Dorian Coninx : « Mon objectif sera d’être performant dès le début de la saison. »

C'est une équipe de France de triathlon et de paratriathlon rayonnante et ambitieuse qui s'est retrouvée à l'INSEP (Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance) à un peu plus de 7 mois des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Dorian Coninx champion du monde 2023 ne pouvait rêver d'une plus belle saison avant les Jeux olympiques de Paris 2024 qu'il va aborder avec sérieux et détermination. Entretien.

Dorian Coninx champion du monde 2023 de triathlon

Le pape-info : Dorian, vous êtes champion du monde, les ambitions sont grandes pour 2024

Dorian Coninx : J’ai le statut de champion du monde, les Jeux ont lieu à Paris l’année prochaine beaucoup de raisons qui donnent envie d’être très fort. Vu l’équipe que l’on a avec Vincent (Luis) deux fois champion du monde, Léo (Bergère) sacré l’an passé, Pierre (Le Corre) sur le podium de la grande finale, tout ne repose pas sur moi, on est une équipe homogène c’est cool d’en faire partie.        

Le pape-info : 3 Français différents sont devenus champions du monde lors des 4 dernières années, preuve que ce n’est parce qu’on est champion du monde que l’on gagne l’année d’après

D.C : C’est même plutôt compliqué d’enchaîner 2 titres, aux Jeux c’est une course d’un jour alors que le championnat du monde se déroule sur plusieurs courses, on ne peut pas comparer les Jeux olympiques avec une autre course du calendrier. L’an prochain ce sera particulier, je suis impatient mais je veux le prendre cool, étape par étape, c’est la reprise je me remets en forme. Après il y aura l’étape où je m’entraîne correctement, les premières compétitions, je ne vais pas me mettre la pression et me lever tous les matins en pensant  aux Jeux parce que ce serait contre-productif.              

Le pape-info : L’année 2023 a-t-elle changé pas mal des choses dans votre tête ? Des étapes ont été franchies de manière assez concluante

D.C : Oui et non. J’ai trouvé la régularité après laquelle je courrais depuis de nombreuses années ce fut très satisfaisant d’un point de vue personnel. Le titre de champion c’est la cerise sur le gâteau et vient concrétiser cette régularité. J’ai terminé l’année en ayant la certitude que cela avait fonctionné au niveau de mon état d’esprit, de la façon de faire les choses au niveau de mon entraînement, de la préparation mentale, de la nutrition et de tout ce que je mets en place. Je suis convaincu qu’il faut rester dans le même état d’esprit pour que cela continue à marcher et ne pas tout changer. J’ai eu le titre je suis très content maintenant on oublie et je reprends avec la même envie, la même attitude et état d’esprit avant 2023 après une saison de m…. .                   

Le pape-info : Le fait d’être déjà présélectionné pour les Jeux enlève une pression ? 

D.C : C’était mon premier objectif en 2023 avant même le classement général car tu n’as pas besoin de faire cette course à la sélection que j’ai vécu avant les précédents Jeux de Tokyo et de Rio et qui est assez épuisante. Si j’ai besoin de faire une impasse pour me préparer comme il faut, je pourrais la faire. Mais je ne veux pas trop y penser, je veux être performant sur les premières courses, je le serai moins que plus tard dans la saison mais je ne vais pas arriver en me disant il faut terminer 20e et cela sera suffisant. Mon objectif sera d’être performant dès le début de la saison, on ne peut pas changer de niveau du tout au tout en quelques mois.            

Le pape-info : Que retenez-vous du Test Event de Paris disputé en août dernier, un an avant les Jeux ?  

D.C : La course était incroyable, l’endroit était magnifique avec les monuments historiques. Le départ à 8h du matin avec la lumière du lever de soleil, le public était déjà présent, on ne s’entendait pas courir tellement on nous criait dessus. Les autres athlètes internationaux ont été enchantés de la course qu’ils ont vécu, c’était vraiment génial de pouvoir le vivre avant l’an prochain. Lors des Jeux ce sera peut-être 10 fois plus de pression, 10 fois plus de spectateurs, 10 fois plus de tout mais cela nous a permis de s’y préparer. J’ai abordé cette course en me mettant dans les conditions comme si c’était l’an prochain en insistant sur les petits détails, j’ai réussi à le faire et je suis vraiment content.               

