Yohan Durand : « C’est un énorme plaisir de refaire Paris, d’être en France, de courir à la maison. »

Ce dimanche place au 48e marathon de Paris avec plus de 55 000 coureurs attendus au départ. Cette année alors que se déroule en même temps notamment le marathon de Rotterdam (Pays-Bas) et le 1er Championnat d’Europe de course sur route à Bruxelles et Louvain (Belgique) avec un marathon au programme, ils seront quelques rares Français dans le peloton Elite à arpenter le macadam parisien.

Parmi eux Yohan Durand, à bientôt 40 ans, le natif de Bergerac champion de France de semi-marathon en 2021 et qui avait établi son record sur marathon à Paris la même année en 2h09’21 recherchera cette fois en premier lieu la notion de plaisir avant d’autres objectifs de chronos à venir très prochainement. Entretien.

Lepape-info : Yohan, comment se présente votre 4e marathon de Paris?  

Yohan Durand : L’objectif sera de se faire plaisir, Paris n’est pas le marathon le plus roulant, ce n’est pas non plus le marathon où il y a le plus de densité sur des chronos que je vise potentiellement entre 2h08 et 2h14. À Paris il y a les coureurs Elite devant et ensuite derrière c’est un peu le désert. Par contre c’est un énorme plaisir de refaire Paris, d’être en France, de courir à la maison, d’être sur un parcours que je connais et que je maîtrise sauf la fin de course qui a changé depuis ma dernière venue. L’objectif est d’aller chercher un chrono entre 2h10 et 2h12. J’ai couru en 2h11’50 en décembre dernier à Valence (Espagne), je pense être en meilleure forme mais le parcours ici est moins rapide, je n’aurais pas les mêmes groupes de niveau que l’on pouvait avoir en Espagne.

Lepape-info : Vous aviez terminé 2e Français du semi marathon de Paris le mois dernier, comment s’est passé votre fin de préparation ?

Y.D : J’ai eu des moments où les séances se sont passées dans la difficulté, c’est la période qui veut cela où vous êtes en fin de préparation marathon parfois plus laborieuse avec la fatigue physique et mentale de la préparation marathon. J’ai fait des séances encourageantes mais moins dans la facilité qu’avant. Les 15 derniers jours d’affutage sont là pour regénérer l’organisme et retrouver des sensations. Encore une fois je pense être plus en forme que lors de mes 2 dernières préparations marathon, je n’ai pas eu de pépins physiques c’est cool.

Yohan Durand : « Si je ne sors pas fatigué ou épuisé de Paris et sans pépins physiques je ferai certainement le marathon de Berlin en septembre sinon ce sera Valence en décembre pour aller chercher le record de France Masters en 2h10’33 de Mohamed Ezzher »

Lepape-info : La météo idyllique de ces 15 derniers jours risque de ne pas être au rendez-vous ce dimanche avec le retour de la pluie

Y.D : Dommage d’habitude le marathon de Paris est le premier dimanche d’avril, cette année la date à changé. Il fera moins chaud c’était mieux pour ceux qui partiront dans les SAS bien plus loin que les Elites mais les prévisions annoncent du temps humide un peu lourd le matin avec 12 degrés avec les pluies de la veille et aussi du vent… autant dire que le combo n’est pas fantastique, un temps frais et sec sans vent aurait été plus sympa. Nous verrons de toute façon je ne pars pas pour battre mon record, c’est plus pour refaire un marathon. À l’entraînement j’ai fait des petits tests avec des blocs marathon pour voir comment je réagissais avec de nouvelles choses testées lors de mes séances.

Lepape-info : On parlera davantage de record cet automne vous concernant ?

Y.D : Je suis en catégorie Master 1 mais pour pouvoir battre les records de France de cette catégorie il faut avoir 40 ans révolu, ce sera le cas au moi de mai. L’objectif sera à partir de ce moment-là de battre les records de France du 5 km, 10 km, semi et marathon dans la catégorie Masters. Si je ne sors pas fatigué ou épuisé de Paris et sans pépins physiques je ferai certainement le marathon de Berlin en septembre sinon ce sera Valence en décembre pour aller chercher le record de France Masters en 2h10’33 de Mohamed Ezzher (Paris en 2001). Sur un marathon roulant je pense que cela peut être dans mes cordes, je sais que c’est aussi grâce à la nouvelle génération de chaussures à plaque carbone que l’on peut battre ce genre de records et que l’on peut s’entraîner plus qu’avant, que l’on récupère mieux pour finalement y arriver. Avec ces nouvelles chaussures je n’ai plus trop de blessures et battre ces records de France me ferait plaisir. Quand j’aurais battu ces records de France en catégories Masters comme je l’ambitionne je basculerai sur le trail plus tard dans 5-6 ans. Le trail est un univers que je connais pas du tout avec moins d’ambition, sans la pression du chrono, sans regarder sa montre tous les 500 mètres, son cardio tous les kilomètres et de profiter du côté nature.

Lepape-info : Vous avez déjà des trails en tête à faire dans quelques années ?

Y.D : La SaintéLyon m’attire même si c’est un trail de nuit très dur parce qu’il fait froid en décembre, courir de nuit a un côté mythique. Sur les distances courtes l’UTMB me plait aussi avec également le Festival des Templiers dans les Causses même si les conditions météo ne sont pas toujours évidentes.

Lepape-info : Que pensez-vous des minima FFA sur marathon (hommes : 2h05’18 et femmes : 2h21’13) pour les Mondiaux d’athlétisme à Tokyo en septembre prochain très élevés et qui ont beaucoup fait réagir ?

Y.D : Ce n’est pas logique car on rentrait en France dans une nouvelle dynamique avec les Jeux olympiques de Los Angeles en ligne de mire. C’est le moment d’aller chercher une nouvelle génération, il faut les amener à se confronter avec les meilleur(e)s sur des championnats avant. En mettant des minima aussi durs vous ne pouvez pas les former pour que les athlètes deviennent bons en championnat, qu’ils apprennent à courir en championnat. J’aurais plutôt élargi la possibilité de faire les minima cette année pour après durcir progressivement la règle en 2026, 2027 avant les Jeux. Ca va finir par se jouer au ranking sans certitude sur les règles appliquées. En mettant des minima aussi durs vous pouvez dégouter des générations et en plus cela complique les projets des athlètes beaucoup moins surs d’aller aux championnats vis-à-vis de leurs sponsors, c’est problématique.