de rebondir après une belle saison notamment chez les messieurs

P.B : Chez les garçons il y a une vraie dynamique qui s’est installée autour du marathon avec des chronos intéressants et une densité qu’on na pas eu souvent à ce niveau-là même s’il faut relativiser avec les nouvelles technologies. On sent que les athlètes ont envie d’aller sur le marathon. Chez les filles après avoir observé ce qu’il s’est passé chez les messieurs on constate qu’il y en a beaucoup qui veulent monter sur marathon à moyen terme. Mélody Julien qui est jeune est un cas un peu exceptionnel, une athlète comme Mekdes Woldu envisage je pense de courir le marathon de Valence (Espagne) en 2022.

 

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Mélody Julien lors du stage à Saint-Jean-de-Monts – Crédit : Lahcen Salhi

 

Lepape-info : Certains voient ou présentent Mélody Julien comme la future Christelle Daunay, qu’en pensez-vous ?  

P.B : Elle a un grand talent, elle est très atypique car elle a déjà un panel extrêmement large pour son âge (22 ans), elle est capable d’aller relativement vite sur 800 m, certainement très vite sur 1 500 m et elle a disputé son premier marathon à Amsterdam en octobre (elle a pulvérisé le record de France espoirs en 2h40’25). Elle a un potentiel énorme qu’il va falloir canaliser, il va falloir cibler les objectifs, les étapes et ne pas chercher à tout faire. Il va falloir aller dans une direction et la respecter. En ayant eu une discussion avec elle et son entraîneur le choix de s’orienter vers le marathon est quelque chose d’important dans leurs esprits. Si elle continue à progresser, elle pourra devenir la porte-drapeau du marathon féminin Français d’ici 2024 mais il ne faut pas oublier Mekdes Woldu qui peut devenir une excellente marathonienne. Parmi les autres jeunes, Margaux Sieracki qui a battu le record de France espoirs du 10 km à Paris a un potentiel intéressant. Mais bien sur Mélody Julien représente l’avenir pour nous.

 

Patrice Binelli : « Chez les garçons il semble que le championnat d’Europe à Munich (Allemagne) du 15 au 21 août pourrait être un objectif individuel et collectif intéressant pour tout le monde. Forcément au détriment du championnat du monde à Eugene (Etats-Unis) du 15 au 24 juillet car le délai entre les 2 rendez-vous est trop court. »

 

Lepape-info : Ce sont des signaux intéressants car on commençait à s’inquiéter pour le marathon féminin Français  

P.B : Elles sont parties avec un temps de retard sur l’objectif marathon par rapport aux garçons entre ceux déjà bien formatés sur la distance et d’autres qui sont venus se greffer comme Mehdi Frère par exemple. Chez les filles, après Christelle Daunay il y a eu un petit vide maintenant il faut le combler, le marathon est une discipline à maturité tardive, il faut laisser le temps pour que cela se fasse, on voit que certaines n’ont plus peur de s’orienter jeune vers la course sur route. Margaux Sieracki est un exemple d’athlète qui a envie d’aller vers le long maintenant il est trop tôt pour parler de marathon à court terme la concernant.

 

Lepape-info : L’année 2022 s’annonce dense avec un championnat du monde d’athlétisme et un championnat d’Europe l’été prochain. Quelle va être la stratégie ? 

P.B : L’un des objectifs du stage de Saint-Jean-de-Monts était d’avoir une vision commune de la saison à venir c’est aussi pour cela que nous avons invité les entraîneurs. Chez les garçons il semble que le championnat d’Europe à Munich du 15 au 21 août (Allemagne) pourrait être un objectif individuel et collectif intéressant pour tout le monde. Forcément au détriment du championnat du monde à Eugene du 15 au 24 juillet (Etats-Unis) car le délai entre les 2 rendez-vous est trop court. On fait partie des bonnes nations européennes en terme de densité. Il faudra faire des choix mais on peut clairement imaginer que la priorité soit donnée au championnat d’Europe, tout dépendra des modalités de sélection que l’on devrait donner d’ici la fin de l’année.      

 

Lepape-info : Quelle est la ligne de conduite que vous allez suivre pour 2022 ? 

P.B : Il y a les marathons internationaux, celui de Séville (Espagne) le 20 février sera un rendez-vous important visé par certains Français. Ensuite il y aura la Coupe d’Europe du 10 000 m puis soit le championnat du monde soit le championnat d’Europe d’athlétisme et enfin les championnats du monde de semi en Chine en octobre. Ce qui est important c’est qu’il y a une grande période de préparation, les athlètes peuvent se projeter sur une organisation de stages. Certains passeront peut-être par la Coupe d’Europe du 10 000 m.

 

Patrice Binelli : « La 12ème place de Nicolas Navarro aux Jeux olympiques de Tokyo a mis la discipline en lumière, sur certains rendez-vous cette saison on a vu des athlètes qui avaient envie de mouiller le maillot. Chez les garçons présents dans le collectif marathon ils peuvent tous quelque soit leur âge se projeter sur Paris 2024 comme une étape ou un point d’orgue. »

 

Lepape-info : Quels enseignement tirez-vous de ce rassemblement à Saint-Jean-de-Monts ? 

P.B : On a l’impression qu’un groupe s’est formé, il y a eu un consensus général sur le lieu, tout le monde a reconnu que le site était parfait pour ce genre de rassemblement, de préparation. Le fait d’avoir pu rencontrer les entraîneurs et d’avoir eu un échange avec eux, c’est un bon point de départ pour créer cet esprit collectif que l’on recherchait.

 

Lepape-info : Le marathon en France retrouve un second souffle ? 

P.B : Oui j’ai l’impression qu’un équilibre est en train de s’installer entre les courses nature comme le trail et la course sur route avec le marathon qui reste une distance mythique pour les gens. On l’a vu récemment avec l’engouement au marathon de Paris (qui faisait son grand retour après 2 ans et demi d’absence en raison de la crise sanitaire). Lors des championnats de France on a également constaté une effervescence, les gens avaient envie de revenir sur ce genre de compétition, c’était un bon point. Coté équipe de France, le marathon est à la relance, depuis 2008 côté performance c’était très clairsemé lors des grandes échéances internationales. Là par exemple, la 12ème place de Nicolas Navarro aux Jeux olympiques de Tokyo a mis la discipline en lumière, sur certains rendez-vous cette saison on a vu des athlètes qui avaient envie de mouiller le maillot. Chez les garçons présents dans le collectif marathon ils peuvent tous quelque soit leur âge se projeter sur Paris 2024 comme une étape ou un point d’orgue.

 

Les athlètes présents au stage :
Morhad Amdouni
Garance Blaut
Marie Bouchard
Felix Bour
Hassan Chahdi
Benjamin Choquert
Yohan Durand
Damien Gras
Mickael Gras
Mélody Julien
Samira Mezeghrane
Cécilia Mobuchon
Nicolas Navarro
Duncan Perillat
Mekdes Woldu

 

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