 

Le pape-info : La qualité de l’eau de la Seine pose question, lors du Test Event de Paris certaines épreuves se sont déroulées sans natation

D.C : Ce sont des situations que l’on a l’habitude de vivre, on court toujours dans des grandes villes, cela arrive de faire des duathlons ou que la course soit annulée. Je trouverai extrêmement dommage de faire un duathlon à la place du triathlon comme ce fut le cas à Paris (lors du relais mixte et des épreuves de paratriathlon) parce que nous sommes des triathlètes, on s’entraîne pour faire du triathlon mais je n’ai aucun doute que Paris 2024 va faire en sorte que la qualité de l’eau et le plan de contingence soient respectés.          

Le pape-info : Le relais mixte sera très attendu avec l’équipe de France, ce sera un autre challenge à gérer après l’épreuve individuelle   

D.C : Il va falloir mériter sa place il n’y aura que 2 hommes (et 2 femmes), on a déjà eu une médaille (de bronze) aux Jeux de Tokyo, pas la médaille espérée après les nombreux titres mondiaux obtenus avant. On arrive avec des résultats moins impressionnants sur les 2-3 dernières années, on va prendre cela comme un avantage en se disant que l’on s’enlève un tout petit peu de pression. On aime courir ensemble parce que l’on s’entend très bien, ce sera un moment important des Jeux. Pour ma part je ne penserai d’abord qu’à mon épreuve individuelle ensuite si je fais partie de l’aventure j’aurais 5 jours pour me reconcentrer sur le relais, on a l’habitude de fonctionner ainsi sur toutes les épreuves où il y a un relais.                 

Dorian Coninx : « Ce n’est pas le jour des Jeux que l’on va inventer quelque chose. Si je ne sais pas courir à telle allure, ce n’est pas le jour des Jeux que je vais le faire, j’essaye de reproduire en compétition ce que je fais à l’entraînement et de rester sur ce que je peux maîtriser. »

Le pape-info : Que cela représente t-il de faire partie de cette équipe de France si performante ?

D.C : C’est une grande fierté, en équipe de France nous sommes tous rivaux pendant la course mais on s’apprécie tous beaucoup, il y a une très bonne entente. Quand on arrive et que l’on a tous réussi la course c’est d’autant plus agréable, tout le monde est dans une ambiance de célébration. Sur chaque course cette année que ce soit à Cagliari, Abu Dhabi ou Yokohama je me retrouvais à courir avec un Français devant moi et un derrière, c’est cool même si ce sont des adversaires comme les autres, j’ai envie de les battre, de gagner la course. Après la course on savoure ensemble.        

Le pape-info : À un peu plus de 7 mois des Jeux, il y a de l’excitation, de la pression ? 

D.C : C’est un mélange d’un peu tout avec aussi de la concentration pour rester focus sur les choses importantes, la préparation, ne pas me laisser envahir par le fait que ce sont les Jeux. Le maître-mot est la concentration.      

Le pape-info : L’équipe de France est scrutée, observée par les autres grandes nations

D.C : C’est clair qu’ils nous scrutent et tant mieux cela veut dire que l’on est compétents, après nous on scrute les Anglais avec Alex Yee et les filles qui sont très performantes, on scrute les Norvégiens, les Néo-Zélandais… Tout le monde se regarde mutuellement et essaye de voir ce que l’autre fait de mieux, c’est le sport cela nous permet de relativiser un peu. Je ne pense pas qu’en se mettant le plus de pression, on fera la meilleure course, le but est d’arriver le plus tranquille possible et de faire ce que l’on sait faire. Ce n’est pas le jour des Jeux que l’on va inventer quelque chose. Si je ne sais pas courir à telle allure, ce n’est pas le jour des Jeux que je vais le faire, j’essaye de reproduire en compétition ce que je fais à l’entraînement et de rester sur ce que je peux maîtriser.

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