Agathe Guillemot à l'entrainement au Stade Bigouden à Pont-l'Abbé (Finistère)

Agathe Guillemot : « Maintenant, je me sens vraiment légitime de dire que je vais viser une médaille mondiale. »  

Après son superbe titre de championne d’Europe en salle du 1 500 m en mars dernier à Apeldoorn (Pays-Bas), Agathe Guillemot sera ce samedi la tête d’affiche du meeting Bigouden de Pont-l’Abbé (Finistère) chez elle, à domicile, là où elle est née il y a 25 ans.

Agathe Guillemot qui a participé à Rennes au 3 000 m du 1er tour des Interclubs le week-end dernier avec ses coéquipières de Haute Bretagne Athlétisme s’alignera à Pont-l’Abbé (Finistère) sur un 1 000 m avec des ambitions chronométriques avant de disputer le 16 mai à Doha (Qatar) son premier 1 500 m en extérieur cette année.

Tout en récupérant d’une belle séance disputée sous les yeux de sa mère et de sa grand-mère au stade Bigouden où aura lieu samedi le meeting, Agathe Guillemot médaillée de bronze aux Championnats d’Europe en plein air à Rome (Italie) sur 1 500 m l’an passé et 9e de la finale des Jeux olympiques de Paris s’est confiée sur son remarquable hiver et la belle suite de saison qui s’annonce. Entretien.   

 

Lepape-info : Agathe, nous avons assisté à une belle séance à 3 jours du meeting de Pont l’Abbé

Agathe Guillemot : C’était intense dans tous les domaines, c’était le retour au stade Bigouden où beaucoup de personnes voulaient me rencontrer en la présence de ma famille, avec vous les médias et en plus ma séance. Ce sont des choses que j’apprends à gérer au fur et à mesure que ma carrière avance. J’ai commencé par un petit footing avant de mettre de l‘intensité à vélo sur un home trainer installé sur la piste pour me préserver avant les compétitions qui m’attendent avec des prises de lactate régulières pour contrôler tout cela avec mon entraîneur Marc Reuzé pour être dans le juste mais ce n’était pas pour autant dans le confort, ce n’était pas facile.      

Lepape-info : Vous êtes impatiente de retrouver cette piste samedi pour ce meeting à domicile

A.G : J’ai vraiment hâte, j’ai eu un avant-goût sur 3 000 m lors des Interclubs à Rennes j’avais déjà senti un bel engouement autour de ma course, samedi ici cela va être encore différent avec une belle course, Clara Liberman qui va m’emmener sur ce 1000 m. C’est cool de pouvoir aussi partager ici ce que je peux vivre parfois au bout du monde.       

Lepape-info : Avec le champion olympique de saut à la perche Jean Galfione en patron du meeting

A.G : Jean m’a beaucoup aidé dans l’apprentissage du très haut niveau, j’ai pu discuter avec lui de pleins de sujets depuis longtemps, il m’a un peu entrainé à la perche, il est inspirant, il est champion olympique, il a été champion du monde en salle, il m’a ouvert la voie et il est hyper accessible.      

Lepape-info : Vous avez « digéré » le bel hiver que vous avez réalisé ?

A.G : Oui je pense que j’ai plutôt les pieds sur terre, ce n’est qu’une saison en salle et cela laisse présager une belle saison estivale. Je considère que c’est un tremplin, maintenant je me sens vraiment légitime de dire que je vais viser une médaille mondiale. Quand tu as été sur le toit de l’Europe, tu as envie de grimper sur le toit du monde.        

Lepape-info : Ce fut difficile à vivre pour vous de ne pas pouvoir enchaîner avec les Mondiaux en salle en raison d’une grippe

A.G : Quand j’ai annoncé ce forfait je ne pensais pas que ce serait si dur à vivre, j’ai mis quelques jours à m’en remettre, je ne suis pas arrivée à regarder les Mondiaux, je trouvais cela trop difficile. J’avais effectué tout le travail, mes championnats d’Europe s’étaient bien passés, il restait la cerise sur la gâteau, la compétition c’est ce pourquoi on s’entraîne et là non. Du coup ma médaille d’or aux Championnats d’Europe je ne l’ai pas fêté plus que cela, je savais qu’il y’avait les Mondiaux après. Si j’avais su j’en aurais un peu plus profité, ce fut dur à digérer mais je vais m’en servir pour la suite, pour que cela soit une force. J’ai encore plus hâte d’être à cet été.           

Lepape-info : Quelle est l’ambition samedi ?

