Franchir les barrières, un défi de performance en ultra-trail

A l'heure du rendez-vous mondial de l’ultra-trail à Chamonix, le défi pour un certain nombre d’inscrits sera de terminer la course dans les temps impartis par l’organisation.
Pour cela, il va falloir franchir les fameuses barrières horaires dont la sanction est sans appel et parfois cruelle lorsqu’elle intervient en fin de course.

Pourquoi des barrières horaires ?

Les barrières horaires, on les connaît davantage sur le Tour de France qu’en course à pied.

Le point commun, c’est la formation d’un grupetto pour faire destin commun contre un sort peu enviable : l’élimination pour excès de lenteur.

 

Parfois, certains coureurs mis hors course poursuivent leurs efforts, mais cela sous leur entière responsabilité et sans bénéficier du support de l’organisation (sécurité, ravitaillement, classement…).

Pourquoi des barrières horaires alors que les conditions d’accès à l’inscription sont déjà conditionnées par un niveau minimal de performance ?

Et bien tout simplement parce que le jour J, certains participants n’ont pas la condition physique adéquate pour réaliser l’épreuve dans des chronos raisonnables.

Même si l’organisation aimerait laisser à chacun le temps d’accomplir son ultra, les bénévoles ne peuvent rester en place un temps indéfini, et particulièrement sur la deuxième partie de course.

Sur certaines épreuves, mais ce n’est pas le cas à Chamonix, les coureurs hors délais sont orientés sur des parcours de repli afin de pouvoir franchir la ligne d’arrivée comme les autres. Cela n’est bien entendu pas possible de partout.

 

 

Comment sont calculées les barrières horaires ?

Les barrières horaires sont calculées au plus juste en fonction de la distance et du dénivelé, et du temps total accordé pour l’épreuve. Elles peuvent être ajustées parfois en fonction des conditions météos. Elles tiennent compte des arrêts pour les ravitaillements et le repos.

Pour être autorisés à poursuivre l’épreuve, les concurrents doivent repartir du poste de contrôle avant l’heure limite fixée et ce, quelle que soit l’heure à laquelle ils sont arrivés au poste de contrôle.

 

Voici tout d’abord les temps limites accordés pour chaque course de l’Ultra trail du Mont Blanc (Petite Trotte à Léon et Courses jeunes (YCC) mises à part) :

  • L’UTMB®: environ 171 km et 10 000 mètres de dénivelé positif, en 46:30 heures maximum, soit une moyenne minimale de 3.67 km/h
  • La CCC®: environ 101 km et 6 100 mètres de dénivelé positif, en 26:30 heures maximum, soit une moyenne minimale de 3.81 km/h
  • La TDS®: environ 145 km et 9 100 mètres de dénivelé positif, en 44:00 heures maximum, soit une moyenne minimale de 3.3 km/h
  • L’OCC: environ 56 km et 3 500 mètres de dénivelé positif, en 14:30 heures maximum, soit une moyenne minimale de 3.86 km/h
  • La MCC: environ 40 km et 2300 mètres de dénivelé positif, en 10 heures maximum, soit une moyenne minimale de 4 km/h

 

Comme vous l’avez compris, le calcul du temps limite ne tient pas seulement compte de la distance mais aussi du dénivelé, et donc du ratio dénivelé/distance. La technicité peut également compter.

C’est pour cela que la moyenne horaire exigible la plus faible est celle de la Trace des Ducs de Savoie, course réputée comme étant la plus difficile de la semaine.

 

Ensuite, le calcul des barrières horaires tient compte de la progression différentielle des coureurs, la première partie de course étant toujours plus rapide que la deuxième partie. Toutes les informations relatives à ces barrières se trouvent dans le guide du coureur sur le site de l’UTMB®.

 

Image1Source : https://utmbmontblanc.com/fr

 

Sur la course phare de 170 km, la première barrière se situe à Saint-Gervais après seulement 21 km de course et une seule difficulté. Elle est sensée arrêter les coureurs blessés ou hors de forme pour lesquels il est préférable d’arrêter, même si bien entendu il s’agit toujours d’un déchirement.

14 barrières horaires peuvent stopper les participants en tout point de l’épreuve, et quand bien même ils parviendraient à toutes les franchir, ils peuvent encore être mis hors course s’ils ne parviennent pas à temps sur la ligne d’arrivée.

 

 

La barrière-motivation pour la queue de course

Chaque année, certains participants utilisent les barrières horaires comme points de repère et de motivation. Le but est de conserver une petite marge pour ne pas risquer la disqualification. Pour cela, il faut calculer le temps imparti sur chaque portion de course.

Par exemple, de La Balme aux Chapieux, il faut couvrir les 11 km passant par le col du Bonhomme en moins de 3h15. Sur le papier, cela paraît très facile mais il ne faut pas oublier que cela se passe de nuit après 40 km de course, et qu’il faut grimper ~700 mètres de dénivelé positif pour redescendre près de 800 mètres.

Pour certains, il faudra regarder la montre pour ne pas repartir des Chapieux après 5h15 du matin. Selon ses points forts et faibles, on peut être mis en difficulté sur certaines portions et moins dans d’autres.

Comme pour les élites, on comprend l’importance de la reconnaissance du parcours. En 4 étapes par exemple, soit 40 à 50 km par jour, on se fait une bonne représentation de la difficulté de l’épreuve et des moyennes horaires que l’on pourra raisonnablement tenir le jour J.

Les barrières horaires sont nécessaires pour protéger les coureurs et limiter le temps de l’épreuve pour l’organisation et la sécurité. Il faut donc les considérer avec bienveillance même quand elles se dressent devant soi. En s’inscrivant à une épreuve, on en accepte le règlement même si la mise hors course est parfois difficile à vivre. C’est une expérience qui rendra nécessairement l’athlète plus fort.

Pour ceux dont l’objectif sera justement de franchir les barrières une à une, concentrez-vous bien sur les facteurs techniques et stratégiques qui vous permettront de réussir, au-delà des facteurs cardiovasculaires et musculaires pour lesquels nous ne sommes pas tous égaux, loin s’en faut !

 

Bon courage et RV du côté de Chamonix ou ailleurs pour les semaines les plus riches en ultra trail du calendrier !

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