A.G : On va partir avec Clara Liberman (médaillée d’argent aux championnats d’Europe en salle en mars dernier sur 800 m) sur les bases du record de France de Patricia Djaté (2’31’’93) qui est notre référente nationale actuellement. Je ne sais pas si cela va tenir mais cela sera un test grandeur nature si jamais j’ai un autre 1 000 m lors du meeting de Monaco le 11 juillet le jour de mon anniversaire et où les conditions seront vraiment différentes, je serai noyée dans la masse c’est généralement plus facile. Si cela passe samedi tant mieux, sinon tant pis, nous sommes début mai, l’objectif final cette année est mi-septembre avec les Mondiaux à Tokyo (Japon).    

Lepape-info : On va beaucoup vous voir sur les meetings de la Ligue de Diamant

A.G : Je pense qu’il fallait une figure Française sur le 1 500 m, c’est important de montrer que les Françaises sont présentes à l’international, ce sera un nouveau défi pour moi, gérer les décalages horaires, les voyages et faire en sorte que le niveau mondial soit mon niveau de base. Comme annoncé je serai déçue si je ne fais pas ma rentrée sur 1 500 m en moins de 4 minutes à Doha (Qatar). Je vais essayer de plus jouer avec les filles et moins me fixer sur un chrono. Si je veux gagner une médaille, il faut savoir jouer et je vais essayer de jouer dès les meetings et le chrono ira avec cette façon de faire. Si je joue bien, je gagnerai forcément des secondes.          

Lepape-info : La saison sera longue, il faudra bien la gérer

A.G : J’ai pratiquement tout mon calendrier, avec des phases de compétitions et d’autres sans avec notamment un stage à Font-Romeu (Pyrénées-Orientales) pendant environ un mois de mi-juillet à mi-août, on va gérer la chaleur, le décalage horaire. Après Doha, je participerai aux autres meetings de Ligue de Diamant de Rome, Eugene, Paris et Monaco. C’est un beau défi jamais relevé pour ma part, je vais essayer de faire attention à moi, la séance de vélo aujourd’hui est un exemple. Il faut faire attention à son corps c’est mon outil de travail.  

Lepape-info : Cette saison en plein air s’annonce pour le mieux après l’hiver de toute beauté, c’est grisant

A.G : Oui la vie est plus facile, je rentre dans les meetings comme ceux de la Ligue de Diamant jusqu’à la mi-juillet, c’est un stress en moins, j’avance plus sereinement vers les Mondiaux, je connais bien mes adversaires, en chambre d’appel on discute, cela devient normal de faire cela. Je me sens heureuse d’être là où j’ai toujours rêvé d’être. Depuis que je suis toute jeune, j’ai rêvé de faire les Jeux, de porter le maillot, de chanter la Marseillaise, c’est une fierté. Mon entraînement me permet d’être en confiance. C’est ce qui s’est passé avant la finale des championnats d’Europe en salle, tout devient accessible et facile j’arrive à cette situation grâce à mon entraînement. Psychologiquement, je suis prête à aller chercher des filles meilleures que moi sur le papier comme ce fut le cas à Apeldoorn. Je préfère tenter et voir si cela passe que de ne pas tenter et ne pas savoir ce qu’il se serait passé.           

Lepape-info : Enfin, la « Team kRocket » que vous avez fait connaître avec Clara Liberman et Léna Kandissounon se porte bien ?

A.G : Léna arrive ce mercredi soir et Clara arrive vendredi, on a obtenu 2 médailles cet hiver avec Clara et on espère avoir 3 « kRocketasses » en septembre aux Mondiaux à Tokyo (rires). C’est une force il faut que l’on s’en serve et on sait s’en servir. Nous sommes des filles plutôt intelligentes sur le plan social et de la concurrence, on sait que l’on peut se tirer vers le haut.

   

Agathe Guillemot avec son entraîneur Marc Reuzé

À quelques mètres d’Agathe Guillemot, son entraineur Marc Reuzé se réjouit à l’idée que son élève monte encore plus en puissance cet été :  

Marc Reuzé : « Samedi, Agathe ira chercher le record de Bretagne (2’41 »72 détenu par Marie-Pierre Duros) et puis peut-être le record de France du 1 000 m même si cela me parait très rapide. 2’34-2’35 cela me parait faisable. C’est surtout une remise en route elle est plutôt en forme en ce moment. Ce sera un bon test avant les différents 1 500 m qu’ils l’attendent, le premier sera à Doha. Avant les Jeux olympiques, Agathe m’avait dit que ce n’était pas une fin de cycle mais le début de quelque chose d’encore plus grand après, on l’a vu dès cet hiver. Elle a envie d’aller chercher des médailles internationales, elle ne va plus regagner autant de secondes que l’an passé par exemple, maintenant il s’agit d’aller aux avant-postes avec les meilleures mondiales, monter qu’elle est là et voir comment le corps réagit sur des tempo plus rapides et durer sur le circuit. Elle ne se donne plus vraiment de limites et je crois qu’elle est capable de rivaliser avec les meilleures mondiales. »       

Agathe Guillemot avec sa maman Delphine et sa grand-mère « Mamina »

Delphine, la maman d’Agathe Guillemot également présente pour l’entraînement de sa fille reste en admiration devant la championne qu’elle est devenue : « Je la trouve affutée, sereine. Après la déception d’avoir dû déclarer forfait pour les Mondiaux en salle, elle est partie à Font-Romeu pour se ressourcer et s’entraîner une fois qu’elle avait récupéré de sa grippe. Elle se sent légitime d’être sur les gros meetings de Ligue de Diamant, elle va davantage oser maintenant, le titre européen lui a donné de la confiance. Toute la famille est sportive c’est dans nos gènes, je suis fière de voir où en est arrivée Agathe, elle reste très humble et aussi combattante sur la piste. Petite elle avait déjà des qualités elle courrait tout le temps, elle était déjà rapide, très endurante avec un mental d’acier. »          

« Mamina » sa grand-mère suit également pas à pas les prouesses de sa petite-fille Agathe : « J’ai de l’admiration, de l’affection, de l’amour pour ma petite-fille, elle a toujours été un rayon de soleil dans ma vie. Elle n’a pas changé, elle reste pudique dans ses réactions. Cet hiver elle m’a épaté, elle me disait toujours un jour tu viendras me voir peut-être aux Jeux olympiques, je ne la croyais pas et c’est devenu réalité. Je me suis déjà déplacée pour venir la voir sur les Mondiaux à Budapest, sur des meetings comme à Monaco, il y’a tant d’affection entre elle et moi. »                      

Enfin le champion olympique 1996 de saut à la perche Jean Galfione, patron du meeting et qui entraine également les jeunes perchistes du Club Athlétique Bigouden à Pont l’Abbé (comme c’était le cas ce mercredi) est ravi d’avoir Agathe Guillemot en tête d’affiche :

« On verra pour le chrono, Agathe est capable de mettre des étincelles partout, le plus important c’est qu’elle court ici sur ses terres devant sa famille, ses amis et tous les gens qui l’adorent. Elle est sympa, cela fait du bien de l’entendre parler d’athlétisme. Agathe a un parcours atypique avec seulement 2 années sur le 1 500 m et déjà un titre européen, elle progresse, elle prend confiance, elle tente des trucs et cela passe, elle y va au courage et à l’audace et cela paye, on adore ! Elle vient avec tout son groupe d’entraînement avec Marc Reuzé. Il y aura aussi l’une de ses copines Clara Liberman médailée aussi aux championnats d’Europe en salle sur 800 m qui sera la meneuse d’allure d’Agathe.

Le meeting de Pont-l’Abbé s’annonce vraiment très bien, je fais tout pour bien accueillir les athlètes et qu’ils se sentent bien. Sinon oui, je suis entraîneur de l’école de perche, on est 2 coaches, on a une trentaine de perchistes de tout âge, je m’occupe des benjamins et minimes, l’essentiel pour eux est de se faire plaisir, je travaille sur la technique de course et de perche, j’insiste sur les intentions. »

En vue de se préparer au mieux pour le meeting de samedi, Agathe Guillemot et les autres athlètes du groupe d’entraînement de Marc Reuzé ont pris leur quartiers au centre « LEPAPE Académie » à Tréméoc à quelques kilomètres du stade Bigouden de Pont-l’Abbé.

LEPAPE Académie regroupe 31 hébergements répartis dans 3 villas avec une piscine couverte chauffée à 26°C pour se relaxer et aussi une salle de réunion.

LEPAPE Académie est un lieu destiné aux athlètes mais aussi à toutes les personnes ayant un but sportif ou désirant se préparer à un défi physique (marathon, compétition etc…) avec des entraîneurs à leur écoute et besoins pour des conseils de préparation, d’alimentation spécifique. Les stages proposés peuvent être orientés course à pied, vélo à la demande.